vendredi 4 juillet 2008

Le secteur financier belge est en crise

Les titres des banques Fortis, Dexia, ING et aujourd'hui KBC ont accusé cette semaine des valeurs bancaires en chute de 4 à 8% à la Bourse de Bruxelles, faisant chuter l'indice BEL20, avant de se reprendre quelque peu. Sur les autres places, les indices boursiers sont également à la baisse, y compris le DJIA.
Mais le problème n'est pas nouveau. Au cours de l'année écoulée (par rapport à 1Q07), l'évolution des bénéfices nets de ces quatre banques a été de -19% pour ING, -31% pour Fortis, -44% pour KBC et atteint même -60% pour Dexia ! Plusieurs raisons expliquent la chute de leur titre.
Il y a tout d'abord le climat incertain qui plane sur les marchés financiers. En effet, Fortis et Dexia sont deux groupes de bancassureurs qui ont été affectés par l'annonce faite par la banque d'investissement new-yorkaise Lehman Brothers de résultats très décevants qui ont fortements déçus les investisseurs, qu'ils soient brokers ou particuliers. Peu après cette annonce, les cours de Bourse des banques ont chuté de plusieurs points en début de semaine.
Si cela ne suffisait pas, Ben Bernanke, le patron de la Réserve Fédérale américaine annonça lundi des risques d'inflation. Mais se voulant confiant, il annonça que la Fed ne se laisserait pas emportée par cette vague et qu'il était possible qu'elle augmente son taux d'escompte pour limiter l'inflation. Evidemment, une telle annonce est toujours défavorable aux yeux des industriels comme du grand public qui voient leur possibilité de crédit ou leur pouvoir d'achat se réduire du fait de l'augmentation du loyer de l'argent.
En effet, si on vous dit demain que votre crédit sera plus cher, vous n'investirez plus et si vous n'avez pas d'argent, vous réduirez vos dépenses. Cette arme est donc à double tranchant et doit être utilisée avec sagesse et toujours comme ultime recours.
Fortis
Ensuite, en Belgique du moins, des rumeurs courent selon lesquelles Fortis réaliserait éventuellement une augmentation de capital au second semestre 2008. Selon l'agence Reuters, Fortis a besoin de capitaux frais pour consolider un bilan dégradé par la crise des subprimes. Elle doit en outre financer la reprise du néerlandaises d'ABN Amro.
Selon Reuters, la Fortis a déjà provisionné 380 millions d'euros pour se prémunir contre l'effet des subprimes et a également procédé à deux émissions obligataires, de 650 et 750 millions de dollars pour réalimenter sa trésorerie.
Enfin, la banque d'investissement Merrill Lynch ne recommande pas le titre Fortis qui est passé du statut de "achat" à "neutre", ce qui n'a fait que refroidir un peu plus les investisseurs potentiels.
Dexia
Quant à Dexia, sa filiale américaine FSA a augmenté ses parts de marché du fait de sa qualité de AAA mais cela risque de se solder par des prises de risques sur les marchés hypothécaires. Ainsi, selon un analyste d'Exane, si FSA continue de subir la détérioration du secteur immobilier américain, une augmentation de capital est possible chez Dexia.
De plus Dexia a vu ses fonds propres comptables chuter de 5 milliards d'euros au cours des trois premiers mois de l'année à 9.5 milliards d'euros. Elle n'a pas d'autre choix que de réduire la valeur sur son portefeuille d'obligation.
Devant tous ces risques, Exane a fait passer le titre Dexia de "outperform" à "underperform".
ING et KBC
Puis il y a ING dont les fonds propres ont chuté de plus de 15 % au cours des 3 premiers mois de cette année.
Pour maintenir la tension, la Dexia et KBC ont décidé de suspendre leurs rachats d'actions pour financer leur croissance organique.
Une réaction en chaîne
Mais comme le pensent de nombreux économistes, beaucoup d'autres établissements financiers seront certainement contraints de lever de nouveaux capitaux. Et comme tout le monde investit chez tout le monde, une réaction en chaîne dans tout le secteur financiere est prévisible. Evolution de l'indice DJIA de l'année écoulée au 5 juillet 2008.
La baisse du cours de ces titres bancaires s'explique aussi par des résultats largement inférieurs aux prévisions. Or à écouter les patrons de ces banques "la situation est sous contrôle", c'est à peine s'ils ne disent pas que tout va bien !
Mais ainsi qu'on le voit aux Etats-Unis, si les patrons des banques prédisent la fin de la crise, leurs économistes annoncent des chiffres de plus en plus pessimistes ! Et les économistes n'ont aucun intérêt à mentir au public !
Enfin, pour éviter que l'inflation ne s'envole vers des sommets catastrophiques pour tous, la Banque Centrale Européenne vient d'augmenté son taux d'escompte à 4.5%, suivant l'idée de la Fed américaine. La réponse des industries et du public ne pouvait qu'être négative. Mais entre deux maux, autant choisir le moins mauvais.
Le jeu consiste maintenant à exiger de ces banquiers peu scrupuleux qu'ils s'expliquent lors d'une Assemblée extraordinaire car ils nous cachent visiblement des opérations très risquées et se foutent des honnêtes gens qui ont placé tout leur argent auprès de leur banque.
Qu'en pense la banque pour laquelle je travaille ? Banque d'investissement, orientée fonds de placements, elle suit cela de loin mais a malgré tout été affectée du fait de ses participations dans la plupart de ces banques.
Que devez-vous faire de votre argent ? Tout bon cambiste vous dira qu'il est plus sain de l'investir dans des technologies propres ou des biotechnologies, voire dans l'or (le temps de la crise) ou l'immobilier. Qu'on se le dise.
Des perspectives incertaines
Les perspectives restent donc incertaines à moyen terme. Pour tous les économistes il n'y a qu'une recommandation : conserver vos titres ou n'achetez aucun titre du secteur financier durant au moins 6 mois.
Personnellement, je suis encore plus sceptique. Tous les indicateurs étant dans le rouge pour le secteur financier, il n'y a qu'un choix possible : vendre tout de suite avant que cela ne s'aggrave car même s'il y a un rebond, financièrement parlant je ne crois pas qu'il pourra se maintenir longtemps. Je préfèrerais me tromper, mais je vous conseille de vendre, quitte à racheter les titres d'ici quelques mois à bon prix. Mais ne tirons pas de plan sur la comète et rappelez-vous que les conseilleurs ne sont pas les payeurs !
Pour plus d'information consultez les résultats publiés par Fortis, KBC, Dexia et ING sur le site de Trends.be.

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