dimanche 28 octobre 2007

Découverte d’une palourde d'au moins 405 ans

Des paléoclimatologues de l’Université de Bangor en Angleterre ont découvert le plus vieux bivalve du monde.
Les biologistes anglais Paul Butler et James Scourse de l'Ecole des Sciences Océaniques de l’Université de Bangor à Gwynedd effectuaient une pêche scientifique le long de la côte Nord-Est de l'Islande, lorsqu’ils ont remonté dans leurs filets une palourde quahog nordique (Arctica islandica) apparemment très âgée.
Al Wanamaker et ses collègues spécialistes du paléoclimat ont compté entre 405 et 410 anneaux de croissances sur la coquille de la palourde. Découverte en 2006, cette palourde serait née en 1596 ! Elle vivait dans les eaux froides, par 80 mètres de profondeur.

Autrement dit, ce bivalve fut contemporain de Shakespeare, à une époque où Français et Anglais conquérirent le Nouveau Monde, qu'une partie de la France était aux mains des Espagnols et où l’Inquisition pourchassait les hérétiques.
Si ce spécimen est le plus vieux représentant vivant de la classe des bivalves (une classe comprenant environ 30 000 espèces, dont les moules et les huîtres), ce n’est pas le plus vieil animal connu.
En effet, les coraux vivant en colonies sont beaucoup plus âgés. Certaines colonies auraient jusqu'à plusieurs milliers d'années selon les experts de la NOAA. Pour être précis, disons que ce bivalve est le plus vieil animal ne vivant pas en colonie.
Le secret de la longévité
Les palourdes quahog sont connues pour leur longévité. Un spécimen âgé de 220 ans avait déjà été pêché en 1982 par des Américains et figure officiellement dans le livre "Guinness des Records". Mais officieusement, le record appartenait jusqu’ici à un spécimen islandais âgé de 374 ans exposé dans un musée d’Allemagne.
Le nouveau spécimen est au moins 30 ans plus âgé selon l’équipe de l’Université de Bangor. L’animal est mort lorsque les chercheurs ont compté ses anneaux de croissances. "Il existe probablement de nombreux autres spécimens sans doute encore plus vieux. Nous ne les avons simplement pas encore découverts", a déclaré Wanamaker. "Je pense que vers 600 ans, cela pourrait être le maximum, mais c’est purement spéculatif", a-t-il ajouté.
Les chercheurs pensent que le secret de la longévité des palourdes se trouve dans la lenteur du processus de renouvellement cellulaire. Mais ils ignorent pourquoi ce processus est si lent. "Il est possible que l’étude des tissus de cet organisme de Mathusalem nous permette de comprendre le processus du vieillissement", a déclaré Chris Richardson, membre de l’équipe, au cours d’une interview accordée aux médias le 28 octobre 2007.
Wanamaker a ajouté que plusieurs équipes de chercheurs souhaitent étudier les tissus d’une palourde quahog vivante pour en dévoiler le secret.
Le paléoclimat
Grâce à l’étude de ce coquillage, les chercheurs espèrent reconstruire un enregistrement des changements climatiques survenus au cours des derniers siècles. "Comme les cernes des arbres, ces anneaux de croissance varient en fonction des conditions environnementales", explique Wanamaker. Tant que l’animal est vivant, la coquille grandit en fonction de la température de l’eau, de sa salinité et de la quantité de nourriture notamment.
Le principal but de cette étude dit Wanamaker, est de déterminer si le changement climatique survenu au cours du dernier demi-siècle "est extraordinaire comparé à ceux des derniers milliers d’années".

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire