mardi 31 juillet 2007

Le radiotélescope d'Arecibo à court d'argent

Le plus grand radiotélescope fixe du monde, celui d'Arecibo sur l'île de Porto Rico, dont la parabole mesure 305 m de diamètre, est à court d'argent et pourrait fermer, a annoncé le magazine anglais A&G de la Royal Astronomical Society (RAS).
Gestion et financement
L'observatoire radioastronomique d'Arecibo, à Porto Rico. Document NAIC.
L'observatoire est géré par la National Ionospheric and Astronomy Center (NIAC) de l'Université de Cornell, aux États-Unis, et fonctionne grâce aux crédits de recherches accordés par la National Science Foundation américaine (NSF). Malheureusement, il faut s'attendre à ce que la NSF réduise sa participation de 25%. Il en résulterait la fermeture de l'observatoire après 2008, sauf si les administrateurs parviennent à trouver de nouvelles sources de financement. Ils devront peut-être faire appel à des sponsors privés voire au mécénat comme ce fut le cas pour d'autres projets de recherche (SETI, Biosphère 2, etc).
Les chercheurs de l'Université de Cornell et d'ailleurs ont manifesté leur désaccord en apprenant cette réduction budgétaire, considérant qu'ils n'ont pas été consultés et que la NSF n'a pas pris en compte le rôle du radiotélescope dans la traque des astéroïdes NEO, ceux frôlant la Terre, et potentiellement dangereux.
Cette fois-ci ce n'est pas le "syndrome Proxmire", nom du sénateur américain qui avait annulé les programmes de recherche SETI, mais un mal plus inattendu, celui de la pression du Grand argentier public qui risque de mettre en chômage technique la recherche radioastronomique.
Un rôle aux avant-postes de l'univers
L'antenne parabolique a été installée dans une cavité naturelle en 1960. L'observatoire fut inauguré en 1963. En 1974, sa surface fut corrigée et son radar planétaire fut remplacé. En 1997, l'installation a été remise à neuf et la surface de la parabole a été agrandie.
L'impact redouté d'un astéroïde. Document David Hardy.
Le radiotélescope d’Arecibo n'a jamais cessé de fonctionner. Il est opérationnel en permanence, 24h sur 24. Quelque 200 scientifiques y travaillent chaque année sur des projets de recherche, sans compter les étudiants qui utilisent l'infrastructure pour réaliser leur master ou leur doctorat. En complément, 140 personnes s'employent à assurer la maintenance et toute la logistique du site.
Arecibo permet d’étudier la haute atmosphère grâce au radar et au lidar, les émissions radioélectriques des planètes, les pulsars, le rayonnement des galaxies lointaines et des quasars notamment, mieux que tout autre instrument sur Terre.
En parallèle, il assure la veille SETI et piste les astéroïdes menaçant. Accessoirement, il permet d'envoyer des messages à l'intention d'éventuelles civilisations extraterrestres comme ce fut le cas en 1974, (Cf. cet article sur SETI) et de communiquer avec des radioamateurs par réflexion sur la Lune (trafic EME). Il sert enfin de décor à des films d'action comme les James Bond.
Pour plus d'information sur le risque d'impact des astéroïdes, consultez l'article sur les histoires d'impacts et le site NEO du centre JPL de la NASA.

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