samedi 15 février 2014

Le MOOC, l'enseignement de masse en ligne

Depuis le début des années 2000, les grandes universités américaines dont le MIT et Harvard proposent aux internautes des formations à distance interactives et des formations sous forme de vidéos à consulter.
Au fil des années, cette méthode d'enseignement à distance alliée au développement des technologies de l'information s'est généralisée et représente une tendance majeure de l'enseignement du futur.
Chaque cours MOOC dure généralement entre 4 et 6 semaines (jusqu'à 14 ou 16 semaines pour les plus techniques) à raison de 4 à 8 heures par semaine pendant lesquelles les élèves suivent la formation uniquement par Internet.
Le but du concept étant de proposer une formation au plus grand nombre de personnes, le nombre d'élèves connectés peut atteindre plusieurs milliers et même centaines de milliers de personnes.
Le cours est assorti d'exercices que l'élève doit réaliser. Il peut également disposer d'un syllabus, consulter les ressources en ligne et faire appel aux connaissances des autres élèves à travers des forums (social learning).
Ce concept a été baptisé "Massive Open Online Courses" (Cours de masse libres et ouverts) ou MOOC.
Ces cours sont proposés dans de nombreuses disciplines (mathématiques, statistiques, analyse numérique, informatique, biologie, sciences juridiques, sociologie, santé, art, histoire, politique, finance, cosmologie, etc.) et sont ouverts à tous. Certains sont gratuits d'autres payants. Nous y reviendrons.



Si la plupart des MOOCs ne sont pas certifiants et offrent simplement accès à de la connaissance, certaines formations sont qualifiantes et même diplômantes, émises par de prestigieuses universités.
L'avantage des MOOCs est de permettre à des étudiants du monde entier de se former via Internet sur des matières qu'autrement ils ne pourraient peut-être jamais étudier faute d'argent ou d'enseignants locaux compétents.
De plus, les universités proposant ces formations font généralement appel à des professeurs réputés, parfois même au directeur de la chaire universitaire concernée. On ne pourrait être mieux formé !
Notons que les formations touchant des métiers manuels, celles exigeant une expertise pratique (médecine), des stages et autres doctorats, sont bien sûr exclues des enseignements à distance.


MOOC payant
Si le MOOC est gratuit par définition ("Open"), l'établissant de formation assurant une mission philanthropique, certains cours sont payants et passent par un abonnement (entre 30 et 150$/mois).
On ne parle donc plus de MOOC au sens strict et le but est bien de faire du business. L'enseignement se fait par vidéo (genre YouTube mais sur un réseau privé) et n'est pas interactif, l'enseignant étant soit une voix off soit réduit à une incrustation dans le support vidéo.
La souscription permet à l'élève de bénéficier d'un accès en ligne permanent sur la totalité ou une partie des ressources (vidéo, rapports, hyperliens, etc) selon le type abonnement.
A défaut de professeur en ligne (en raison du décalage horaire), l'élève peut accéder à un forum, un support technique ou d'autres formes d'aides plus ou moins différées.
Certaines formations payantes sont également assorties d'examens et de certificats ou de diplômes officiels.

Document Wikipedia.
Parmi les MOOCs existants, citons France Université Numérique, une organisation créé en 2014, où tous les cours sont donnés en français.
Pour les anglophones, citons les plates-formes Class CentralDegreed et EdX (USA), Future Learn (GB), Iversity (D) et MiriadaX (E). C'est bien sûr en anglais que vous trouverez l'offre la plus vaste et à un prix défiant toute concurrence.
Vous trouverez une liste des principaux MOOCs sur le site BDPA Detroit Chapter.


Les limites des MOOCs
Les MOOCs offrent des avantages et des inconvénients. Si les uns sont gratuits d'autres reviennent à plusieurs centaines d'euros pour un cursus complet. Néanmoins, c'est toujours meilleur marché qu'une inscription dans une université (5000-50000$/an) ou même une semaine de cours en salle de classe (500-3000€).
Les MOOCs peu fréquentés permettent parfois d'interagir avec le professeur mais c'est de moins en moins le cas, succès oblige. Ainsi, en 2013 quelque 300000 personnes se sont inscrites au cours payant d'introduction à l'informatique donné par Udacity. Difficile d'imaginer interrompre le cours pour répondre à la question posée par un internaute...
Aussi, en pratique, la plupart des enseignants n'ont pas le temps de répondre individuellement aux étudiants et ne répondent donc pas aux e-mails ni aux questions posées sur les forums. Il est donc impossible d'interrompre le cours qui prend la forme d'un exposé universitaire ex cathedra.
C'est la raison pour laquelle des forums sont mis en place où les élèves peuvent discuter entre eux.


En revanche, pour les cours techniques, une équipe support est parfois disponible, y compris chez le développeur, mais la réponse sera de toute façon différée la plupart du temps.
Certaines formations sont certifiantes d'autres pas et les diplômes éventuels n'ont peut-être pas d'équivalence à l'étranger et ne valent donc rien dans votre pays.
Ceci dit, le taux de réussite à ces examens reste très faible, moins de 5% des élèves inscrits réussissent. On peut donc se poser la question de la qualité pédagogique et de l'intérêt de la méthode.
Bien sûr, à choisir entre un candidat titulaire d'un diplôme MOOC d'Harvard et un concurrent n'ayant pas suivi cette formation ou n'ayant pas obtenu de certificat, l'employeur sera tout de même tenté de choisir le candidat ayant le document de la prestigieuse université qui ne doit pas sa réputation au fruit du hasard. En espérant que l'employeur basera également son jugement sur des critères plus concrets !
Enfin, les MOOCs ont la réputation d'encourager la "fuite des cerveaux". En effet, parmi le petit nombre d'élèves réussissant les examens avec brio, une poignée d'étudiants asiatiques ayant réussi tous leurs examens se sont vus offrir une bourse d'étude pour poursuivre leur cursus académique aux Etats-Unis.
Il est évident que chaque pays est responsable de la stratégie de son système d'éducation et des infrastructures technologiques qu'elle met à la disposition du public (et des restrictions éventuelles dans certains pays non démocratiques).
Mais en occident, rien n'empêche un ministère de l'Enseignement de conclure des accords avec les universités proposant des MOOCs et de négocier des conditions sur le recrutement forcé de ses étudiants nationaux.


Le retard chronique de l'Europe
Si le MOOC est pratiqué par 80% des établissements américains en 2014, l'enseignement en ligne n'est proposé que par 3% des écoles françaises et une poignée dans les autres pays d'Europe. Autrement dit, ce modèle d'enseignement est encore passablement inconnu du système d'éducation européen.
En France, un sondage révèle que 18% des enseignants connaissent la signification de MOOC contre à peine 5% des étudiants. Un collectif anti-MOOC a même été créé en France !
Bref tout est encore à inventer et certains n'ont encore rien compris à l'intérêt de l'éducation à distance !
Espérons que le programme "Horizon 2020" de l'Europe incitera les écoles techniques et les universités à investir dans les MOOCs car il en va peut-être de l'avenir de l'éducation.
Les limites de l'enseignement
Tout élève qui s'inscrit à une formation, qu'elle soit donnée dans une salle de classe ou à distance a le sentiment de satisfaire sa curiosité, d'apprendre quelque chose et cela le rassure sur ses compétences.
Toutefois, d'un point sociologique, il faut rappeler que l'enseignement présente des limites. Le fait d'étudier, de réaliser correctement les exercices et de répondre correctement aux questions du quiz ou de l'examen confirme uniquement la connaissance théorique de l'élève et qu'il a une bonne mémoire à court terme.
En aucun cas, un certificat ou un diplôme ne rend une personne compétente et plus intelligente (un sentiment encore sacro-saint dans l'esprit d'une majorité d'employeurs Fançais).


Nous connaissons tous des employés certifiés et autres managers ayant suivi des formations périodiques et même diplômantes qui ont réponse à tout sur le plan théorique, hors contexte, mais qui sont incapables de résoudre un problème pratique, de comprendre le problème, d'imaginer la solution, d'écouter, de diriger une équipe, de prendre ses responsabilités, de s'organiser, d'avoir de la rigueur ou de traduire les besoins du client en projet concret.
Si la connaissance en soi et les certifications peuvent être enrichissantes sur le plan personnel et de l'ego, si on vise à enrichir ses compétences et évoluer sur le plan professionnel, l'enseignement est inutile et n'offre aucun débouché si la personne ne pratique pas et n'a aucune expérience du métier. Autant savoir.

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