En Argentine, les indiens Mapuches, littéralement le Peuple de la Terre, luttent depuis cinq ans pour récupérer 535 hectares sur les 965000 achetés par le groupe Benetton dans les hauts plateaux de Patagonie, qui, selon eux, ont appartenu à leurs ancêtres.
La vie des Mapuches
Les Mapuches ont été expulsés de leurs terres en 2002, mais aujourd'hui ils sont revenus. Depuis février 2007, ils vivent sous des tentes et un juge leur interdit jusqu’à faire du feu.
Les Mapuches ont été expulsés de leurs terres en 2002, mais aujourd'hui ils sont revenus. Depuis février 2007, ils vivent sous des tentes et un juge leur interdit jusqu’à faire du feu.
Des reporters du quotidien argentin Página12 ont passé neuf jours avec les membres de la communauté et relatent le combat de ces indiens au quotidien contre l'entreprise multinationale qui a acheté les terres pour 37 millions de dollars au Gouvernement argentin.
La journée des Mapuches démarre avec les "jey-jey-jey-jey" de reconnaissance lancés les bras vers les montagnes de l’Est, où le Soleil commence à poindre. Ils accomplissent la cérémonie face au pillán kutral, "le cœur de la communauté", comme ses membres le définissent, l'équivalent du "Feu sacré".
La journée des Mapuches démarre avec les "jey-jey-jey-jey" de reconnaissance lancés les bras vers les montagnes de l’Est, où le Soleil commence à poindre. Ils accomplissent la cérémonie face au pillán kutral, "le cœur de la communauté", comme ses membres le définissent, l'équivalent du "Feu sacré".
A Santa Rosa Leleque, le pillán kutral est allumé depuis le 14 février dernier, quand trente hommes, femmes et enfants ont franchi la clôture pour déclarer leurs 535 hectares "territoire Mapuche récupéré". Le feu, qui abrite des forces des ancêtres, vit dans un cercle de pierre sur deux mois de cendre. On lui doit un respect absolu : il est interdit d’y jeter des mégots de cigarette, des sachets de thé ou des déchets. Il n’apporte que la lumière et la chaleur. Pour cuisiner et brûler, il y a le foyer classique, délimité par un mur de briques.
Cet élément fondamental de la religion Mapuche n’échappe pas au conflit entre la communauté et la Compagnie des Terres du Sud Argentin, le visage visible de Benetton qui a clôturé 965000 hectares du pays.
L'application de la justice
En juin 2007, la Justice a interdit à la communauté Mapuche de faire du feu tant que le conflit légal n’est pas résolu. Mais pour que personne n’accuse les institutions d’être impitoyables, on n’autorise le feu que si le bois est apporté de l’extérieur. Les Mapuches pensent que la mesure "est cruelle. Ils la dictent juste quand l’hiver arrive."
La décision du juge de la Chambre d’exécution d’Esquel, Omar Magallanes, obéit à une requête des avocats de Benetton. La même mesure interdit aux dix familles de la communauté de construire des maisons. C’est pourquoi Santa Rosa Leleque est un ensemble de tentes igloos, trop fines pour les inévitables températures négatives de la nuit. Pour le moment, les seules constructions sont un abri où ils stockent leur nourriture (farine, yerba, vermicelles, confitures, galettes frites) y compris des dizaines de caisses d'aliments laissés par des villageois et des touristes altruistes. A 700 mètres, il y a la maison communautaire, toujours en construction, car la Justice winka (non Mapuche), en a décidé ainsi.
En juin 2007, le juge de paix d’El Maitén, Guillermo Palmieri, a franchi la clôture avec son attaché-case. Il venait avec les 30 certificats de notification judiciaire pour chacun des habitants de Santa Rosa !
La décision du juge de la Chambre d’exécution d’Esquel, Omar Magallanes, obéit à une requête des avocats de Benetton. La même mesure interdit aux dix familles de la communauté de construire des maisons. C’est pourquoi Santa Rosa Leleque est un ensemble de tentes igloos, trop fines pour les inévitables températures négatives de la nuit. Pour le moment, les seules constructions sont un abri où ils stockent leur nourriture (farine, yerba, vermicelles, confitures, galettes frites) y compris des dizaines de caisses d'aliments laissés par des villageois et des touristes altruistes. A 700 mètres, il y a la maison communautaire, toujours en construction, car la Justice winka (non Mapuche), en a décidé ainsi.
En juin 2007, le juge de paix d’El Maitén, Guillermo Palmieri, a franchi la clôture avec son attaché-case. Il venait avec les 30 certificats de notification judiciaire pour chacun des habitants de Santa Rosa !
Avec cette stratégie, la Justice ne reconnaît pas la communauté Mapuche. En interdisant le feu, "ils veulent que nous nous fatiguions et que nous partions. Il a commencé à neiger et nous n’avons même pas une petite maison terminée. Mais nous comptons toujours nous battre, ils ne nous effrayeront pas en nous interdisant le feu et le bois", explique Rosa Nahuelquir qui, avec son époux Atilio Curiñanco, affronte depuis 2002 une "Campagne du désert" moderne. Cette année-là, le couple avait été expulsé sur ordre de justice de ces terres qu’ils revendiquent comme les leurs.
L'esprit des ancêtres
Pour les Mapuches, récupérer leur territoire c’est récupérer leur spiritualité. Du lever au coucher, ils vénèrent la terre (mapu). Et même quand ils dorment, la mapu leur parle en peumá (rêve) et leur dit ce qui est. Ses messages sont tellement clairs que personne ne s’aventurerait à lui désobéir.
Le mapuzungun est la langue que la terre a donnée aux humains pour qu’ils puissent communiquer avec elle. Beaucoup sont convaincus que les malheurs du peuple Mapuche ont commencé quand ils ont cessé de communiquer avec elle, quand ils sont devenus winka. C’est pourquoi ils n’ont pas pu résister depuis 1879 aux fusils de l’armée argentine dirigée par le président des "Cent pesos", Julio Argentino Roca.
En retrouvant le contact direct avec la terre, les Mapuches vont réaliser ce qu’ils crient à la fin de toute rencontre politique : marichi weu, dix fois nous vaincrons. C’est ce qui a été démontré dans le 6eme "futa trawun" (grande réunion), qui, pendant trois jours, a réuni 150 Mapuches heureux de fouler le territoire fraîchement récupéré. Mais pour combien de temps.
Douleurs by Benetton
Aujourd'hui, 10% des terres argentines appartiennent à des milliardaires étrangers : les frères Benetton, Bill Gates, Sylvester Stalone, Florent Pagny, ... Pour Benetton, les moutons passent avant les Mapuches qu'ils ont exclu de leurs "United Colours" !
Le porte-parole de Benetton précise que l'entreprise élève des moutons pour leur laine, valorisant ainsi beaucoup mieux les terres que ne le font les Mapuches. Ailleurs dans le pays, pour revaloriser son image au yeux des médias, Benetton investit dans la construction d'usines, sans doute également pour acheter le silence des villageois et s'attirer les bonnes grâces de la population. Mais ces arguments sont-ils recevables ? Ce sera à la Justice d'en décider.
Le porte-parole de Benetton précise que l'entreprise élève des moutons pour leur laine, valorisant ainsi beaucoup mieux les terres que ne le font les Mapuches. Ailleurs dans le pays, pour revaloriser son image au yeux des médias, Benetton investit dans la construction d'usines, sans doute également pour acheter le silence des villageois et s'attirer les bonnes grâces de la population. Mais ces arguments sont-ils recevables ? Ce sera à la Justice d'en décider.
En attendant, quand ils se sont réunis à Rome en 2004, Luciano Benetton a promis aux Mapuches que "le conflit serait résolu en un jour". Au début de son mandat, en 2004, le gouverneur de Chubut, Mario Das Neves, leur a assuré que le conflit pour Santa Rosa serait résolu "en quatre mois". A chacun d'apprécier la volonté des parties de résoudre le conflit.
Devant les intérêts commerciaux en jeu, on peut craindre que le Wallmapu, toute la terre Mapuche, ne revienne jamais à ses enfants.
Pour plus d'information, consultez le reportage d'Antenne 2 publié sur Dailymotion, l'article du Mapuche International Link (MIL) et celui du RISAL. Si vous parlez espagnol, consultez l'actualité Mapuche sur le webzine Página12.
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