mercredi 28 août 2013

Facebook : 26607 demandes gouvernementales

Internet pour le meilleur et pour le pire... A l'inverse de la NSA dont le scandale PRISM a récemment révélé l'existence d'une surveillance cachée d'Internet à grande échelle, Facebook se veut transparent.
Ainsi, le 27 août 2013 le réseau social dirigé par Mark Zuckerberg a publié son Rapport détaillant les demandes gouvernementales de renseignements sur ses utilisateurs.
Au total Facebook a reçu 26607 demandes des autorités de 71 pays entre le 1er janvier et le 30 juin 2013.
Plus de 80% des demandes de renseignements proviennent des Etats-Unis. On compte également 2337 demandes provenant du Royaume-Unis, 2068 d'Allemagne, 1598 de France, 219 du Canada, 169 de Belgique et 1 de Russie notamment.
Selon Facebook, "ces demandes officielles recherchent des informations de base sur les abonnés, comme le nom et la durée de service. D’autres requêtes peuvent également concerner des journaux d’adresses IP ou du contenu de compte."
En d'autres termes, sous certaines conditions décrites dans les règles de sécurité de Facebook, certaines données peuvent être transmises aux autorités. Mais cela nous le savions déjà en 2010. Où est le respect de la vie privée ? Nulle part sur la toile et encore moins aux Etats-Unis ! Un internaute avertit en vaut deux.

jeudi 15 août 2013

L'olinguito: la (re)découverte d'un mammifère carnivore

Le zoologiste Kristofer Helgen, conservateur au Musée National d’Histoire Naturelle du Smithonian (NMNH) a confirmé la découverte d’un nouveau mammifère carnivore ressemblant à un ours en peluche, appelé Olinguito. C’est le premier mammifère carnivore découvert en Amérique depuis 35 ans, précise l'étude publiée le 15 août 2013 dans le N° 324 de la revue ZooKeys.

L'olinguito. Document Mark Gurney.
L’olinguito pèse 0.9 kg et mesure 30 cm de long, un peu plus du double avec la queue. Ce petit mammifère au pelage brun orangé n’a pas été facile à trouver. Il mène une existence solitaire sur les pentes d'altitude de la cordillère des Andes, dans les forêts denses et brumeuses de Colombie et d'Equateur, ce qui a inspiré une partie de son nom latin Bassaricyon neblina : neblina signifiant "brouillard" en espagnol.
De plus, l’animal aux grands yeux qui est également le plus petit membre connu de la famille des ratons est uniquement actif pendant la nuit, quand il cherche des fruits dans son habitat andin. Comme d'autres carnivores tels que le panda géant, l'olinguito semble se nourrir principalement de plantes, mais est néanmoins classé dans l'ordre taxonomique des carnivores.

Document Mark Gurney.
Du fait que les carnivores sont les animaux les plus étudiés dans le règne animal, c'est "le dernier endroit où nous pensions que l’olinguito pouvait se cacher", a déclaré Helgen. Trouver un mammifère est relativement rare, et trouver un carnivore, qui sont moins nombreux que les herbivores est "extrêmement rare", précise-t-il dans son article.
C'est pourquoi cette révision taxinomique qui a conduit à la découverte d'une nouvelle espèce fait grand bruit dans le petite cercle fermé des zoologistes : c’est "spectaculaire” rendant "ma découverte plus passionnante encore", a déclaré Helgen lors d'une conférence de presse à Washington.

Document Paul Souders/Corbis.
La découverte de l’olinguito
Les premiers signes d'une nouvelle espèce sont apparus à Helgen en 2003 au musée du Smithsonian pendant qu’il étudiait des spécimens d’olingos, un groupe de carnivores d'Amérique du Sud dont l’arbre phylogénique est encore inconnu.
Helgen remarqua que certains des spécimens du musée semblaient différents des autres : ces étranges individus étaient globalement plus petits, portant des dents plus petites et d’autres plus longues et un pelage dense virant sur le rouge.

Document Mark Gurney.
Helgen étudia alors de nombreux spécimens, réalisa des analyses anatomiques et génétiques, fit des observations sur le terrain et modélisa l'habitat de l'animal pour tenter de savoir où il pouvait se cacher.
Les spécimens du musée avaient été collectés il y a des décennies dans le nord des Andes, à une altitude comprise entre environ 1500 et 2700 mètres, beaucoup plus haut que l’habitat connu des olingos. Cela signifiait qu'il existait une autre espèce là-haut ce qui conduisit les scientifiques à partir à sa recherche pendant dix ans.

Femelle Olinguito dans la réserve de La Mesenia. Document Gustavo Suarez.
En 2006, Helgen et Roland Kays, directeur du Laboratoire d'observation de la biodiversité au Musée des Sciences naturelles de Caroline du Nord, se mirent à la recherche de l’animal sauvage. Avec l'aide du zoologue équatorien Miguel Pinto, l'équipe explora la forêt d’altitude située à l’ouest de la réserve équatorienne d’Otanga Cloud Forest.
Lors de leur première nuit, alors qu’ils marchaient dans la végétation épaisse et humide, parmi les chants des grenouilles et des grillons, l'équipe entendit des frémissements d'animaux dans les arbres. Eclairant leurs sommets, un kinkajou, un porc-épic, les regardait, puis "un olinguito apparut dans la lumière", déclara Helgen.
C’est ainsi qu’ils découvrirent plusieurs olinguitos et d’autres encore durant les expéditions ultérieures dans d'autres régions de la Cordillère des Andes.
L’analyse génétique a révélé que les olinguitos sont non seulement très différents des olingos, mais il existe également quatre sous-espèces d’olinguitos comme on le voit à droite.
Un bébé olinguito
Lors d’un trekking dans la réserve forestière de La Mesenia en Colombie, les scientifiques ont repéré un jeune olinguito. Le bébé découvert par des membres de l'ONG SavingSpecies a la taille d’un chaton, si petit qu'il tient dans une main. Les photographies du jeune animal révèlent ses minuscules griffes recourbées qui lui servent à grimper aux arbres et des coussinets texturés qui l'aident à adhérer aux branches.

Un bébé olinguito. Document Juan Rendon.
Sorti du brouillard
Même si l’olinguito représente une grande découverte, il vivait parmi les hommes depuis des siècles, des spécimens mais mal identifiés existants dans les musées depuis plus de cent ans, précise Helgen.
Un olinguito assimilé à tort à un olingo s’est même retrouvé dans les zoos américains dans les années 1960 et 1970, il fut fréquemment déplacé car - sans surprise - l'animal ne pouvait pas se reproduire avec les olingos, déclara Helgen.


"Ce n'est pas une espèce en voie de disparition", a déclaré Helgen. Mais cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de menaces : on estime que 42% de l'habitat de l’olinguito a déjà été converties à l'agriculture et en zones urbaines et la déforestation est toujours un problème.
Les scientifiques pensent qu’il y a probablement des milliers d’autres créatures aussi mignonnes vivants dans les habitats protégés des montagnes de Colombie et d'Equateur .
L’olinguito porrait bien devenir l’ambassadeur tout désigné pour la préservation de l'écosystème des Andes. "Nous espérons que l'olinguito servira d'espèce ambassadrice pour les forêts de nuage de l'Équateur et de la Colombie, attirant l'attention du monde sur ces habitats en danger", a encore confié Helgen.

mardi 13 août 2013

GJ 504b, une exoplanète rose

Les astronomes du Centre Goddard de la NASA ont découvert une nouvelle exoplanète. Sa particularité ? Elle est de couleur... rose !
L'exoplanète baptisée GJ 504b est située à 57 années-lumière du Soleil dans la constellation de la Vierge.
Âgée de 160 millions d'années, l'exoplanète a été découverte grâce au télescope Subaru de 8.2m installé à Hawaï.

Illustration de l'exoplanète GJ 504b alias 59 Virginis b. Document T.Lombry.
Selon la description publiée dans l'Astrophysical Journal, GJ 504b gravite autour d'une étoile similaire au Soleil mais assez loin de son étoile, à une distance de 43.5 U.A., soit plus loin que Neptune (30 U.A.) si nous la reportons à l'échelle du système solaire.
Sa température superficielle serait de 273°C et elle serait quatre fois plus grande que Jupiter, d'où son surnom de "deuxième Jupiter".
"Si nous pouvions voyager jusqu'à cette planète géante, nous verrions un monde encore incandescent de la chaleur de sa formation avec une couleur s'approchant de celle d'une fleur de cerisier foncée, un magenta terne", a déclaré Michael McElwain, un membre de l'équipe scientifique. "Notre Soleil se trouve à environ la moitié de sa vie de production d’énergie, mais GJ 504 b n’en est qu’au tiers de sa vie", a-t-il encore précisé avant de conclure : "étudier ces systèmes c’est un peu comme voir notre système planétaire dans sa jeunesse".
A ce jour les astronomes ont identifié 726 systèmes planétaires et 940 exoplanètes. 146 systèmes contiennent plusieurs exoplanètes.
Pour plus d'information
Consulter l'article sur les exoplanètes.

mercredi 7 août 2013

L'hyperactivité des enfants: un lien avec certains colorants

Une étude scientifique financée par le gouvernement britannique a identifié un lien entre la consommation de six colorants artificiels et l’hyperactivité chez les enfants.
Aujourd'hui l'Europe considère que ces colorants restent autorisés, mais leur présence et leurs effets possibles sur le comportement doivent être clairement indiqués sur les emballages.
Les études
En 2007, le Pr McCann et ses collègues de l'Université de Southampton avaient suivi 153 enfants âgés de 3 ans et 144 enfants de 8 et 9 ans auxquels ils avaient donnés soit une boisson contenant un mélange de colorants artificiels et un conservateur soit un placebo.
Les colorants azoïques (à double liaison azote) testés furent les E102 (tartrazine), E104 (jaune de quinoléine), E110 (jaune orangé), E122 (carmoisine), E124 (Ponceau 4R) et E129 (rouge allura, red AC). Le conservateur était le E211 (benzoate de sodium). Ces produits sont surtout présents dans les sucreries et les boissons.
L'étude publiée dans la revue "The Lancet" indiquait qu'un mélange de ces colorants et d'un conservateur pouvait rendre les enfants hyperactifs (trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité ou TDAH).
En outre, l'analyse de 15 essais cliniques ayant analysé des colorants alimentaires (la carmoisine, la tartrazine ou encore le jaune orangé S) chez des enfants déjà considérés comme hyperactifs, a montré une augmentation de leur hyperactivité. A fortes doses, ces colorants sont également cancérigènes.
Avis et réglementations
En mars 2008, l'Autorité Européenne de la Sécurité des Aliments (EFSA) avait donné un avis sur ces six colorants chimiques massivement utilisés dans les produits alimentaires vendus dans l’Union européenne.
Le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC) avait immédiatement appelé au retrait des colorants incriminés.
Mais une fois de plus le Parlement européen choisit un compromis. L'Europe représente 36% du marché mondial des colorants alimentaires (artificiels et naturels) et ce marché augmente de 10% chaque année. Supprimer ces colorants azoïques revient à réinvestir dans la recherche et le développement, et pas uniquement dans la confiserie et les boissons sucrées car on retrouve ces colorants dans la plupart des produits.
Suite à cette étude et sur avis du Conseil de l'Europe, par mesure de précaution le 8 juillet 2008, le Parlement européen vota une résolution (A6-0180/2008) obligeant les fabricants à modifier l’étiquetage des produits afin de mettre en évidence ces substances à risques et demanda à la Commission Européenne de veiller à son exécution.
C'est ainsi qu'en 2010 les fabricants furent obligés de mentionner sur les étiquettes des produits concernés préemballés « peut avoir des effets indésirables sur l’activité et l’attention chez les enfants ».
A terme cette réglementation devrait inciter les fabricants à se tourner vers des colorants naturels (betterave, safran, cumin, thé de Matcha, bleu de méthylène, charbon végétal, etc.).
Bien que cette loi ne s'applique qu'en Europe, les Etat-Unis et le Canada reconnaissent ce risque et conseillent également d'utiliser des colorants naturels et envisagent de transposer la loi européenne dans leur législation.

jeudi 1 août 2013

Doel, un village abandonné

Doel est un petit village belge de la commune flamande de Beveren située au nord d'Anvers, sur la rive gauche de l'embouchure de l'Escaut, à quelques brasses des docks où accostent les supercontainers du monde entier.

Vue aérienne du village de Doel sur la rive gauche de l'Escaut.
Pour arriver dans le village, suivez la direction de Doel, dirigez-vous vers les docks 1708-1800 où s'alignent les hangars d'entreprises puis roulez encore quelques kilomètres vers le nord, localement dans une zone non balisée (j'ai l'impression d'être au bout du monde), pour rejoindre la chaussée Engelsesteeweg. C'est une longue voie sans issue orientée vers l'est qui conduit à Doel et qui se termine devant une digue culminant à environ 15 mètres de haut, protégeant le village d'une éventuelle crue du canal.

Doel vu depuis la digue. La chaussée d'Engelsesteweeg est sur la droite, coté nord.
Le Vieux Doel
Le village est délimité au sud par la rue Camermanstraat, au nord par la chaussée Engelsesteenweg, à l'ouest par la rue Hoofhuistraat et à l'est par l'Escaut. La centrale nucléaire de Doel est située 1 km plus au nord dont on voit les réfrigérants depuis le canal.
Réduit à un espace habité d'environ 150 ha, le village s'articule autour de 3 ou 4 rues perpendiculaires et comprend environ 300 habitations. 26 personnes y résident encore.
Profitant d'un weekend ensoleillé, je suis arrivé à Doel le dimanche 28 juillet 2013 au matin. A part les noeuds autoroutiers et les périphériques urbains un plus plus denses, la route était dégagée.

Les premières maisons qu'on aperçoit en arrivant à Doel, sur le côté droit de la chaussée d'Engelsesteenweg.
10h30. En arrivant à Doel, j'ai le sentiment étrange que le village est endormi. Tout est calme, trop calme, même pour un dimanche à la campagne.
Je ne vois personne et à peine une poignée de voitures sont garées le long d'Engelsesteeweg. Même le moulin à vent s'est figé. Je ne croise personne, juste une voiture s'éloigne et semble déserter le village.

Les surprises se succèdent...
Le temps est serein et je me dis qu'en principe le village devrait doucement se réveiller. Mais à mesure que l'heure avance, tout reste calme et inanimé. C'est étonnant car la chaussée principale est entretenue et rien ne laisse présager ce que je vais découvrir.


A mesure que je me rapproche de la digue qui se profile à l'horizon je découvre un rez-de-chaussée condamné et partiellement tagué, plus loin un graffiti sur une façade, puis deux puis c'est l'envolée fantastique !
C'est alors que je réalise que je suis bien arrivé dans ce village qu'on dit abandonné... Que s'est-il passé à Doel ? Comment un village peut être abandonné en Belgique ?

 

L'extension du port d'Anvers
Tout commença en 1963, lorsque le gouvernement décida d'augmenter la capacité du port d'Anvers et d'agrandir les docks, ce qui devait entraîner l'expropriation de tous les propriétaires de Doel et du pays de Waas et la disparition du village.

 
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En 1968, on interdit les nouvelles constructions puis vint la crise des années '70 et le projet tomba à l'eau. Mais le projet d'expropriation n'a jamais réellement été abandonné et est revenu à l'ordre du jour des gouvernements flamands successifs, y compris d'Agalev, les Ecolo flamands. 


En 2002, le conseil d'Etat gela toute modification du plan de secteur, Doel restait une zone résidentielle. Mais en 2007 la Région flamande prit la décision de construire un nouveau bassin à marée, le "Saeftinghedok", qui exigeait l'expropriation et la démolition de l'ancien Doel.


Certains habitants irréductibles se sont opposés au projet et ont reçu le soutien de divers artistes qui sont venus dessiner des graffiti sur les immeubles abandonnés.


Les médias se sont faits l'écho du combat des habitants et ont fait la renommée du village et de ses graffiti. Depuis c'est le status quo. 
D'ailleurs, au premier étage de cette maison située au carrefour de Pastorijstraat et Visserstraat je lis "Doel moet blijven !!!" (Doel doit rester !!!). C'est une banderole du comité de soutien Doel 2020 qui s'oppose à l'expropriation.

 

Près de l'ancienne pompe à essence un graffiti rappelle également leur action. Le combat n'est pas terminé.

 

Des graffiti et la désolation partout
A la fois curieux, incrédule et excité par ce que je découvre, j'explore le village. Soudain, au détour d'une rue je découvre un rat de dix mètres de long dessiné sur toute la façade d'une maison en brique ! La plupart ont été peints à la bombe en 2009 par Jiem, Roa et Resto. D'autres ont été peints à la brosse et la bombe en 2010 par Emer.K, Flavia et Grolou.

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Plus loin plusieurs graffiti ornent tout le rez-de-chaussée d'une maison. Près de la digue, une maison entière a été peinte en rouge et des silhouettes ornent les fenêtres du premier étage. Mais l'intérieur est saccagé.
D'ailleurs la Gazette locale rappelle que les rares habitations encore meublées sont périodiquement cambriolées.


Au hasard de mon exploration, j'entre dans une maison abandonnée et découvre sur le mur du garage un immense graffiti aux couleurs chatoyantes que peu de visiteurs ont sans doute eu l'occasion de voir. 

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Dans cette allée de parking, toutes les portes de garages ont été taguées et les tagueurs n'ont pas manqué d'imagination. Voici quelques exemples.

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Plus loin les fenêtres sont couvertes de graffiti colorés. Entre deux blocs de maisons je découvre un terrain vague, une grande table en bois pourrie et des chaises en plastique renversées d'un autre âge. Ca ne me réjouit pas, ce coin est vraiment en friche et c'est la même situation un peu partout dans le village.


A mesure que je m'avance et parcours les rue je ressens une grande désolation : les rues sont désertes, dans beaucoup d'habitations les portes et fenêtres ont été condamnées, fermées par des plaques de contreplaqués ou même en métal.
Parfois les vitres sont brisées, les volets sont baissés, les portes de garage ont disparu ou les plans d'eau sont envahis de mousses et de détritus.


Même les pompes à essence ont été éventrées et taguées. Mises à vif, ces trois machines ressemblent encore plus à des robots, leur donnant un look de fin du monde.

Ces pompes vandalisées sont à l'entrée du village sur Engelsesteenweg.
D'autres endroits sont plus lyriques. Au fond d'une prairie, sur une barricade en ciment je découvre le graffiti d'un cochon bleu apparaissant entre des berces du Caucase, une plante invasive et toxique.


Sur le mur aveugle d'une autre maison en ruine, une sorte de corbeau a été dessiné dans son contexte. Un peu plus loin c'est un merle.

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Malgré l'état délabré des lieux, même Mona Lisa a trouvé sa place au-dessus des ruines d'un feu ouvert.


Je m'enfonce dans une allée de garages et découvre les débris d'un banc et d'autres graffiti perdus parmi les fleurs sauvages. Ici aussi les tagueurs ont pris soin de mettre le personnage en situation.


Je visite une autre rue. Un chat abandonné attend sur le trottoir que le temps passe. Un autre s'est installé au Soleil à l'abri des regards indiscrets.
Voilà encore un mur tagué. Il mêle formes abstraites et personnages chimériques.

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Au loin, entre les herbes sauvages je distingue deux têtes très colorées peintes sur le mur extérieur d'un hangar abandonné. Les herbes sont déjà hautes et dans quelques années les graffiti ne seront probablement plus visibles de la route.


Des peintures sur bois ont également été exposés sur certaines fenêtres.

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Des hommes et des fleurs parmi les graffiti
Tiens, des fleurs décorent l'appui de fenêtre extérieur de cette belle maison de maître en briques et un peu plus loin je découvre une habitation visiblement entretenue. Je suis dans la rue Hooghuistraat. Ici plusieurs dizaines de maisons sont encore habitées, en témoignent les voitures garées devant les portes.


Quelqu'un vient justement de sortir sa voiture du garage et s'en va avec son enfant. C'est étrange, comme si les graffiti et cette atmosphère de désolation ne dérangeaient pas cette famille.
Plus loin un habitant ouvre la porte d'un immeuble en bon état et en sort quelques colis. La maison lui appartient toujours mais il n'y habite plus. Il repart sans s'attarder.
L'église aussi est entretenue et vient de sonner midi ! Il y a donc encore un peu de vie à Doel !


Il y a également un café taverne baptisé "Doel 5" rue Parkstraat. Lui au moins n'est pas tagué ! Il est fréquenté par quelques touristes de passage et des jeunes qui discutent sur la terrasse.
Le "Doel5" donne sur un petit parc pour enfants. Le toboggan rouge et bleu est entretenu ainsi que les plantations mais le parc est désert et comme partout ici les murs des habitations qui l'entourent sont couverts de graffiti.


Le contraste est navrant et ne donne pas trop envie d'y jouer, d'ailleurs il n'y a pas d'enfants ici.
En revanche, il y a toujours un abri d'autobus et un bus municipal s'y arrête quelques fois par jour.
Au détour d'un raccourci je découvre une série de graffiti dans une allée et un portrait digne d'une BD signé MDZ. Quand il est bien dessiné, un graffiti vaut le détour.

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Mais ce n'est pas partout le cas. Sur certaines façades les tagueurs se sont exprimés, occupant l'espace, sans plus. Les graffiti ont si peu de style qu'ils ne rendent pas hommage aux autres artistes. Je ne les ai pas présentés ici.
L'intérieur des habitations est pire encore. Certaines portes sont entr'ouvertes ou ont été retirées, laissant entrevoir un chaos de débris. Ces immeubles sont insalubres et certains devraient être rasés par sécurité.

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Il est temps pour moi de faire une pause. Je m'installe sur un banc face à l'Escaut. Je croise quelques habitants de la région qui se promènent en famille ou se baladent à vélo sur la digue.
On dirait que deux mondes se croisent : d'un côté les touristes qui ne voient que les graffiti, de l'autre les habitants de la région qui ne les regardent même plus.


Sur la digue aussi le contraste est étonnant, entre tradition et modernité : le moulin à vent se dresse toujours face à la centrale de Doel... Oui, il y a de l'énergie à revendre ici.


Images infrarouge à 665 nm
Pour terminer cette visite, je profite de l'occasion pour faire quelques photos en proche infrarouge à 665 nm avec un APN spécialement converti à cet usage. Voici deux images composites prises en lumière blanche (les graffiti) et en IR (l'arrière plan). On se croirait vraiment sur une autre planète !

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Répertoire des villes et objets abandonnés
Detroit, a city in decay, blog Desert Places
50 villes fantômes et abandonnées à travers le monde, Urban Ghosts
33 plus beaux endroits abandonnés du monde, BuzzFeed
Les villes fantômes les plus étranges du monde, iO9
17 villes abandonnées autour du monde (avec géolocalisation), Though Catalog.
Cet article a été consulté par plus de 1500 internautes et a été référencé sur d'autres sites. Il a également inspiré un reportage TV de la Une (RTBF) fin 2013. Merci pour votre intérêt.