mercredi 25 janvier 2012

L'US Army va transformer ses soldats en télépathes

Le chercheur américain d’origine autrichienne Gerwin Schalk est ingénieur en électronique et informatique, expert dans l’interfaçage cerveau-ordinateur au College Medical d’Albany à l'Université d'Etat de New-York.


Avec ses collaborateurs il travaille sur un projet de l'armée américaine de 6.3 millions de dollars visant à établir les bases scientifiques nécessaires à l’élaboration d’un « casque à pensée » capable de détecter et transmettre des informations aux soldats sans qu’ils aient à faire le moindre geste ni prononcer le moindre mot.
La télépathie synthétique
Aussi improbable que cela paraisse, la « télépathie synthétique » ainsi que se nomme cette science est sur le point d’arriver sur le champ de bataille !
En effet, selon Schalk, dans une décennie les Forces spéciales pourront capturer leurs ennemis en communiquant et coordonnant leur opération sans faire le moindre signe et en silence. Un peloton d'infanterie pourrait par télépathie appeler un hélicoptère pour secourir des blessés au milieu d'un échange de tirs nourris, là où les ordres verbaux seraient impossibles à transmettre dans le vacarme des explosions.
Concrètement, Schalk travaille sur un programme de simulation et d’imagerie cérébrale avec des volontaires épileptiques. Des électrodes implantés à la surface de leur cortex permettent aux chercheurs d’observer en temps réel les aires du cerveau répondant aux sons des voyelles "aah" ou "ooh".
Le but de cette technique appelée électrocorticographie ou ECOG est d’identifier l’aire exacte du cerveau responsable des crises d’épilepsie afin que les chirurgiens puissent extraire les zones endommagées sans affecter les zones saines. Mais il y a un immense bénéfice à la clé : les patients épileptiques ont permis aux chercheurs d'obtenir parmi les images les plus détaillées de l'activité cérébrale associée à la prononciation audible des mots.
Dans un autre domaine, nous savons déjà qu'il est possible de déplacer un curseur sur l'écran d'un ordinateur par la pensée. Des personnes amputées peuvent également contrôler par la pensée leur membre robotisé, qu'il soit attaché à leur corps ou situé à des centaines de kilomètres de distance (expériences du MIT, DARPA, etc).
Au cours d'une autre expérience, 12 patients épileptiques ont écoutés 36 mots ayant une relativement simple structure consonne-voyelle-consonne tels que "bet", "bat", "beat" et "boot". On leur a demandé de prononcer clairement les mots puis de simplement s'imaginer les prononcer. Ces instructions furent communiquées visuellement (affichées sur l'écran de l'ordinateur) sans son puis à nouveau vocalement mais sans affichage. Les électrodes placés à la surface de leur cortex rendait une cartographie précise de l'activité neuronale.
Schalk fut intrigué par le résultat. Ainsi qu'on s'y attendait, lorsque les sujets prononçaient un mot, les données affichaient l'activité dans les zones du cortex moteur associées aux muscles qui produisaient la parole. Le cortex auditif ainsi que la zone alentour que l'on a longtemps crus associés à la parole, l'aire de Wernicke, étaient également actives.
Lorsque les sujets pensaient à des mots, le cortex moteur se désactivait tandis que le cortex auditif et l'aire de Wernicke restaient actifs.
Bien que la raison de l'activation de ces aires ne soient pas claires, ces résultats sont très importants. La prochaine étape est évidente : analyser les données du cerveau et essayer d'extraire suffisamment d'informations pour déterminer, au moins dans les grandes lignes, à quoi les sujets sont en train de penser.
C'est Elmar Schmeisser, un colonel de l'US Army en retraite et Docteur en médecine de la vision qui a eu l'idée du projet de casque à pensée et le présenta devant un comité d'expert militaires.
Le casque actuellement développé devrait fonctionner telle une interface portable entre la pensée et la machine. Lorsqu'ils sont activés, les capteurs placés à l'intérieur du casque devraient scanner les milliers d'ondes cérébrales oscillant dans la tête du soldat; un microprocesseur devrait appliquer un algorithme pour décoder ces ondes et les traduire en mots et phrases spécifiques tandis qu'une radio devrait émettre le message.
Elmar Schmeisser a également suggéré d'ajouter une seconde fonctionnalité au casque pour détecter la direction dans laquelle le soldat concentre son attention : cette fonction pourrait être utilisée pour guider les pensées vers un squad ou un peloton particulier juste en regardant dans sa direction.
Les mots ou les phrases pourraient atteindre un récepteur qui dicterait les mots dans l'oreillette du soldat ou dans un haut-parleur, y compris dans un poste de commandement distant. Les possibilités sont faciles à imaginer :
“Attention! Ennemi à droite!”
“Nous avons besoin d'une assistance médicale tout de suite!”
“L'ennemi est sur la crête. Feu!”
Toutes ces phrases pourraient épargner des vies.
Le comité militaire a approuvé le projet. Pour maximiser les chances de succès, Schmeisser a divisé le budget entre deux universités qui chacune ont une approche complémentaire du problème de la télépathie.
La première équipe, dirigée par Schalk, poursuit une approche plus invasive de l'ECOG en implentant des électrodes sur le cortex, tandis que l'équipe de Mike D’Zmura, un expert en sciences cognitives de l'Université de Californie à Irvine, utilise l'électroencéphalographie (EEG), une technique non invasive de scannage du cerveau qui est plus adaptée au casque à pensée car elle ne nécessite pas d'ouvrir la boîte crânienne.
Ce projet militaire établit un pont entre la médecine et la recherche en cybernétique. Il fait appel à l’expertise la plus innovante et n’a rien de moins que l’ambition d’aller lire la pensée pour la convertir en son ou en action !
Pour plus d'informations
Consultez la page du Dr.Gerwin Schalk et le site Synthetic Telepathy.

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