La bande de Gaza. Dans cette enclave de 360 km2 située en bordure de mer, encadrée d'un côté par Israël et de l'autre par l'Egypte survivent près de 1.5 millions de personnes dont 50% ont moins de 15 ans.
Ce territoire qui est l'une des régions les plus denses du Moyen-Orient a fait l'objet de marchandages et est en conflit depuis plus de deux générations avec ses voisins. Pourquoi et comment tout cela a-t-il commencé ?
Un public égaré
Pour le grand public, les mots comme l'Histoire se confondent : Palestine, Gaza, Cisjordanie, Israël, Arabes, Israéliens, Musulmans, Juifs, OLP, Hamas, Fatah, Tsahal, Sharia, qui représente qui, qui fait la loi, qui attaque, qui résiste, qui gagne, qui perd, tout cela peut sembler confus.
On confond Etat et territoire, nationalité et confession, peuple et armée, idéologie et religion, parti religieux, laïc, démocratique et extrémiste... bref c'est la confusion totale, le public s'égare.
Sans parler des raisons de ce conflit et du rôle des uns et des autres. Reste enfin la question de savoir combien de temps encore peut durer cette guerre entre Gaza et Israël qui n'a que trop durer.
De fait la situation au Moyen-Orient est très compliquée voire incompréhensible pour l'homme de la rue, et d'autant plus qu'aucun diplomate ne semble entrevoir de solution.
En raison de la complexité - réelle - du sujet, l'enlisement du conflit, la mauvaise foi et le manque évident de volonté des parties d'y mettre un terme, la plupart des gens ont abandonné l'idée d'écouter la voix des belligérants et de comprendre ce dossier brûlant.
Devant cette situation, beaucoup d'entre nous se font une idée de la question sur base de clichés, d'a priori et d'informations partielles émises par l'un ou l'autre journaliste ou représentant d'Etat au cours d'un journal télévisé ou après la lecture d'un article trop bref. Chacun prend position pour l'un ou l'autre camp mais sans vraiment connaître le sujet. Qui est objectif, qui ne l'est pas, qui a raison, qui a tord, loin des conflits et sans connaissance du dossier, il semble difficile de faire la part des choses.
Et de fait il faut se rappeler l'histoire de cette région du monde et vivre sur place pour comprendre la détresse des Palestiniens et la colère des Israéliens. Un petit rappel des événements est donc nécessaire.
Rappel historique
Gaza, petite bourgade de Palestine, fut d'abord incorporée dans l'Empire Ottoman (fin du XIXe.s.), puis passa sous la domination britannique (1917). Les conflits s'envenimant entre Arabes musulmans et Juifs ainsi que sur la question de l'immigration juive, les Anglais rendirent finalement leur mandat aux Nations Unies (ONU) en 1947.
Les Anglais ayant à tord ou à raison promis un Etat aux Arabes musulmans et aux Juifs, la région sera divisée en deux Etats, l'un Arabe musulman comprenant Gaza et la Cisjordanie, l'autre Juif formant le nouvel Etat d'Israël. Mais les Arabes ont toujours refusé le plan de partage proposé par l'ONU, et notamment la division de leur Etat en deux parties. Sur ces motifs et pour des raisons idéologiques voire religieuses, dès la création de l'Etat juif, une milice armée de Gaza a déclaré la guerre à Israël, bientôt encouragée par ses habitants, pour la plupart de jeunes adultes.
Pendant près de 20 ans, Gaza sera contrôlée par l'Egypte. Puis vint la Guerre des Six Jours en 1967 qui sera remportée par Israël (la "Tsahal" est sans doute l'une des meilleures armées du monde), au terme de laquelle l'armée israélienne occupera Gaza durant 38 ans.
Le territoire Arabe se réduisit alors à la bande de Gaza actuelle plus la Cisjordanie où seront implantées des colonies juives. La cohabitation forcée entre des réfugiés musulmans sous occupation et sans droit et des juifs bénéficiant d'avantages s'est avérée être la pire des solutions.
Aussi, en 2005, sur ordre d'Ariel Sharon, premier ministre israélien, les colons juifs quitteront définitivement les territoires occupés, préparant le futur Etat palestinien.
Signe avant-coueur d'un conflit, aux élections législatives de 2006, le Hamas (une organisation terroriste islamiste vraisemblablement armée par l'Iran et la Syrie) remporta 56% des suffrages et la majorité parlementaire au dépens du Fatah (le parti laïc, même s'il est constitué de musulmans, faisant partie de l'OLP).
Après des mois de combats (armés) entre le Hamas et le Fatah, en 2007 des élections présidentielles eurent lieu à Gaza où le Hamas remporta la majorité des suffrages.
Aussitôt Israël décréta le Hamas comme "entité hostile". Depuis, la bande de Gaza est soumise à un blocus de la part d'Israël qui compte bien venir à bout du Hamas, coûte que coûte.
De son côté les Etats-Unis (par le biais de la CIA et d'agents israéliens) essayent de renforcer le président du Fatah mais cela ne fait qu'intensifier les affrontements interpalestiniens. Aujourd'hui, face aux moyens disproportionnés utilisés par Israël (chars, navires de guerre, hélicoptères, bombes à fragmentation contre pierres et roquettes artisanales côté palestinien et plus récemment armé de missiles d'origine syrienne) et aux milliers de victimes innocentes qui sont mortes de part et d'autre durant ces conflits, d'aucun considèrent que tant l'attitude du Hamas que celle d'Israël sont inacceptables.
Ces conflits ne respectent même plus les lois de la guerre au point que les unités de Tsahal visent sciemment de jeunes enfants jouant sur la plage de Gaza, des convois humanitaires, des médecins et des civils innocents ! Un nouveau cesser-le-feu doit absolument être signé et cette guerre doit s'arrêter, pour autant que les parties acceptent de dialoguer.
En quelques lignes il est donc possible de résumer la situation au Moyen-Orient et de comprendre ce qui s'y passe.
Le dossier de TV5
Mieux que cela, en quelques articles illustrés de reportages vidéos, TV5 a gagné son pari de nous expliquer simplement les origines de ce conflit, ce que représente Gaza et Israël, tout en nous rappelant la chronologie des événements depuis 1967 et l'état de la situation actuelle au Moyen-Orient dans son dossier "Gaza un conflit qui n'en finit pas".
A voir absolument si vous voulez comprendre le conflit qui oppose Gaza à Israël et porter un jugement critique sur les attitudes des uns et des autres, y compris de la communauté internationale dans cette véritable tragédie humaine.
Mobiliser l'opinion publique
Après avoir parcouru ce dossier, une seule chose est évidente : la situation est tragique dans les deux camps, plus encore à Gaza où les Palestiniens manquent de tout et survivent dans des conditions inhumaines.
L'intransigeance d'Israël comme la violence de ses ripostes (notamment les raids aériens et le blocus) sont choquants. L'opinion internationale s'en est émue au cours de diverses manifestations, beaucoup de Juifs de la Diaspora ainsi que des Arabes du Moyen-Orient ne partageant pas l'opinion d'Israël ni celui des Etats-Unis ou de l'Europe dans ce conflit.
En connaissant à présent un peu mieux le dossier, d'une attitude passive et désintéressée, chacun peut dès lors critiquer l'actualité du Moyen-Orient et, s'il se sent concerné, prendre clairement position dans ce conflit et exiger la fin des hostilités.
Ce fut le cas au cours des manifestations qui se sont déroulées ces dernières semaines et se poursuivront dans plusieurs villes (Alexandrie, Berlin, Beyrouth, Bruxelles, Londres, New York, Paris, Rome, Tel-Aviv, etc) où la majorité des manifestants ont clairement défendu la cause des Palestiniens. En effet, la plupart des gens supportent Gaza.
L'avenir
Qu'on ne se trompe pas de débat. Comme toute personne sensée vivant ici ou ailleurs, si les manifestants défendent la cause palestinienne au dépens de l'opinion israélienne, c'est parce le plan initial de l'ONU tout comme la réaction d'Israël sont inacceptables.
Après avoir tenté de coloniser des terres ne lui appartenant pas, aujourd'hui Israël s'est engagé dans une escalade qu'il ne contrôle plus, un conflit aux moyens disproportionnés qui est sur le point d'enflammer tout le Moyen-Orient et indirectement d'impacter la politique extérieure voire l'économie des pays amis (Iran, Syrie, Liban, Yemen, Egypte, Etats-Unis, UE,...).
En revanche, bien peu de manifestants vous diront qu'ils défendent la cause extrémiste du Hamas. Même si on peut comprendre l'extrême détresse et la colère d'un peuple de réfugiés brimés depuis plusieurs générations, seule la diplomatie pourra taire le bruit des canons et les cris des enfants que l'on massacre. Que les choses soient dites.
Si solution il y a, elle passe clairement par l'intervention de l'ONU. D'abord par la négociation d'un cesser-le-feu. Puis par le dépôt des armes du Hamas (comme de l'OLP) et l'accession au pouvoir d'un régime démocratique, tant que les Musulmans reconnaissent que ce terme est compatible avec la Sharia (Loi islamique).
Il faut également que le gouvernement israélien cesse les attaques de Tsahal et accepte l'idée que les réfugiés vivant dans la bande de Gaza aient un Etat, condition sine qua non à la survie et au respect d'un peuple dans un Etat de droits. De son côté le Hamas devra respecter les cesser-le-feu.
Enfin, devant le non respect des lois de la guerre (attaques de civils, non respect du cesser-le-feu, etc), il paraît évident que les chefs militaires des deux camps devront un jour comparaître devant la Cour Internationale de Justice de La Haye.
Question de langage
Le Proche-Orient englobe Israël et Gaza et représente une région qui s'étend de l'Egypte à l'Iran jusqu'au Yemen. C'est le terme francophone que les Anglo-saxons dénomment "Middle-East" et que nous traduisons par "Moyen-Orient". Les deux termes sont donc équivalents bien que la seconde expression soit plus répandue.
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