dimanche 5 avril 2009

La crise touche aussi le Luxembourg

Comme les autres pays européens, le Luxembourg est touché par la récession, et de manière plus forte que l'estimation faite par le Statec il y a quelques mois, estimant la baisse de croissance à 1.8% alors qu'elle était supérieure ailleurs en Europe.
La population luxembourgeoise et les frontaliers qui étaient jusqu'ici un peu épargnés par la crise, devront déchanter.
En effet, selon les derniers chiffres du FMI, le PIB du Luxembourg devrait subir une chute proche de 3.8%, soit plus forte que la moyenne des pays de la zone euro estimée à moins de 3.2%. "Ce sera certainement une première mais, en 2009, le Luxembourg aura un taux de croissance proche de celui du reste de la zone euro", a déclaré Jürgen Odenius, chef de la mission économique du FMI. Et de poursuivre, "La reprise est prévue pour le milieu de l'année 2010, mais la croissance annuelle devrait continuer à stagner". Selon Jürgen Odenius, la reprise n'est pas attendue avant... 2011 !
Des effets concrets
Après la vague déferlante de la crise financière qui toucha l'Europe fin 2008, des signes avant-coureurs laissaient à penser que la place financière de Luxembourg serait peu touchée par la crise.
Mais au fil des mois, les financiers comme les économistes ont dû se rendre à l'évidence : le Luxembourg accuse aussi la crise et affiche tous les symptômes d'une économie en berne.
Même si le pays est peu peuplé, son PIB est lié au système économique européen et à la finance mondiale; il n'y a donc aucune raison que ce pays soit épargné.
Depuis la crise, le chômage a atteint un sommet historique : 5.6% de la population luxembourgeoise en âge de travail est sans emploi. Cela représente un bond de 27.7% en un an ! Notons que la moyenne européenne est d'environ 7% (et même supérieure à 8% en France).
Une crise majeure
Au Luxembourg, aucun secteur n'a été épargné par la crise qui toucha autant la PME que la filiale d'une holding multinationale.
Le secteur automobile fut le premier touché par la crise. Les commerciaux ont vu du jour au lendemain leur carnets de commandes fondre comme neige au soleil, la majorité des clients potentiels postposant le remplacement de leur voiture.
Ensuite la crise toucha le secteur de la construction. De nombreux projets ont été annulés ou ont été repoussés. Par effet domino, le secteur de l'immobilier a subit une baisse de 5 à 20%.
Puis ce fut le tour du secteur bancaire de subir la crise. Après une chute du bénéfice net de 7.7% et de 5.8% sur les commissions en 2008, les banquiers s'attendent à des chiffres encore plus alarmants en 2009.
Aussi, en prévision de cette chute des bénéfices, la plupart sinon toutes les banques de dépôts ou d'affaires ont gelé leurs offres d'emplois quand elles n'ont pas licencié du personnel. Dans la foulée, les bonus accordés aux employés suite aux évaluations annuelles ont été revus à la baisse.
Certains patrons aimeraient même bloquer les augmentations de salaire liées à l'index.
Les Luxembourgeois doivent donc se rendre à l'évidence : des nuages sombres se profilent à l'horizon.
Une crise qui touche la Grande région
En conséquence, la crise financière est devenue socio-économique et touche avant tout les travailleurs frontaliers, belges, français et allemands, et donc toute la Grande région.
D'un taux de chômage faible (moins de 4% jusqu'en 2008) et principalement structurel, le Luxembourg accuse aujourd'hui un chômage important et sans doute durable car structurel.
Ainsi depuis décembre 2008, environ 1000 travailleurs frontaliers belges ont été licenciés et viennent allonger la liste des demandeurs d'emplois de l'ONEM.
Au total, début avril 2009, toutes nationalités confondues, ce sont quelque 10400 travailleurs frontaliers supplémentaires qui sont confrontés au chômage économique.
Au total, dans la province du Luxembourg (B), un habitant actif sur trois travaille au Grand Duché de Luxembourg. C'est dire combien la crise peut avoir d'impact dans la Grande région.
Des temps difficiles pour les chômeurs frontaliers
Comparé au chômeur résident luxembourgeois, l'avenir des chômeurs frontaliers est sombre et difficile.
La Belgique par exemple n'offre aucun complément à l'indemnité de chômage et les aides à l'emploi sont anecdotiques.
Ainsi, un employé de banque frontalier célibataire licencié se retrouve du jour au lendemain avec un revenu qui passe de 3000 ou 5000 € net s'il a de l'expérience à un peu plus de 800 € net. Ce chômeur frontalier belge passe sous un régime fiscal très défavorable, avec 45% de taxes contre à peine 30% maximum au Luxembourg.
Le travailleur frontalier français comme le résidant luxembourgeois mis au chômage se trouvent dans une situation financière un peu plus confortable.
En effet, durant un an, le Luxembourg lui versera 80% de la moyenne de ses trois derniers salaires, mais dès la deuxième année de chômage il ne bénéficiera plus que du minimum vital garanti, le RMG au Luxembourg et le SMIC en France.
Si cette indemnité est supérieure au Luxembourg que partout ailleurs, dans les faits elle est proportionnelle au niveau de vie dans le pays (et notamment au prix très élevé des loyers et des services en général).
Seul problème, contrairement à la Belgique, une fois que le chômeur résident au Luxembourg touche le RMG - donc dès la 2eme année de chômage - il ne cotise plus pour sa pension. Il a donc tout intérêt à retrouver rapidement un emploi. Mais c'est plus facile à dire qu'à faire.
Car quand on consulte les chiffres de l'ADEM, on constate qu'environ 30% des demandeurs d'emploi sont au chômage depuis plus d'un an (ils sont 60% dans ce cas en Belgique).
Bonne nouvelle si l'on peut dire, l'ADEM va de nouveau subir un lifting et son organisation sera modifiée pour mieux répondre à la crise.
L'avantage de vivre au Luxembourg
Contrairement aux pays limitrophes, être résident luxembourgeois au chômage présente des avantages.
D'abord, le demandeur d'emploi bénéficie d'un abonnement gratuit pour les transports en commun (train, bus) et d'une prime pour le chauffage. L'un dans l'autre l'avantage financier s'élève à plus de 1000 € chaque année, c'est loin d'être négligeable.
Le chômeur luxembourgeois bénéficie également des ressources du Centre National (ou Régional) d'Aide Sociale (qui dépend du Ministère qui le paye au terme de la première année de chômage) dont le but est notamment de réinsérer au plus tôt les chômeurs de longue durée dans le circuit du travail.
Le CNAS (ou CRAS) va rechercher des employeurs et leur proposer d'engager leur protégé (ne fut-ce que quelques mois), le salaire étant pris en charge par le Ministère.
Si ça paye juste 10% de plus que le chômage pour un emploi qualifié, cette personne mise au travail cotise au moins pour sa pension et retrouve le moral en travaillant à temps plein. De plus, bien souvent, elle retrouve un CDI grâce à cette première réinsertion.
Le Luxembourg propose également des aides à l'emploi dont peut bénéficier l'employeur, aides financières ciblées en fonction de l'âge du candidat. Peu d'employeurs sont au courant de ces aides publiques.
Gardez le moral
Si une personne reste longtemps sans emploi ou ne trouve que des emplois précaires, la perte de revenu et les éventuels crédits en cours auront vite fait d'épuiser ses maigres économies. A terme, cette situation affectera son moral et, au pire, sa situation familiale.
La situation économique actuelle est difficile et on ne peut que souhaiter bonne chance - car il en faut aussi - à tous ceux et celles qui recherchent un emploi.
Trois conseils pour terminer : ne comptez que sur vous, sachez que l'avenir sourit toujours aux audacieux et démarquez-vous.
Formez-vous
En tant que demandeur d'emploi, vous avez du temps libre. Profitez-en pour compléter votre formation, que ce soit en langue ou sur le plan technique voire les deux. Ce sera un atout supplémentaire sur votre CV.
Inscrivez-vous par exemple à une formation diplomante ou certifiée (cours du jour ou du soir) organisée par le ministère, la commune, la chambre de commerce ou une école supérieure. Vous pouvez également vous inscrire comme élève libre dans une Haute Ecole ou une université, nationale ou étrangère.
En autodidacte, vous pouvez aussi passer une certification, certaines étant très recherchées, notamment en IT, en audit, en finance, en gestion, en écologie, etc.
Seul inconvénient, les supports de cours et l'examen sont cher (de 150 à 500 € et même jusqu'à 4000 € dans des domaines pointus) mais si vous avez la volonté de réussir, l'investissement peut être rentable.
Sortir du lot
Outre la formation, comment se faire remarquer dans la foule des candidats et avoir une chance d'avoir un entretien d'embauche ?
En plus d'envoyer votre CV par e-mail, faxez-le à l'employeur. Ainsi au lieu de devoir lire en diagonale des dizaines d'e-mails pour trouver le bon profil, l'employeur aura votre CV directement à sa disposition, sur papier.
Autre suggestion surtout valable pour les petites PME, contactez par téléphone l'employeur à qui vous avez envoyé votre CV quelques jours auparavant.
En effet, il n'a peut-être pas le temps de répondre à ses e-mails avant plusieurs jours. En revanche, il pourra rapidement convenir d'un rendez-vous par téléphone.
L'avantage de ces deux formules, le fax et le téléphone, est d'une part que l'employeur vous répondra beaucoup plus vite et d'autre part il y a de fortes chances que votre CV soit lu en priorité, le téléphone offrant l'avantage supplémentaire de pouvoir convenir rapidement d'un rendez-vous, parfois dans la journée.
Restez optimiste
Mais rassurez-vous, s'il y a crise il y a forcément une après-crise; après le passage des nuages sombres et des mesures d'austérités, ce sera le temps des éclaircies et des effets des mesures d'austérités. Quand ? Nul ne le sait. Dans 6 mois, dans 1 an, ...

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