mercredi 1 août 2007

Bush criminalise le mouvement anti-guerre en Irak

La guerre du Président George W. Bush, jr contre le terrorisme international n'est pas une adaptation de "L'Empire contre-attaque" après les attentats du 11 septembre 2001, mais, à juger par sa politique, plutôt une version originale de très mauvais goût que l'on peut intituler "L'Empire contre l'Irak" !
En effet, alors que les journalistes du "New York Times" tirent à boulets rouges sur la vision totalement irréaliste de l'action du Président Bush en Irak, supportant ainsi les 65% d'Américains qui s'opposent aujourd'hui à sa politique, par un décret présidentiel édicté le 17 juillet 2007, le Président Bush a révoqué d'un trait de plume le droit de contester et de s'opposer à l'agenda militaire du Pentagone en Irak.
Le décret intitulé "Blocking Property of Certain Persons Who Threaten Stabilization Efforts in Iraq" (bloquer les biens de certaines personnes qui menacent les efforts de stabilisation en Irak) fournit au Président George W. Bush, Jr, l'autorité pour confisquer les avoirs de "certaines personnes" qui s'opposent à la guerre menée par les Etats-Unis en Irak.
"J'ai édicté un décret bloquant les biens de personnes dont il a été déterminé qu'elles ont commis, ou présentent un risque sérieux de commettre un acte ou des actes de violence ayant pour but ou effet de menacer la paix ou la stabilité de l'Irak ou du gouvernement de l'Irak ou de saper les efforts en vue de promouvoir la reconstruction économique et la réforme politique en Irak ou de fournir une aide humanitaire au peuple irakien.", a déclare le Président Bush. En substance, selon ce décret, s'opposer à la guerre devient un acte illégal.
Interprétation
En effet, le décret criminalise le mouvement anti-guerre. Il vise à geler les avoirs des citoyens américains et des organisations activement impliquées dans le mouvement pour la paix. Il autorise le Département de la Défense à interférer dans des affaires financières et donne instruction au Trésor Public de "bloquer les biens" et/ou de confisquer/geler les avoirs de "certaines personnes" impliquées dans des activités anti-guerre. Il cible ces "certaines personnes" en Amérique, y compris des organisations de la société civile qui s'opposent au programme de "paix et stabilité" de l'Administration Bush en Irak, caractérisé en bon français par une occupation illégale et le meurtre continu d'innocents civils.
Le décret vise aussi ces "certaines personnes" qui "sapent les efforts pour promouvoir la reconstruction économique", ou qui sont opposées à la confiscation et à la privatisation des ressources pétrolières de l'Irak, pour le compte des géants pétroliers anglo-américains. Le décret vise également toute personne qui s'oppose au programme de Bush de "réforme politique en Irak", en d'autres mots, qui met en doute la légitimité du "gouvernement" irakien installé par les forces d'occupation.
La conférence de presse du Président George W. Bush avec le premier ministre d’Irak Kamal al-Maliki, le 30 novembre 2006. Ses propos seront très critiqués par le New York Time dès le lendemain, jugeant la vision de M.Bush totalement irréaliste.De plus, ces personnes ou organisations non gouvernementales (ONG) qui fournissent gratuitement une aide humanitaire aux civils irakiens et qui ne sont pas approuvées par l'armée américaine et ses sous-fifres dans le gouvernement officieux irakien patronné par les Etat-Unis risquent également de voir leurs avoirs financiers confisqués.
Le décret viole les Premier, Quatrième et Cinquième Amendements de la Constitution américaine. Il révoque l'un des principes fondamentaux de la démocratie américaine, qui est le droit à la liberté d'expression et à contester. L'ordre n'a pas fait l'objet d'une discussion au Congrès.
Jusqu'à présent, le mouvement anti-guerre américain n’a pas pris formellement et publiquement position sur ce décret. Mis à part une dépêche de l'agence Associated Press qui présente à sa manière le décret comme "l'autorisation de recourir à des sanctions financières" (sic), il n'y a eu aucune couverture médiatique ou commentaire de la décision présidentielle qui s’en prend au cœur même de la Constitution des Etats-Unis.
On peut parler de criminalisation de l'État dès lors qu'un président et un vice-président en exercice usent et abusent de leur autorité par le biais de décrets, de directives présidentielles ou par d’autres moyens pour définir qui sont les criminels quand en fait ce sont eux qui sont les criminels. Ce décret criminalise le mouvement pour la paix. Il doit être mis en relation avec différentes parties de législation anti-terroriste, toute la gamme de directives présidentielles et sécuritaires, etc, qui visent en dernière analyse à abroger le gouvernement institutionnel et à instcoaller la loi martiale en cas d' "urgence nationale".
Le Président Bush face aux journalistes.
Les criminels de guerre en haut lieu ont l'intention de réprimer toutes les formes de contestation qui mettent en question la légitimité de la guerre en Irak.
Déjà en mai 2007, le Président Bush a promulgué une importante directive présidentielle de Sécurité Nationale (National Security and Homeland Security Presidential Directive NSPD 51/HSPD 20), qui suspendrait le gouvernement constitutionnel et installerait des pouvoirs dictatoriaux étendus.
La NSPD 51 accorde des pouvoirs sans précédent à la Présidence et au Département de la Sécurité Intérieure, annulant le gouvernement constitutionnel. Elle autorise le Président en exercice à déclarer une "urgence nationale" sans l'approbation du Congrès. L'application de la NSPD 51 conduirait à la fermeture de facto de la législature (Congrès et Sénat) et à la militarisation de la justice et de l'application de la loi martiale dans le cas d'une "urgence catastrophique" (par ex. un deuxième attentat du type 11 septembre 2001).
Tout en contournant la Constitution, la NSPD 51 envisage néanmoins des procédures très précises garantissant les pouvoirs du vice-Président Dick Cheney en relation avec les fonctions visant à assurer la "continuité du gouvernement" sous la loi martiale.
Critiques
Signe de la mauvaise humeur des citoyens américains et de leurs représentants, plus de 600 vidéos ont été publiées sur YouTube, exigeant la mise en accusation du Président Bush pour atteinte à la Constitution. Ces vidéos reprennent des interviews télévisées, des conférences de presse et les comptes-rendus de manifestations organisées par des associations civiles mais également d'anciens généraux de l'armée et des sénateurs.
Voici un vidéo diffusée par MSNBC où Bruce Fein, l'avocat constitutionnel américain et ancien Garde des Sceaux (General Attorney) du Président Reagan en parle et préconise "l’impeachment" (la mise en accusation) du Président Bush pour atteinte à la Constitution et mélange des pouvoirs :

Et voici comment l'Administration Bush censure la télévision lorsqu'un intervenant sur la chaîne C-span essaye d’en parler (tout à la fin du reportage... Sorry...) :

Question : pourquoi les dirigeants européens, qui sont tous membres de l'ONU, n'en parlent pas ? Pourquoi la presse occidentale reste muette sur cette affaire ?

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