dimanche 27 juin 2010

Le sommet du G20 va-t-il réussir ?

Les 20 pays les plus riches membres du cerclé très fermé du G20 discutent ce weekend à Toronto des moyens de relancer l'économie mondiale, des finances mondiales, des avantages fiscaux, du capital à risque, bref des défis et des incitants permettant de maintenir le fragile équilibre financier de la planète tout en évitant la prochaine crise économique ou financière.Les acteurs du G-8 réunis le 25 juin 2010.
Le G20 regroupe 19 grandes économies en plus de l'Union européenne représentant les trois-quarts de la production et les deux-tiers de la population mondiale.
Il comprend le G8 (Etats-Unis, Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Russie et Royaume-Uni) qui s'est réuni à Huntsville, au Canada. Le G20 comprend en plus du G8, l'Argentine, l'Australie, le Brésil, la Chine, l'Inde, l'Indonésie, le Mexique, la Turquie, l'Arabie Saoudite, l'Afrique du Sud et la Corée du Sud.
Le problème est avant tout dans la manière dont les gouvernements respectifs envisagent de contrôler leur système financier pour ne pas ralentir leur économie florissante comme c'est le cas aux Etats-Unis et en Chine notamment.
La solution doit s'appliquer non seulement aux banques européennes, mais également américaines, canadiennes, japonaises et aux banques des pays émergeants.
Durant ce weekend, les ministres des Finances concernés espèrent trouver un consensus avant le prochain sommet qui se déroula à Séoul, en Corée en novembre.
Questions en suspens
Parmi les questions qui fâchent, si la Commission Européenne aimerait par exemple taxer les banques pour les risques qu'elles prennent (proposition de la France, de l'Allemagne et de l'Angleterre) ainsi que sur transactions bancaires (France et Allemagne), les Etats-Unis y voient une entrave au dévelopement du capitalisme.Les acteurs du G20 réunis le 26 juin 2010.
Seul point sur lequel tout le monde semble d'accord est la réponse de Barack Obama qui reconnaît qu'il faut "apprendre des erreurs commises par le passé, quand les mesures de relance avaient été retirées trop vite".
Mais la question de fond n'est pas seulement de savoir comment inciter les acteurs financiers et économiques à prendre les bonnes décisions mais également la manière de nous protéger contre les futures crises économiques qui peuvent mettre en faillite la plupart des petits pays dont bon nombre de pays européens.
La deuxième question en suspens concerne la réduction du déficit public de moitié d'ici 2013. Ce défi devra toutefois être adapté pour chaque pays pour éviter de compromettre la reprise économique.
La troisième question en suspens concerne la réévaluation du yuan. Cela fait des mois sinon des années que le G20, le FMI, la Banque mondiale et la Commission Européenne demandent à Pékin de réévaluer sa monnaie. Tous les pays travaillant avec la Chine estiment que Pékin maintient artificiellement le yuan bas pour favoriser ses exportations. Pékin a promis d’assouplir son taux de change avec le dollar.
L'avenir des "grands machins"
La présence du G20 au Canada a entraîné de nombreuses manifestations des alter-mondialistes et des opposants à l'organisation actuelle des finances mondiales.
Pas moins de 14000 policiers sont présents à Toronto avec un seul mot d'ordre : arrêter toute personne s'approchant d'un peu trop près de la zone sécurisée du Metro Toronto Convention Center où les dirigeants se réunissent.
D'ores et déjà 4 voitures de police ont été incendiées et 600 manifestants ont été arrêtés, parmi lesquels une majorité de voyous venus sans autre objectif que de tout casser.
En prévision des manifestations, des milliers d'employés ont été conviés à ne pas venir travailler jeudi, vendredi ainsi que ce weekend.Manifestations au cours du G20 de Toronto.
Aujourd'hui les habitants des pays riches ont le sentiment que ces "grands machins" institutionnels que sont le G8 et le G20 se donnent de grands airs mais agissent très peu et ne contraignent personnes. On parle beaucoup, on écrit des centaines de pages de rapports que personne ne lit et qui ne sont suivis de pratiquement aucune action.
En tout cas la population comme les petites entreprises ne voient aucune action concrète pouvant sécuriser les marchés et leurs économies (autre que la garantie de l'Etat), garantir le flux des crédits, augmenter notre pouvoir d'achat ou améliorer les principes de bonne gouvernance des entreprises du secteur financier. Que du contraire, la tendance va vers un ultra-libéralisme et un égoïsme généralisé.
Malgré l'avis différent de ses détracteurs, samedi, en conclusion du sommet du G8, ses responsables ont réaffirmé son utilité : "le G8 est capable de concevoir des approches crédibles pour relever les défis de notre temps. Pendant plus de 30 ans, il a montré que sa volonté collective peut être un catalyseur puissant du changement durable et du progrès."
Même chose pour le G20. Selon le Premier ministre canadien Stephen Harper : "Le G20 a réalisé un étonnant travail en une année et demi, en répondant à la crise économique. Mais il y a des limites à ce que nous pouvons discuter et ce que nous pouvons réaliser dans un groupe de 20." Voilà déjà au moins un aveu de faiblesse. Quelle solution a été envisagée pour palier à ce problème ? Personne n'a fait de proposition...
Une facture démesurée
L'énorme coût du sommet a particulièrement scandalisé les habitants de Toronto qui vont devoir payer une partie de la facture. Selon un rapport du bureau du Budget du Parlement, le G20 coûterait 930 millions de dollars canadiens soit près d'un milliard d'euros en frais de sécurité !
Le gouvernement a notamment investi 2 millions de dollars canadiens dans un pavillon destiné au marketing et aux médias et dans un immense écran vidéo géant.
Les habitants de Toronto auraient préféré que ces sommes exhorbitantes soient investies dans des oeuvres sociales ou éducatives !
Signes du mécontentement général, une partie des résidents a quitté la ville pour le weekend tandis qu'une autre partie est venue accroître la foule des manifestants, criant au G20 : "Fight the war on the poor! Make the rich pay!" (Luttez contre la pauvreté ! Faites payer les riches!).
Le sommet du G20 va-t-il réussir ? La majorité des observateurs en doute.
Dernières nouvelles : conclusions du G20
Comme on s'y attendait le bilan de ce sommet du G20 est mitigé et les actions purement théoriques.
Malgré la bonne volonté de certains pays, le G20 n'est pas parvenu à parler d'une seule voix et à prendre des mesures d'apurement communes.
Une fois de plus, on a beaucoup discuté, on s'est félicité mutuellement d'avoir émis des idées, mais peu de choses concrètes sont sorties de ce sommet.
La question d'imposer une taxe aux banques a été écartée et remise au prochain sommet sans garantie qu'elle sera discutée même si le G20 reconnaît qu'il faut renforcer les règles de gestion des marchés financiers.
Il a été convenu que chaque pays pourra choisir sa stratégie pour relancer son économie. On évoque bien une concertation ou d'éventuels accords entre les membres du G20 mais sans trop y croire.
En revanche tout le monde est d'accord de réduire son déficit public, mais chacun le fera à sa façon.
Bref, dans l'esprit de nos dirigeants, la crise semble s'éloigner et, de ce fait, ils ressentent moins l'urgence des mesures d'assainissement... Or, il suffit de regarder l'évolution des places financières et des différentes économies pour se rendre compte que nous sommes toujours en crise. Espérons que les membres du G20 savent ce qu'ils font.

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