Le 22 août 2007, le Président américain George W. Bush, Jr, a présenté une conférence à Kansas City, au Missouri, sur les "progrès" réalisés en Irak devant un groupe d'anciens combattants américains venu l'encourager.
Suite à ce speech, des experts de Washington ont considéré que M. Bush interprétait mal l'histoire quand il faisait un parallèle entre les guerres américaines sanglantes qui se sont déroulées en Asie du Sud-Est et la "guerre de la terreur" qu'il entretient pour maintenir ses troupes en Irak.
Précisons que plus de 3700 soldats américains sont déjà morts en Irak depuis l'invasion du pays en 2003. Pour quel résultat ? Le chaos et le massacre de milliers de civils.
Précisons que plus de 3700 soldats américains sont déjà morts en Irak depuis l'invasion du pays en 2003. Pour quel résultat ? Le chaos et le massacre de milliers de civils.
L'Histoire selon George W.Bush
Au cours de cette conférence, M.Bush a comparé les "terroristes" musulmans qui font la guerre en Irak aux forces communistes de Corée et du Vietnam ainsi qu'à l'armée japonaise impériale, et avertit qu'un retrait précipité de l'Irak déclencherait un massacre comme celui que nous avons connu en Asie du Sud-Est après la défaite et le retrait des Américains du Vietnam.
M.Bush considère que "les politiciens ne doivent pas "couper l'herbe sous le pied" des soldats : un désengagement prématuré serait aussi néfaste pour la crédibilité des États-Unis que la sortie peu glorieuse du bourbier vietnamien, dont les ennemis actuels de l'Amérique n'ont pas oublié les leçons", a estimé le Président.
M.Bush a particulièrement insisté sur le fait que le retrait rapide des Etats-Unis du Vietnam en 1973 aurait provoqué des millions de morts dans ce pays et l'expansion du régime communiste meurtier des Khmers Rouges au Cambodge voisin. "Une catastrophe semblable peut arriver au Moyen-Orient si les 162000 soldats américains quittent l'Irak", a prétendu le Président américain.
"Trois décennies plus tard, le débat légitime a toujours cours sur notre entrée dans la guerre du Vietnam et notre départ", a constaté M.Bush.
"Trois décennies plus tard, le débat légitime a toujours cours sur notre entrée dans la guerre du Vietnam et notre départ", a constaté M.Bush.
"Quelle que soit votre position dans ce débat, un héritage indubitable du Vietnam est le prix du retrait américain qui fut payé par des millions de citoyens innocents dont l'agonie s'ajoute aux nouveaux termes de notre vocabulaire comme les "boat people", les "camps de rééducation" et les "charniers". Plus d'un demi-million de soldats américains ont combattu aux côtés du Sud Vietnam contre le Nord communiste pendant le paroxysme de cette guerre, laissant derrière elle plus de 58000 morts avant le départ humiliant annoncé par Washington", a encore dit M.Bush au cours de son discours.
Reportage sur les débuts de la guerre du Vietnam
Plus globalement, M. Bush prétend que la prospérité et le succès de la démocratie au Japon et en Corée du Sud sont dûs à l'engagement américain après la Seconde Guerre mondiale contre la Corée du Nord.
En fait, c'est un argument totalement faux qu'il présente pour défendre la mission irakienne, à un moment où celle-ci va subir un rude examen politique.
En effet, les adversaires démocrates de M. Bush, majoritaires au Congrès, et même une partie de ses supporters républicains réclament un début de désengagement, sans parler de l'opposition de la majorité des électeurs envers sa politique étrangère, lassés par la guerre et le massacre des troupes américaines en Irak. La pression ne devrait cesser d'augmenter sur le Président à l'approche de la mi-septembre et d'une évaluation très attendue de la stratégie américaine en Irak.
En effet, les adversaires démocrates de M. Bush, majoritaires au Congrès, et même une partie de ses supporters républicains réclament un début de désengagement, sans parler de l'opposition de la majorité des électeurs envers sa politique étrangère, lassés par la guerre et le massacre des troupes américaines en Irak. La pression ne devrait cesser d'augmenter sur le Président à l'approche de la mi-septembre et d'une évaluation très attendue de la stratégie américaine en Irak.
L'Histoire par ceux qui l'ont vécue
Les experts ne partagent pas l'avis de M. Bush qui fait une nouvelle fois preuve de son incompétence. "Ma compréhension de l'histoire de la guerre de Vietnam et de ses leçons diffère plutôt nettement de celles de M. Bush", a déclaré Robert Hathaway, un expert de l'Asie au Centre Scholar Woodrow Wilson de Washington.
Hathaway a indiqué qu'en dépit de l'intervention militaire américaine de huit années et des accidents graves survenus au Vietnam, Washington était incapable d'avoir l'appui populaire dans le Sud pour y établir un gouvernement qui fut largement considéré comme corrompu et inpopulaire.
"Le Sud Vietnam s'est effondré en 1975, non pas parce que les forces américaines se sont retirées, mais parce que les Sud Vietnamiens et leur armée ne se sont simplement pas inquiétés assez de leur gouvernement pour le défendre", a-t-il expliqué. Les Nord Vietnamiens ont marché sur Saigon sans pratiquement rencontrer d'opposition.
"Aussi, une des leçons, du moins pour moi, de la tragédie américaine au Vietnam est que cette force militaire imposée par une puissance étrangère - par une puissance que beaucoup de Vietnamiens ont considéré comme une force d'occupation - n'était pas suffisante pour créer les conditions politiques pour instaurer un gouvernement véritablement populaire au Sud Vietnam, ce gouvernement n'ayant pas non plus la volonté politique de combattre", a expliqué Hathaway.
Une "autre leçon du Vietnam est que la combinaison de la grande puissance et des bonnes intentions n'est pas nécessairement suffisante pour que l'Amérique impose sa volonté à d'autres", a-t-il ajouté.
Le Général de brigade en retraite John Johns, un expert américain des contre-insurrections qui servit au Vietnam, a déclaré que M. Bush cherchait une histoire patriotique pour forcer l'opinion publique à adhérer à son plan de maintenir les forces américaines en Irak. "Ce qui j'ai appris au Vietnam c'est que les forces américaines ne pouvaient pas conduire une opération de contre-insurrection. Plus nous restions là, plus nous avions du mal à la réaliser", a-t-il reconnu.
Steven Simon, du Conseil des relations extérieures (Foreign Relations) de Washington, reprend les propos du Président. M. Bush "a souligné la violence qui régnait suite au retrait des troupes américaines du Vietnam. Mais ceci s'est produit parce que les Etats-Unis sont partis trop tard, pas trop tôt", a-t-il souligné. "C'est l'expansion de la guerre qui a ouvert la porte au régime de Pol Pot et au génocide perpétré par les Khmers Rouges. Plus vous restez, plus cela empire", a-t-il dit.
Hathaway a indiqué qu'en dépit de l'intervention militaire américaine de huit années et des accidents graves survenus au Vietnam, Washington était incapable d'avoir l'appui populaire dans le Sud pour y établir un gouvernement qui fut largement considéré comme corrompu et inpopulaire.
"Le Sud Vietnam s'est effondré en 1975, non pas parce que les forces américaines se sont retirées, mais parce que les Sud Vietnamiens et leur armée ne se sont simplement pas inquiétés assez de leur gouvernement pour le défendre", a-t-il expliqué. Les Nord Vietnamiens ont marché sur Saigon sans pratiquement rencontrer d'opposition.
"Aussi, une des leçons, du moins pour moi, de la tragédie américaine au Vietnam est que cette force militaire imposée par une puissance étrangère - par une puissance que beaucoup de Vietnamiens ont considéré comme une force d'occupation - n'était pas suffisante pour créer les conditions politiques pour instaurer un gouvernement véritablement populaire au Sud Vietnam, ce gouvernement n'ayant pas non plus la volonté politique de combattre", a expliqué Hathaway.
Une "autre leçon du Vietnam est que la combinaison de la grande puissance et des bonnes intentions n'est pas nécessairement suffisante pour que l'Amérique impose sa volonté à d'autres", a-t-il ajouté.
Le Général de brigade en retraite John Johns, un expert américain des contre-insurrections qui servit au Vietnam, a déclaré que M. Bush cherchait une histoire patriotique pour forcer l'opinion publique à adhérer à son plan de maintenir les forces américaines en Irak. "Ce qui j'ai appris au Vietnam c'est que les forces américaines ne pouvaient pas conduire une opération de contre-insurrection. Plus nous restions là, plus nous avions du mal à la réaliser", a-t-il reconnu.
Steven Simon, du Conseil des relations extérieures (Foreign Relations) de Washington, reprend les propos du Président. M. Bush "a souligné la violence qui régnait suite au retrait des troupes américaines du Vietnam. Mais ceci s'est produit parce que les Etats-Unis sont partis trop tard, pas trop tôt", a-t-il souligné. "C'est l'expansion de la guerre qui a ouvert la porte au régime de Pol Pot et au génocide perpétré par les Khmers Rouges. Plus vous restez, plus cela empire", a-t-il dit.
Précisons qu'entre 1957 et 1975, la guerre du Vietnam fit 3 millions de morts parmi les Vietnamiens. Environ 2 millions de Cambodgiens sont morts sous le régime Khmer de Pol Pot entre 1975 et 1979.
L'historien américain Robert Dallek, qui compara le guerre d'Irak avec celle du Vietnam, accuse M. Bush de déformer l'histoire. "Nous étions au Vietnam pendant 10 années. Nous avons déversé plus de bombes sur le Vietnam que nous en avons fait durant toute la Deuxième guerre mondiale dans tous les théâtres d'opérations. Nous avons perdu 58700 Américains, la deuxième plus grande perte humaine dans un conflit étranger. Et nous ne pouvions faire mieux", a-t-il dit lors d'une interview au "Los Angeles Times".
"Que suggère M. Bush ? Que nous n'avons pas combattu assez durement, que nous ne sommes pas restés assez longtemps ? C'est un non sens. C'est une déformation de l'histoire", a-t-il souligné. "Nous avons été en Irak plus longtemps que nous avons combattu au cours de la Deuxième guerre mondiale". Le désastre en Irak "est la conséquence d'y être entré, pas d'en sortir", a-t-il conclut.
"Que suggère M. Bush ? Que nous n'avons pas combattu assez durement, que nous ne sommes pas restés assez longtemps ? C'est un non sens. C'est une déformation de l'histoire", a-t-il souligné. "Nous avons été en Irak plus longtemps que nous avons combattu au cours de la Deuxième guerre mondiale". Le désastre en Irak "est la conséquence d'y être entré, pas d'en sortir", a-t-il conclut.
Le mythe de Superman
Kevin Baker fit une remarquable analyse qui va dans le même sens dans sa thèse "Stabbed in the back" (poignardé dans le dos) publiée dans le webzine "Harper's Magazine" en 2006.
Il rapproche deux mythes auxquels croit encore l'Amérique profonde : l'idée que l'Amérique est omnipotente et incapable de perdre, et que toute guerre que les Etats-Unis déclenchent doit être noble et héroïque.
Par conséquent, écrit-il, les Américains pensent que "si l'Amérique est défaite, ce sont les élites déloyales, les politiciens peureux, les punks américains, les dégénérés aux cheveux longs, les gauchisants, les agitateurs et les médias lâches qu'il faut blâmer !
Il rapproche deux mythes auxquels croit encore l'Amérique profonde : l'idée que l'Amérique est omnipotente et incapable de perdre, et que toute guerre que les Etats-Unis déclenchent doit être noble et héroïque.
Par conséquent, écrit-il, les Américains pensent que "si l'Amérique est défaite, ce sont les élites déloyales, les politiciens peureux, les punks américains, les dégénérés aux cheveux longs, les gauchisants, les agitateurs et les médias lâches qu'il faut blâmer !
Richard Nixon et Spiro Agnew (le vice président) ont démonisé les "nabots bavards du négativisme" tandis que Reagan prétendait que ceux qui contestaient la guerre offraient "confort et aide" à l'ennemi, des idées auxquelles ont cru une bonne partie des citoyens.
En fait, la guerre du Vietnam était une erreur terrible, et l'Amérique s'est retirée parce que les politiciens et les Américains ont reconnu qu'ils ne gagneraient jamais la guerre.
En fait, la guerre du Vietnam était une erreur terrible, et l'Amérique s'est retirée parce que les politiciens et les Américains ont reconnu qu'ils ne gagneraient jamais la guerre.
Mais le mythe du "coup de poignard dans le dos" n'est jamais tout à fait mort : il est resté vivant dans les tiroirs de la droite américaine, pour laquelle c'est faire un article de la foi que de croire que les guerres de l'Amérique sont toujours justifiées et ses militaires omnipotents.
Ce n'est pas une idée intellectuellement respectable, mais c'est la devise que défend le noyau de l'administration Bush. D'habitude, Bush préfère ne pas faire allégence de manière si évidence à l'aile droite, mais sa situation politique est si instable qu'il s'est senti obligé de fouler précautieusement ce fumier de ressentiments agressifs".
Pour plus d'information, consultez le site suivant consacré à la guerre du Vietnam ainsi que cet excellent site anglophone.
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