Selon les derniers sondages (RCP), Barack Obama serait le 44eme président des Etats-Unis, devançant son rival John McCain de 6 points avec plus de 50% des voix.
Vrai ou faux, si Obama remporte les suffrages, passant pour un réformateur et un démocrate convaincu, certains indices laissent à penser qu'il est plutôt conservateur et n'est pas si démocrate que cela, au point qu'il serait occasionnellement prêt à embrasser le point de vue des Républicains sur bien des sujets. Mais voudront-ils de lui comme chef d'Etat ? Rien n'est moins sûr.
Le profil méconnu d'Obama
En effet, Barack Obama est un avocat issu d'une famille aisée, il est de gauche mais libéral à tendance oligarchique; Obama veut renforcer le pouvoir central et nationaliser les banques.
Né à Hawaii d'un père musulman et d'une mère chrétienne, Obama est élevé sans religion mais adhéra au protestantisme. De ce fait, il est en faveur de l'avortement et ne s'oppose à aucune religion ou philosophie, il n'est même pas contre les idées pseudoscientifiques et sectaires des Créationnistes.
Autre anachronisme, Obama n'est pas réellement pacifique, supportant la guerre en Afghanistan contre les Talibans.
S'il peut comprendre mieux que J.McCain la ségrégation dont font l'objet les minorités et les Afro-Américains, le fait qu'il soit culturellement très différent de l'Américain moyen n'est pas au goût de tout le monde.
Une Amérique à moitié raciste
Il ne faut pas oublier que jusqu'en 1865, du temps d'Abraham Lincoln, tout le Sud (15 Etats sur 31) était esclavagiste. En 1963, il y a à peine 50 ans, Marthin Luther King fut assassiné parce qu'il revendiquait l'émancipation des Noirs et des minorités. En 2007 encore, la tribu indienne Cherokee qui vit en Oklahoma vota à 77% des suffrages une loi de purification raciale leur permettant d'exclure de leur nation les descendants d'esclaves Noirs qui vivaient encore sur ses terres.
Aujourd'hui, la majorité des Républicains n'accepteraient jamais un Noir ou un métisse à la présidence de leur pays. Même certains Démocrates se demandent si Barack Hussein Obama ne va pas tous les convertir à l'Islam et liquider les actions qu'ils ont en bourse... Du coup, certains Démocrates voteront également Républicains !
Si ces points de vues primaires sont loin d'être partagés par les intellectuels et les habitants des mégapoles, il reflète malheureusement le point de vue de l'Amérique profonde qui tire avant de discuter et est bien décidée à laisser le pouvoir entre les mains des Blancs.
De part son action, Obama sait déjà qu'il est dans la ligne de mire des membres des milices d'extrême-droite (dont McCain fut membre soit dit en passant).
Enfin, sur les plans sociaux et économiques, il n'est pas du tout garanti qu'Obama parviendra à imposer sa politique concernant l'assurance santé et les impôts.
Près de la moitié des Américains ne se retrouvant pas dans le programme ni dans la culture ou la race d'Obama, ce sont autant de voix franches ou indécises qui iront appuyer son rival.
La vision du monde d'Obama
Avec une génération d'écart, McCain a connu la guerre du Vietnam à une époque où Obama courait encore en culottes courtes en l'Indonésie et Hawaii.
McCain est carré et binaire, foncièrement raciste, peu féru d'économie et de géopolitique, voyant par exemple à tord un lien entre l'Iran et Al-Qaida et ne voyant que le terrorisme traditionnel là il est aujourd'hui surnois et diffus.
Cette mentalité dépassée est à l'opposé de la vision du monde d'Obama et on ne peut pas imaginer que les Etats-Unis et leur image à l'étranger seront meilleurs si McCain accède au pouvoir suprême.
Une majorité d'électeurs jugent que la jeunesse d'Obama (47 ans contre 72 ans pour McCain lors que l'un ou l'autre entrera à la Maison Blanche) et la défense des droits démocratiques valent bien tous les sacrifices. Leur différence d'âge et leur différente vision du monde plaident aussi en faveur d'Obama.
Aussi, si Obama remporte les élections US le 4 novembre prochain, ce sera réellement un tournant dans l'histoire des Etats-Unis : grâce à ses dons d'orateur, sa jeunesse, sa mentalité et sa force de conviction, un Afro-Américain aura réussi là où les Blancs ont échoué.
Quoiqu'il en soit, on parle déjà d'une participation record qui devrait dépasser 60% alors qu'en général à peine 40% des personnes en âge de voter participent aux élections.
Pour plus d'information, John R. MacArthur, journaliste et président du "Harper's Magazine", auteur du livre "Une caste américaine: Les élections aux États-Unis expliquées aux Français" a publié sur le site "Le Devoir", un intéressant article intitulé "Qui est le vrai Obama ?" dans lequel il dresse un portrait assez méconnu du candidat américain.
A propos des élections US : Le changement
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