mercredi 24 mars 2010

Luxembourg: fin de l'index et baisses salariales ?

Lors de la dernière réunion tripartite qui s'est tenue mercredi entre les syndicats du Grand Duché de Luxembourg et le patronat, ce dernier a fait différentes propositions afin de rétablir la situation économique du pays.
Les propositions du patronat
Les patrons ont proposé :
• la suspension de l'indexation des salaires et pensions pour une période de deux ans
• qu'il n'y ait pas d’adaptation du salaire minimum légal à l’évolution générale des salaires ( ce qui implique qu'il n'y aura pas non plus d'ajustement des retraites)
• une diminution des salaires qui seraient apparemment de 10 à 20% trop élevés par rapport à l’étranger
• une extension de la flexibilité du temps de travail (ce qui pourrait provoquer l'introduction de semaines de 56 heures dans le secteur du bâtiment)
• de ne pas augmenter la part patronale des cotisations sociales, ce qui signifie que les salariés et les pensionnées devront payer eux-mêmes leurs coûts de santé.
L'avis des syndicats
Par leurs exigences et leur arrogance, certains représentants du patronat ont véritablement exaspéré les syndicats qui sont d'ailleurs sortis de la réunion de mercredi en déclarant que les patrons avaient une pierre à la place du coeur !
"Il y a tellement de propositions concrètes sur la table pour aider les chômeurs, notamment une étude d'un système de contributions socialement plus équitables ou bien encore une analyse poussée des différents secteurs économiques pour créer de nouveaux emplois, que les positions des uns et des autres ne sont pas acceptables", a précisé Jean-Claude Reding de l'OGBL.
D'ailleurs, le syndicat appelle à une grève générale pour lutter contre le démantèlement social du modèle luxembourgeois. "Nous avons les moyens de mobiliser les salariés de ce pays, dans tous les secteurs de l'économie. Et je suis persuadé que dans le cas d'un blocage total lors de cette tripartite, l'ensemble des syndicats luxembourgeois s'associeront à notre mouvement" a encore expliqué l'OGBL. Rappelons que la dernière grève générale eut lieu en 1982.
Fonction publique
Même revue à la baisse dans la fonction publique : salaire d'entrée revu à la baisse, une durée plus longue avant d'être promu et mise en place d'évaluations.
Le syndicat de la CGFP dénonce ces propositions qui "ne présentent quasiment que des désavantages", ironise le syndicat de la fonction publique.
Des revendications inacceptables
Concernant le secteur privé, si nous étions le 1er avril, nous pourrions croire à cette plaisanterie caricaturale. Mais l'idée du patronat est bien réelle ! Elle est de très mauvais goût à une époque où la crise touche avant tout les plus démunis et la classe moyenne.
L'OGBL rappelle que "la crise ne doit pas servir de prétexte à un quelconque démantèlement social. Les salariés, les pensionnées et les bénéficiaires d'aides sociales n'ont pas causé cette crise et ne veulent pas payer la facture à deux reprises".
Ca suffit ! Les salariés ont déjà suffisamment payé la mauvaise gestion de certains grands patrons. Pour le patronat, la crise a bon dos pour faire passer toutes sortes de mesures anti-sociales. Comme d'habitude le patronat instrumentalise la crise, faisant pression sur des salariés démunis, aux pouvoirs très limités.
En tirant les leçons du passé, à travers de telles mesures, il est évident que le patronat cherche à s'enrichir sur le dos des salariés et des pensionnés.
Voyez les bénéfices engrangés par les grandes entreprises et notamment les banques en temps de crise. Ils n'ont jamais été aussi élevés !
Alors, dites-moi, de quoi veut-on discuter réellement dans ce dialogue de sourd ? Le patronat souhaite-t-il réellement sauver l'économie et donc notre argent de poche ? J'en doute. Renégocier à la baisse les conventions sectorielles et collectives de travail ? Certainement. Un patron pense d'abord à son portefeuille et donc à réduire sa masse salariale. Et c'est ici que les syndicats représentent une belle épine dans sa liberté d'action.
A travers ses revendications, on peut sérieusement se demander si le patronat n'est pas plutôt en train de chercher une excuse et un moyen de préserver les bénéfices qu'il a engrangé sur notre dos ? Qui cherche-t-on à enrichir et qui veut-on appauvrir ?
Une grève oui, mais par pour tous
L'OGBL a raison d'envisager une grève générale. De telles revendications patronales sont scandaleuses, anti-sociales et elles ne vont certainement pas relancer l'économie.
Seul bémol, il y a peu de chances que la grève soit fortement suivie dans le secteur bancaire (il y a plus de 150 banques au Luxembourg représentant des dizaines de milliers d'emplois) qui ne tolère pas ces attitudes.
De plus nous subissons encore la crise financière et économique et les salariés savent très bien qu'ils risquent leur place en se mettant leur direction à dos, même sous couvert du syndicat. Rappelons que le Luxembourg se situe à la 18e place sur les marchés financiers et qu'une grève générale sera toujours très mal vue par les maisons-mères situées outre-Atlantique ou en Asie.
Reste les voies légales. Les ministres du Travail, de la Famille et des Pensions vont-ils entendre la voix de la "base" et défendre les intérêts du peuple ? Affaire à suivre.
A propos des salaires au Luxembourg, consultez le Salairoscope sur le site des Frontaliers.lu.
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