Une explosion accidentelle est survenue le 27 avril 2010 sur la plate-forme pétrolière "Deepwater Horizon" de BP installée dans les eaux du Golfe du Mexique.
Sur 126 employés travaillant sur la plate-forme qui a sombré deux jours plus tard, 11 hommes sont portés disparus et présumés morts.
Comme sur toutes les plates-formes, il y avait bien une valve de sécurité, mais elle n'a pas fonctionné, si bien que des milliers de tonnes de pétrole se déversent dans la mer. En fait, on a appris que BP n'a pas assuré toutes les maintenances pour... des raisons financières !
Aucune technique n'a encore permis de fermer le puits situé à 1500 mètres de profondeur, comme il est impossible de replacer le bouchon d'une bouteille de champagne.
Les ingénieurs ont envisagé deux solutions. La plus commune consiste à créer un puits de dérivation en oblique et d'y couler des boues lourdes et du ciment afin de colmater le puits principal. Mais cette solution ne peut pas être mis en place avant plusieurs mois.
En attendant les ingénieurs vont essayer de placer un immense caisson de béton de 70 tonnes sur le puits.
Le "monstre" arrive
Aujourd'hui, 5 jours après l'accident, les premiers fragments de la nappe de pétrole que les Américains ont déjà surnommée le "monstre" ont atteint les premiers îlots de Louisiane et l'embouchure du Mississippi et menacent l'Alabama et la Floride.
Les plages ne sont pas encore touchées, la nappe étant encore entre 10 et 30 km des principales villes côtières. En fonction des vents et de l'efficacité ou non des barrages mis en place, la marée noire pourrait atteindre les plages et les marais dans une ou deux semaines... Mais actuellement personne ne veut penser à ce scénario catastrophe.
Chaque jour, 5000 barils de pétrole soit environ 800 000 litres de fuel s’écoulent dans la mer, couvrant une superficie d'environ 9000 km d'une matière brune, épaisse, huileuse et nauséabonde. Le taux de pétrole libéré par le puits pourrait s'affaiblir si du gaz est également libéré.
Une catastrophe écologique majeure
Une catastrophe écologique majeure
C'est la plus importante marée noire depuis l'accident de l'Exxon Valdez survenu en Alaska en 1989 et que nous devions déjà aux imprudences de BP ! Et cette nouvelle marée noire risque d'être plus dévastatrice encore car une fois qu'un tanker ou un pipeline est vide, la source de pollution est épuisée. Or, dans ce cas-ci, la bouche du puits étant béante et hors contrôle, le pétrole continuera à se déverser dans la mer aussi longtemps que la pression de la nappe le permettra ou que la fuite ne sera pas colmatée.
Rappelons que lorsque la plate-forme XTOC-1 explosa en 1979 dans le Golfe de Campeche, elle déversa du pétrole dans la mer durant 9 mois...
Sachant que le Golfe du Mexique et les marais du Sud fournissent 25% des Etats-Unis en fruits de mer, l'arrivée de cette marée noire s'annonce comme une catastrophe aux effets bien plus conséquents que n'importe quel ouragan ou inondation.
Depuis Katrina (2005) dont les habitants de Louisiane venaient juste de se remettre, c'est la plus grande catastrophe écologique qu'aient connus les Etats-Unis.
Vu l'ampleur de la marée noire et la stucture des sols, principalement constitués de marais de roseaux, si le fuel s'enfonce dans les marais on peut s'attendre à ce que beaucoup de sanctuaires de biodiversité soient détruits et ne s'en remettent pas avant plusieurs décennies.
Le président Obama a décrété cette marée noire "catastrophe nationale". La France et d'autres pays ont déjà proposé leur assistance.
Le parc naturel du lac Martin et les bayous
Pour mieux comprendre pourquoi les habitants de Louisiane se mobilisent contre cette marée noire, voici à quoi ressemblait les bayous, ces zones humides formées par les méandres du Mississippi, avant l'accident...
Cette marée noire tombe vraiment à la plus mauvaise époque, car c'est la période de nidification de tous les animaux et la saison des floraisons. Si la marée noire pénètre dans les bayous, les dégâts seront durables, à l'image de ce qu'on a observé en Alaska après la marée noire.
Le prix de la négligence
Si le pétrole représente encore une manne importante de revenus pour des dizaines de millions d'américains et si les accidents sont rares, lorsqu'ils se produisent leur impact environnemental est souvent catastrophique quand il ne ruine pas l'économie locale. Cet accident ne déroge pas à la règle.
Depuis ce weekend, les autorités ont fermé les zones de pêche. Alors que le chômage touche déjà durement cette région, tous les pêcheurs et les sociétés vivant du tourisme local s'attendent à être privés de revenus durant plusieurs saisons sinon plusieurs années.
Seule consolation, toute la population s'est mobilisée pour empêcher la nappe de pétrole d'atteindre les plages et les bayous. Mais le défi est titanesque car les zones marécageuses sont très étendues et inaccessibles par la route. Les nettoyer serait impossible.
Les pêcheurs qui aident BP et le gouvernement à placer des digues flottantes et à récupérer le pétrole reçoivent 150$ par jour mais un bruit court que sur le contrat de travail qu'ils ont signé avec BP il est fait mention qu'ils ne pourront pas porter plainte ensuite. Les avocats certains des employés ont déjà dit qu'ils n'acceptent pas cette clause jugée abusive. On en reparlera...
Ceci dit, dans le sud de la Louisiane tout le monde est concerné par le pétrole et l'horizon est rempli de raffineries. Il serait mal apprécié que la population se retourne à présent vers son principal employeur et bailleur de fonds.
Il n'empêche que le principe "pollueur-payeur" doit s'appliquer. Si les dégâts et le manque à gagner sont de l'ampleur de la catastrophe de l'Erika (1999), BP pourrait bien devoir payer 500 millions de dollars d'indemnités, sans oublier les frais d'assainissement. Dans le cas de l'Exxon Valdez, la remise en état des sites coûta 7 milliards de dollars et la région (plus de 7000 km² , 800 km de côtes et de nombreux îlots) fut polluée pendant plus de dix ans !
Des conséquences socio-économiques
Si on transpose les conséquences de la marée noire d'Alaska en Louisiane, non seulement il y eut 125000 oiseaux morts mazoutés, mais plus de 20 ans plus tard les sols sont encore localement imbibés de pétrole. Pire, le tissu socio-économique de la région a été touché.
En effet, la pollution a mis au chômage une bonne partie de la population locale. Sans emploi, ayant le sentiment d'avoir été abandonné par les autorités, beaucoup de couples ont connu des problèmes financiers et ont fini par divorcer, certains pêcheurs se sont même suicidés. Cet impact n'a jamais été réparé et ne le sera jamais et risque de se produire en Louisiane si les autorités ne réagissent pas très rapidement.
Dernières nouvelles
6 mai 2010 : Si quelques galettes de pétrole ont déjà touché les avants-postes du delta du Mississippi, les vents maintiennent le gros de la nappe de pétrole loin des côtes, laissant encore un peu de temps à BP et aux pêcheurs pour placer des barrages flottants le long des côtes et des murs de béton sur les plages.
13 mai 2010 : la cloche de béton placée sur le puits principal n'a pas arrêté la fuite. BP l'a donc retiré pour y placer une plus petite qui devrait être plus étanche.
BP a déjà investi 450 millions de dollars pour lutter contre la marée noire. Les analystes estiment que le coût de nettoyage et les indemnisations pour la Louisiane pourraient s'élever à plus de 12 milliards de dollars !
Le président Obama a demandé au Congrès une aide urgente de 129 millions de dollars pour lutter contre la marée noire. Obama a également émis l'idée de demander aux pétroliers de constituer un fonds spécial pour couvrir les frais occasionnés par ce type d'accident.
Selon les dernières mesures, le pétrole s'échapperait du puits à un taux au moins 5 fois plus élevé que ce qu'avait annoncé BP.
La nappe de pétrole devrait toucher les plages de Louisiane d'ici quelques jours et à terme peut-être même celles du Texas et de Floride.
17 mai 2010 : Selon les scientifiques, le pétrole qui s'échappe du puits se dirige vers les côtes sur une épaisseur d'au moins 10 mètres de profondeur et forme par endroits des traînées longues de 100 km.
Un siphon a été placé dans le tuyau crevé afin de pomper directement le pétrole du puits. Les ingénieurs espèrent ainsi récupérer au moins la moitié du pétrole qui s'échappe du puits.
Vu l'ampleur de la catastrophe, les scientifiques s'inquiètent de l'impact de la marée noire sur les récifs de coraux de l'archipel des Keys, sur les tortues marines, les baleines et les dauphins notamment. Mais devant l'impuissance de BP et du gouvernement à contrôler la pollution, dans quelques jours, la situation sera inquiétante pour tout le monde...
Depuis l'accident, l'action BP a chuté de 14% à 6.30€, la capitalisation boursière de la société valant actuellement 128.8 milliards de dollars et toujours en baisse.
20 mai 2010 : la marée noire a atteint les bayous de Louisiane et pénètre lentement dans les marais. Dès qu'ils iront pêcher, tous les animaux côtiers seront bientôts englués...
Emportée vers l'Est par le Loop current, la nappe de pétrole menace à présent Cuba ainsi que la Floride et peut à terme être entraînée par le courant du Gulf Stream et remonter jusqu'en Europe sous une forme diluée.
A ce jour, on estime la quantité de pétrole qui s'est échappée dans la mer à 145000 barils soit 23 millions de litres de fuel, pratiquement la moitié de la marée noire de l'Exxon Valdez (50 millions de litres).
21 mai 2010 : aux dernières mesures, la quantité de pétrole qui s'échappe du puits pourrait être 10 à 20 fois supérieure aux premières estimations de BP et se chiffrer entre 50 et 100 000 barils (8-16 millions de litres) de fuel par jour.
22 mai 2010 : BP prône la transparence dans cette affaire, le seul moyen sans doute qu'il a imaginé pour redorer son image, si cela est encore possible... BP a publié sur son site web un dossier consacré à cet accident. Y figure également une webcam nous donnant une vue sur la sortie du puits.
26 mai 2010 : Tony Hayward, PDG de PB a reconnu sa responsabilité dans cet accident et avoir commis plusieurs erreurs.
On apprit également que plusieurs systèmes de sécurité étaient défaillants. Des alarmes se sont déclenchées quelques heures avant l'accident et n'ont pas été prises en compte par les opérateurs. La sécurité et la maintenance étaient aussi lacunaires.
Quoiqu'il en soit, BP essaye actuellement de colmater le puits éventré avec du ciment, des minerais et des boues épaisses. Cette solution n'a toutefois que 60 à 70% de chances de réussir car elle n'a jamais été tentée à 1600m de profondeur et le pétrole risque d'être trop épais.
Actuellement 22000 personnes et 1100 navires travaillent à l'assainissement de la marée noire. BP a enregistré quelque 23000 plaintes et déjà dédommagé 9000 personnes.
27 mai 2010 : la fuite a été colmatée et semble efficace. Du moins nous le saurons avec certitude dans les prochains jours.
A ce jour BP a investi plus de 750 millions de dollars dans la lutte contre la marée noire.
Selon un collège d'experts, le puits a libéré 2 à 3 millions de litres de pétrole par jour soit 4 fois plus que prévu. Depuis le début de l'accident il y a 37 jours, entre 74000 et 110000 m3 de pétrole soit plus de 471000 barils de pétrole se seraient répandus dans la mer.
Pour réduire le risque d'une nouvelle marée noire, le président Obama a annoncé qu'il allait limiter le nombre de permis de forage en mer.
29 mai 2010 : BP annonce que colmatage n'a pas fonctionné. Chaque jour le puits continue donc de déverser plus de 60000 litres du pétrole dans la mer. D'autres solutions sont envisagées.
17 juin 2010 : suite à la réunion entre la direction de BP et le président Obama, BP a accepté de réserver 20 milliards de dollars en garantie afin d'honorer les créances des victimes de la marée noire. Cette somme ne va pas affecter l'avenir de BP; cela correspond juste au bénéfice moyen annuel de la société.
L'action de la compagnie vaut aujourd'hui 4.28€ et continue de chuter. L'action a perdu 43% de sa valeur depuis l'accident.
6 juillet 2010 : un supertanker baptisé "A whale" (La baleine) est arrivé sur site pour pomper le pétrole s'échappant dans la mer. Equipé d'écoutilles sur ses flans, la navire aspire le pétrole mélangé à l'eau de mer et le filtre grâce à une machinerie complexe au rythme de 50000 barils/jour. Mais le système ne donne pas entière satisfaction.
La facture de cette marée noire a déjà coûté 3.12 milliards de dollars à PB et les plaintes des victimes s'accumulent.
Le groupe pétrolier recherche des investisseurs stratégiques pour protéger ses avoirs, la société pouvant potentiellement être la proie d'une OPA sauvage.
15 juillet 2010 : BP annonce son intention d'installer une cloche sur le puits, une sorte de bouchon permanent, ultime tentative pour interrompre la fuite. Verdict dans 2 jours
17 juillet 2010 : la cloche servant de bouchon a été placée sur le puits et résiste depuis deux jours à la pression du pétrole. La solution semble enfin fonctionner !
Au terme de 12 semaines d'acharnement, BP semble avoir définitivement colmater la fuite. Entre 2 et 4 millions de barils soit environ 600 millions de litres de pétrole se sont répandus dans la mer...
18 juillet 2010 : des fuites secondaires ont été observées. Le colmatage n'est donc peut-être pas définitif, la pression du pétrole pouvant à tout moment faire exploser la cloche...
BP a déjà investi 3.5 milliards de dollars dans cet accident. Son patron a annoncé son intention de vendre une partie de ses actifs pour couvrir les énormes frais encourrus.
27 juillet 2010 : C'est officiel. Pour redorer son image auprès du public, BP a confirmé le remplacement de Tony Hayward, le directeur général du groupe par Robert Dudley à partir du 1er octobre prochain.
Les députés américains comme le public attendent que BP change son attitude, notamment sa culture d'entreprise et investissse un peu plus que 20 millions de dollars dans la sécurité... !
Tony Hayward a été muté en Russie où il retrouvera une place au conseil d'administration de TNK-BP, la coentreprise russe gérée par le groupe britannique.
Mais cette affaire n'est pas terminée. Le puits fuit encore et il reste à nettoyer les plages et l'environnement. Comme en Alaska, cela risque de durer plusieurs années... On en reparlera encore dans 10 ans. :-(
3 août 2010 : le nouveau système de colmatage constitué d'une cloche contenant des boues et du béton a fonctionné. Après plus de 100 jours d'effort, le puits est enfin bouché mais libéra tout de même plus de 800 millions de litres de pétrole dans la mer.
Deux puits de dérivation sont en train d'être creusés par 4000m de profondeur pour renforcer le colmatage.
Selon BP, la moitié de la nappe de pétrole aurait déjà été récupérée. Reste à évaluer l'impact écologique sur les biotopes, faune et flore, ainsi que sur l'économie locale. Les dégâts sont durables...
21 octobre 2010 : qu'est devenue la marée noire ? Où sont les oiseaux mazoutés ? Plus personne n'en parle... Elle existe toujours mais elle s'est diluée sous l'effet du dispersant et s'est enfoncée dans les eaux, loin des regards du public.
En effet, des scientifiques indépendants ont retrouvé la nappe de pétrole diluée entre 1000 et 1500 m de profondeur. Elle mesure 500 km de longueur, 90 km de largeur et présente une épaisseur d'environ 400 m...
5 décembre 2012 : ainsi que le confirme l'ONG IMUD, l'USS Akutan immergea 3000 tonnes de bombes au gaz moutarde dans le puits de BP en violation avec tous les traités anti-pollution et sans s'inquiéter des risques !
5 décembre 2012 : ainsi que le confirme l'ONG IMUD, l'USS Akutan immergea 3000 tonnes de bombes au gaz moutarde dans le puits de BP en violation avec tous les traités anti-pollution et sans s'inquiéter des risques !
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