mercredi 2 mai 2007

Nicolas Hulot, une notoriété manipulée

Tous les téléspectateurs francophones connaissent le journaliste Nicolas Hulot, producteur de la série TV "Ushuaïa" et quelques autres. Récemment, en 2006, il s'est également avancé en politique à la veille des élections présidentielles françaises, appuyant l'idée d'un "pacte écologique" afin de préserver notre environnement.
Rappelons tout d'abord sa biographie afin de mieux cerner l'action mais également le dilemme auquel doit faire face le personnage.


Nicolas Hulot est né à Lille le 30 avril 1955. Il obtient une licence en journalisme et parcourut le monde comme photoreporter pour l'agence SIPA. Passionné d'aventure, il dirigea plusieurs expéditions, notamment la traversée de la Manche en planche à voile, l'expédition au Pôle Nord magnétique en scooter des neiges (1983), la traversée du Zambèze à la pagaie (1985), l'exploration du Pôle Nord géographique en ULM (1986-87) et le survol de l'Okavango en hélicoptère (1988). En 1987, il devint animateur et producteur pour la chaîne TF1, animant la série "Ushuaïa, l'extrême" (1987-1995), puis "Opération Okavango" (1996-1997) et depuis 1998, "Ushuaïa Nature".
Ecologiste convaincu, Nicolas Hulot a toujours voulu sensibiliser le public à la protection de l'environnement face à l'irresponsabilité de nos dirigeants et des industriels peu scrupuleux. Il réalisa plusieurs campagnes de publicité, écrivit des livres et fonda la "Fondation Nicolas-Hulot pour la Nature et l'Homme" en 1990.
En 2006, il publia son livre "Pour un pacte écologique" dans lequel il rappela la fragilité de notre planète afin d'inciter le monde politique comme chacun d'entre nous à agir de manière plus responsable et plus concrète pour protéger notre environnement. En une semaine, son Pacte était supporté par 45000 signatures. Au bout d'un mois il avait reçu 240000 signatures et 80 jours après sa publication il était fort de 540000 signataires !
Des intellectuels tels Boris Cyrulnik, Pierre-André Taguieff, Erik Orsenna, Dominique Bourg, des scientifiques tels que Hubert Reeves, Jean-Marc Jancovici, Jane Goodall et des personnalités aussi diverses que Luc Besson, Mathieu Kassovitz, Florent Pagny ou encore Julien Clerc ont immédiatement soutenu son Pacte écologique mais on peut remarquer qu'aucun d'eux n'était politicien.
En effet, bien que Ségolène Royal par exemple ait été Ministre de l'Environnement (1992-1993) et ait posé sa candidature à l'élection Présidentielle de 2007, elle attendit plusieurs mois avant d'approuver le Pacte de Nicolas Hulot alors qu'elle supportait les idées d'Al Gore ! Sur l'ensemble des candidats français, fin 2006 seuls deux d'entre eux avaient signé le Pacte écologique et annoncés vouloir prendre des mesures concrètes s'ils étaient élus : Corinne Lepage et Jean Marc Governatori. Aucun ténor des grandes partis politiques n'avait répondu à son appel ! Cela en dit long sur l'intérêt des politiciens français pour les problèmes d'environnement, notamment des écologistes !
Fin 2006, Nicolas Hulot annonça en public que si personne ne voulait s'occuper des problème de l'environnement, il accepterait le poste de ministre, mais espérait sincèrement que le Gouvernement trouverait des gens responsables dans ses rangs pour assumer cette fonction, à défaut de quoi il serait très déçu par leur irresponsabilité.
L'idée de Nicolas Hulot n'est pas nouvelle mais c'est bien le seul écologiste qui accepte de parler en tête-à-tête avec les politiciens et d'une manière plus diplomatique que José Bovet ou Greenpeace. Son courage est digne d'admiration et nous démontre qu'il y a encore des bonnes volontés et un espoir de sauver la planète.
Plus d'un parti politique lui ont donc fait la cour, trouvant qu'il serait tout bénéficie pour leur image de bénéficier d'un personnage public aussi médiatique et aimé des Français et par la même occasion d'obtenir sans difficulté les 500 signatures requise pour l'inscription de son parti. A ce jour Nicolas Hulot a décliné toute proposition politique.
Mais Nicolas Hulot est probablement plus à sa place au milieu de la nature que face à des politiciens pervers et des journalistes incisifs. S'il s'exprime clairement en public, on sent bien qu'il n'a pas l'étoffe d'un orateur comme Al Gore, ni la prestance ni les arguments de ses opposants. En revanche sont action porte ses fruits auprès du public et des étudiants et il a déjà inaugauré plusieurs écoles.
Nicolas Hulot est trop honnête pour affronter le monde politique car il est enfermé dans un personnage naïf qui croit encore que capitalisme rime avec écologie ou que les politiciens vont supporter ses idées. Si cette cause était si simple à mettre en oeuvre, les politiciens français comme d'ailleurs l'auraient déjà appliquée depuis longtemps ! Nicolas Hulot pense sans doute qu'en sensibilisant la classe politique à son Pacte écologique, il fera parler de lui dans les médias (ce qui est exact) et que sa notoriété lui permettra d'agir plus efficacement pour défendre la cause écologique.
Nicolas Hulot présenté par le Président Chirac au Président Sud-Africain Nelson Mandela au cours du sommet de Johannesbourg le 2 septembre 2002.
Malheureusement, ainsi qu'il l'a constaté en questionnant le monde politique, fin 2006 peu de politiciens s'étaient engagés dans son Pacte écologique, sachant très bien que les mesures qu'ils devraient prendre ne seraient pas appréciées de la population et ne peuvent pas s'appliquer à grande échelle du jour au lendemain sans une profonde mutation socio-économique au sein des pays membres du G8 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni, Russie) et pourquoi du G20 (G8 + pays émergeants).
Nicolas Hulot pensait sans doute qu'il pouvait conserver sa liberté d'expression et parviendrait à rassembler les politiciens comme les industriels à sa cause. Si ses paroles sont toujours pleines de bon sens et s'il reste apprécié du public comme des collectivités, aujourd'hui son discours comme ses actions dépendent de plus en plus du bon vouloir de ses sponsors qui, rappelons-le, comptent aussi parmi les plus grands pollueurs de la planète : EDF, Rhone-Poulenc, etc. Dans ces conditions comment peut-il défendre sa cause ? Certes, sans argent il ne pourrait sensibiliser le public de la façon dont il le fait mais doit-il pour autant s'associer à des pollueurs ? Il avoua qu'en ayant recours au mécénat, il a trouvé un moyen de leur fait payer leurs mauvaises actions sur l'environnement... Mais ne faut-il pas être naïf pour oser prétendre cela ?
Il ne fait aucune doute que Nicolas Hulot est manipulé et devient une marionnette entre les mains des lobbies. En effet, pour une multinationale, Nicolas Hulot est un excellent support publicitaire et un investissement très rentable. Car derrière l'image de l'homme médiatique il a tout un business qui lui échappe. Quand Nicolas Hulot vend des produits sous la marque "Ushuaïa", vous pensez faire une bonne action et avoir bonne conscience en achetant un produit qui viendra supporter son action écologique. En fait vous avez oublié ce raccourci : en achetant un produit "Ushuaïa" en réalité vous versez directement de l'argent dans la tirelire d'EDF ou ses parrains et vous renforcez leurs actions polluantes contre lesquelles tous les écologistes se battent. Cela n'a rien d'écologique, que du contraire ! Pas plus que de parcourir le monde avec trois hélicoptères et gaspiller des millions d'euros pour nous ramener quelques films. S'il emmenait avec lui des scientifiques comme le faisait le Cdt Cousteau et conduisait en même temps des recherches scientifiques, son action serait autrement mieux valorisée que sur le plan financier et de l'image de soi. On ne peut donc plus considérer que son action est positive quand on constate que son bilan est négatif du point de vue de l'écologie.
Sans entrer dans l'idéologie de la décroissance économique prôner notamment par le "Journal de la décroissance", il faut bien constater que si Nicolas Hulot essaye de sensibiliser les gens à son action et y réussit avec plus ou moins de succès, il n'est pas encore parvenu à convertir le monde politique à ses idées. Ses seules convictions ne suffiront sans doute pas à faire prendre conscience à nos politiciens des enjeux qui nous concernent tous car en fait ces problèmes ne les touchent pas directement et coûtent plus qu'ils ne rapportent à court terme. Combin de fois les politiciens on appiqué avec zèle le slogan "Faites ce que je dis pas ce que je fais !" Parler et agir sont deux choses différentes, des notions que nos politiciens maîtrisent mieux que personne.
Pour que l'action de Nicolas Hulot donne un résultat sur le plan politique et affecte durablement nos habitudes, il doit agir de l'intérieur du système et devenir un politicien fervent défenseur de la cause écologique. Or en devenant l'un d'entre eux, il devra obligatoirement faire des compromis et des alliances s'il veut garder son siège tout en défendant quelques unes de ses idées. A défaut, il se retrouvera dans l'opposition et pour ainsi dire plus impuissant et muselé que s'il était resté apolitique et indépendant. Mais nous voyons bien que même au niveau européen, les Verts ont du mal à se faire entendre, au point que la Commission Européenne maintient sa confiance dans le nucléaire.
Le 31 janvier 2007, comme si une mouche les avait piqués, tous les candidats à l'élection présidentielle acceptèrent de signer le Pacte de Nicolas Hulot. Mais leur démarche semblait peu convaincante.
Dans ce contexte où les politiciens cherchent d'abord à soigner leur image plutôt que la planète, on comprend mieux les actions coup de point des associations écologiques. L'attitude irresponsable de la classe politique prouve que les ONG comme Greenpeace ont plus que jamais un rôle à jouer.
Comme il fallait s'y attendre, le 22 janvier 2007 Nicolas Hulot annonça qu'il n'était pas candidat à l'élection présidentielle. La raison est simple. Nicolas Hulot n'a pas l'envergure d'un politicien. Si Nicolas Hulot ne voulut pas s'engager et risquer d'être muselé à jamais, il n'avait pas d'autre alternative que de trouver des sponsors plus respectueux de l'environnement et continuer à sensibiliser la population comme le fait Al Gore ou Greenpeace en espérant que ses discours feront pression sur le monde politique le jour des élections.
Mais ne soyons pas naïfs car nous devons relativiser l'impact de l'écologie. Chacun sait que l'écologie restera encore longtemps une idéologie plus qu'un véritable combat politique. Le combat est loin d'être gagné, malheureusement la santé de Gaïa est tous les jours plus précaire.

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