lundi 17 septembre 2007

Rudy Aernoudt, une vérité qui dérange les Flamands

Le gouvernement Flamand a licencié Rudy Aernoudt, le secrétaire-général du département Economie, Science et Innovation, pour faute grave, à savoir son franc-parler. "Le gouvernement flamand a décidé collégialement, le 14 septembre, de mettre fin immédiatement au contrat qui le lie avec Rudy Aernoudt, secrétaire-général du département EWI". Le communiqué fut publié le 16 septembre 2007 en fin de journée.
Rudy Aernoudt.L'exécutif a invoqué, de façon laconique, des "faits qui se sont produits [et qui] ont rendu toute collaboration professionnelle future impossible", précise le communiqué du gouvernement Flamand.
M. Rudy Aernoudt a été chef de cabinet de la ministre Fientje Moerman (VLD) et chef de cabinet adjoint de l'ancien ministre wallon de l'Economie, Serge Kubla (MR).
Il est surtout connu pour ses prises de position dans le débat communautaire belge. Ce dimanche encore, dans l'émission Controverse sur RTL-TVI, lorsque les Flamingants ont invoqué la corruption en Wallonie, Aernoudt n'hésita pas à leur rappeler que la corruption régnait aussi en Flandre.
Il va sans dire que ce licenciement est tout à fait abusif dans la mesure où M.Aernoudt n'a fait qu'exprimer son opinion comme chacun est en droit de le faire dans un Etat de Droits, mettant en évidence le mauvais fonctionnement du gouvernement Flamand. M.Aernoudt envisage évidemment une action en justice.
Mais cette fois, le gouvernement Flamand qui, bien que démocrate est à tendance séparatiste, n'a pas apprécié cet électron libre discutant des faiblesses de la Flandre sur un plateau de télévision francophone.
Démettre de ses fonctions un brillant politologue pour son franc-parler, me rappelle les manoeuvres d'intimidation de l'Allemagne d'Hitler en 1933 voire celles de certains employeurs peu scrupuleux d'aujourd'hui, notamment dans les sociétés de services.
Qu'une personne soit écartée pour son opinion contraire à l'orientation du parti ou pour corruption, ce serait compréhensible, mais s'il ne fait qu'exprimer une vérité, ne vaudrait-il pas mieux tenir compte de ses observations ?
Ah, évidemment M.Aernoudt n'est pas protégé par des "privilèges". Bien que secrétaire-général, il ne dirige qu'un département, certes important, mais il n'est pas sénateur ni même un chef d'un parti, il a donc juste le droit de se taire et de travailler, sous-entend sans doute le gouvernement Flamand ! En fait, dans leur esprit, M.Aernoudt n'est pas assez Flamand...
Ceci démontre que le gouvernement Flamand n'est pas objectif ni droit dans ses bottes mais pire que cela, que dans la vie professionnelle, toute vérité n'est pas bonne à dire. C'est valable tant dans le secteur public que privé, y compris dans le monde de la recherche scientifique.
C'est certainement aussi l'une des raisons, parmi beaucoup d'autres, pour lesquels les employeurs engagent plus facilement des "juniors", les jeunes n'ayant pas souvent le courage de critiquer la politique de leurs supérieurs. Qu'on apprécie ou pas, c'est une réalité et il faut s'y plier ou quitter votre employeur, au risque d'être licencié comme dans le cas présent, si vous ne vous "soumettez" pas à son point de vue et à ses règles.
A propos de son livre
M. Rudy Aernoudt est également l'auteur d'un essai intitulé "Vlaanderen, Wallonië - je t'aime moi non plus" édité aux éditions Roularta Books (18 €), déjà vendu à 20000 exemplaires, et considéré comme une réponse au manifeste du Warande dans lequel des personnalités académiques et économiques flamandes plaident pour une Flandre autonome au sein de l'Europe. Que dit ce livre ?
"Trois euros par jour" : voilà ce que chaque flamand paie pour ses pairs wallons. "Honte !", clament certains Flamands, plaidant, Manifeste à l'appui, pour une scission sans délai du Royaume. "Marque de solidarité", avancent d'autres, tout en exigeant plus de transparence. "Juste retour", rétorquent les Wallons, en rappelant qu'il fut un temps où les Wallons payaient pour les Flamands.
C'est avec franc-parler que l'auteur nous livre sa vision sur les relations entre la Wallonie et la Flandre, et l'avenir de la Belgique. Il aborde, non sans humour, des thèmes délicats tels que les transferts financiers, la régionalisation des négociations salariales, l'inefficacité et la corruption de l'appareil public ainsi que l'omnipotence du parti socialiste.
Rudy Aernoudt est flamand, mais il connaît cependant bien la Wallonie, qui fut sa terre d'accueil alors qu'il était chef de cabinet adjoint du ministre wallon de l'économie. Refusant tout dogmatisme, son discours se base sur une analyse rigoureuse des réalités politico-économiques des deux Régions.

1 commentaire :

  1. Félicitations pour votre article qui décrit parfaitement un personnage brillant et sympathique. La situation à laquelle il est confronté est regrettable, pitoyable. Il s'agit d'un avertissement pour la population belge. La liberté d'opinion n'est pas de mise quand elle dérange certains clubs d'individus limités aux agendas mesquins que nous espérions d’une époque révolue. Les réactionnaires malsains qui ont sanctionné Rudy Aernoudt nous invitent à réfléchir, à communiquer et réagir à l’encontre de la médiocrité et de l’étroitesse d’esprit d’un club de « snuls » qui voudraient probablement gérer la Belgique comme certains l’avaient déjà imaginé il y a 67 ans. Encourageons Mr R Aernoudt pour son franc parler et faisons en sorte que ses détracteurs passent aux oubliettes.

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