mardi 13 janvier 2015

Les cellules terroristes en sommeil : un risque sous-estimé

Cette fois, c'est décidé, ca va changer ! Suite aux attentats commis en France en janvier 2015 qui causèrent la mort de 17 personnes en 3 jours, face à la détermination des terroristes islamistes et au dysfonctionnement évident du système judiciaire, les autorités ont décidé de réformer leur sécurité intérieure et leur politique extérieure.  Certains diront que les autorités prennent enfin leurs responsabilités.
De fait, une fois de plus, il fallut attendre une catastrophe et un carnage pour que les autorités prennent toute la mesure du risque lié au terrorisme.
En décidant de réformer leur politique et de renforcer la législation afin de mieux lutter contre le terrorisme, les autorités avouent indirectement leur impuissance et avoir été irresponsables dans cette affaire.
D'autres diront que le gouvernement n'a fait que suivre son plan d'action antiterrorisme validé il y a quelques années par tous les ministres concernés.
Derrière cette polémique, il faut reconnaître que le problème ne date pas d'hier, la France notamment ayant une expérience de la lutte contre le terrorisme de plus de 50 ans (attentat de l'OAS, 1961). Pourtant le pire est arrivé.
La question est de savoir si nous aurions pu l'éviter ? Et se pose ensuite la question, comment éviter qu'un tel scénario se répète à l'avenir ? Retour sur un scénario annoncé et comment éviter le prochain bain de sang.
Estimation du risque terroriste
Le risque le plus dangereux auquel les pays démocratiques sont confrontés est l'inconscience de sa population et la naïveté des autorités face à la violence organisée.
En effet, depuis quelques décennies, la population européenne a le sentiment d'être en sécurité alors que l'Etat sait pertinemment bien à travers les comptes-rendus de son pouvoir exécutif et ses contacts à l'étranger que des groupes révolutionnaires et des cellules terroristes sont en sommeil (ce qui veut dire qu'elles gardent un oeil ouvert sur l'actualité) ou tentent d'organiser des attentats dans les principales capitales européennes.

Carte du terrorisme mondial 2012. Document Sécurité Publique Canada.
Les cellules terroriste en sommeil : la nouvelle réalité
Depuis le 10 janvier 2015, la France ainsi que d'autres pays ont mis en alerte leurs forces de l'ordre pour éradiquer de leur territoire la menace terroriste.
Selon Samuel Laurent, consultant français en terrorisme et auteur de livres sur le sujet (dont voici une critique assez sévère), cette menace est devenue beaucoup plus difficile à éliminer aujourd'hui que par le passé car le visage du terrorisme a évolué et l'Etat n'a pas pris conscience de ce changement ou trop tardivement. On y reviendra en détail.
Pourtant le MI5 connaît très bien l'existence des cellules terroristes dormantes comme en témoigne cet article publié dans le webzine britannique Metro en 2008. Le problème n'est donc pas récent et tous les services de renseignements européens échangent en principe ce type d'information.
Il y a trois jours, la chaîne américaine CNN qui tient toujours ses informations de bonnes sources, a confirmé que cette menace provient de cellules terroristes en sommeil.
En fait, en Occident ce sont les seules petites organisations terroristes avec les fanatiques isolés qui peuvent encore passer entre les mailles des réseaux policiers.
Combien sont-elles ? Difficile de le savoir par définition. Mais sans commettre d'attentats, ces terroristes (soit potentiels soit ayant déjà un passé criminel) doivent bien sortir de chez eux, acheter des armes, des munitions, s'entraîner, se réunir, communiquer et donc se manifester de temps en temps, soit directement dans la rue soit via les réseaux (Internet, GSM, etc).
Selon certaines sources gouvernementales, il y aurait plus d'une dizaine de cellules terroristes en sommeil en Europe, représentant plus d'une centaine d'individus prêts à commettre des attentats. Qui, quand, où, comment ? C'est tout le problème.
La plupart des citoyens ne suivent pas cette actualité ou très superficiellement ou n'ont y pas accès. Le sujet est donc passablement passé sous silence à l'exception des rares reportages diffusés à la télévision ou des articles de presse publiés sur les sites Internet des principaux journaux ou sur des forums spécialisés.
Généralement noyés dans le flot des informations et traitant d'un sujet rarement heureux et très sérieux, ce n'est pas le genre de sujet qu'affectionnent la plupart des citoyens.
Autrement dit, le grand public n'est pas sensibilisé à ce risque ou pire, dès lors qu'il n'en entend pas parlé, pense a priori que l'Etat maîtrise la situation, a les moyens de contrôler ou d'éliminer toute menace.

L'équipement individuel du GIGN de la gendarmerie nationale française. La force brutale est le seul langage que comprennent les terroristes. Mais avec un effectif de 380 personnes en 2014 et un budget inférieur à 2 millions d'euros, son champ d'action est réduit et donc ses missions sont très ciblées, essentiellement focalisées sur des situations de crise autour du contre-terrorisme.
Si le public pense avoir raison, alors pourquoi avons-nous assisté à ces attentats ? Simplement parce que l'Etat ne dit pas toute la vérité et soigne son image.
La Justice entre ombre et lumière
En soi, le Gouvernement n'a aucun intérêt à semer la panique dans la population en déclarant que ses services ont déjoué telle ou telle tentative criminelle. Comme dans toute activité à risque, en cette matière ultra sensible la discrétion est préférable à la publicité.
Evoquer un risque ou une possible faille peut être très profitable quand on peut l'éliminer et en tirer profit - dans ce cas autant le faire savoir - mais c'est aussi réveiller les démons et s'exposer à des risques inutiles si on ne les contrôle pas totalement. Et c'est bien de cela qu'il s'agit aujourd'hui.
Les autorités ont donc juste intérêt à nous rassurer en démontrant que leur plan de lutte contre le banditisme et le terrorisme est efficace.
Vrai ou faux, seuls les experts pourront ou non encore se regarder dans la glace, tandis que les citoyens vaqueront à leurs occupations sans crainte et sans manifester.
Si les autorités veulent être convaincantes, rien de mieux que d'annoncer aux médias que les forces de l'ordre ont capturé un terroriste ou démantelé une cellule terroriste. Comme c'est rarement le cas, soit il n'y a pas de terroristes sur le territoire, soit ils n'ont pas encore été capturés. Malheureusement, un faisceau d'indices plaide en faveur de la deuxième solution.
Combien de personnes prônant le djihad et favorables au terrorisme ont été identifiées ou condamnées dernièrement ? Combien de cellules terroristes ont été démantelées et combien d'attentats ont été déjoués ces derniers mois ?

Un risque faible comme celui des attentats terroristes sur notre territoire ne veut pas dire sans conséquences majeures quand il se concrétise. Il doit être géré en priorité, et d'autant plus qu'il touche potentiellement à des vies humaines. Documents Global Terrorism Database/UMD.

Le Ministère de l'Intérieur français, belge, anglais, allemand ou italien n'avouera jamais le nombre de tentatives d'attentats que ses agents ont déjoué. Mais chaque fois que le sujet est abordé, les responsables de ces services déclarent sans ambiguïté qu'ils ont déjoué de nombreuses tentatives criminelles, y compris des attentats, au cours de l'année.
En cherchant un peu dans les rapports officiels, notamment ceux d'Europol et de l'OTAN, on append qu'en Europe, ce sont plus de 500 attentats qui sont déjoués chaque année et ce nombre augmente.
En parallèle, ces dernières années l'Angleterre, la France, l'Italie et la Grèce ont été victimes de plusieurs attentats chaque année (entre 30 et 100 incidents terroristes selon les pays, soit jusqu'à plus d'un chaque semaine).
Mais ce n'est pas tout, car il faut y ajouter les arrestations d'islamistes, indépendantistes et autres membres de l'Extrême gauche ou droite qui sont aussi nombreuses que les tentatives d'attentats.
Enfin, il y a les centaines d'incidents inciviques faisant allusion au terrorisme se déroulant dans les lieux publics et les écoles notamment.
Maintenant que nous connaissons l'ampleur, les impacts et les risques du terrorisme en Europe, quel est le profil des terroristes ? Peut-on les réunir dans des profils types afin de mieux cerner et éliminer cette menace ?
Profils terroristes
Sans verser dans la paranoïa ou l'exagération, nous pouvons identifier trois principaux profils psycho-sociologiques types susceptibles de dériver vers le terrorisme : 
- l'individu désoeuvré, issu d'une classe sociale défavorisée, refusant l'autorité et motivé par des a priori et l'influence négative de ses relations.
- l'extrémiste dont les opinions politiques ou religieuse peuvent dans certains cas déterminer son style de vie et le conduire jusqu'au radicalisme politique ou le fondamentalisme religieux plus ou moins réactionnaire.  Parmi ces tendances extrémistes, les plus connues sont malheureusement les islamistes radicaux et les fanatiques.
- le révolutionnaire sans foi ni loi qui s'associe avec n'importe quelle mouvance ou qui agit en fonction de son seul intérêt. C'est le profil le plus dangereux car c'est un individualiste marginal qui agit en dehors de tout cadre.
Ces trois profils peuvent se combiner et leur proportion varie d'un pays à l'autre, en fonction des régimes politiques, de la situation socio-économique du pays, des confessions et des affinités individuelles.
Il s'agit de profils généraux qu'il ne faut surtout pas associer prématurément à certaines minorités ou confessions.
Pas d’amalgame
Si la majorité des attentats sont commis par des terroristes d'origine arabe et musulmans, il faut rappeler que l'Islam condamne le terrorisme et toute forme de crime.
Ne faisons surtout pas l’amalgame de penser que toutes les personnes sans emploi, en difficulté, portant la barbe ou parlant arabe sont des terroristes potentiels !
Les Musulmans appellent les terroristes "awarech", "kharj ean alqanun" ou "mujrm", c'est-à-dire des hors-la-loi, des criminels. Aussi, demander à un Arabe ou un Musulman s'il est islamiste ou fréquente des radicaux cela revient à demander à un Francophone ou un Chrétien s'il est de connivence avec des assassins...
Pourtant en Europe comme aux Etats-Unis, les autorités n'hésitent pas à resserrer la surveillance autour des Musulmans. Pire, aux Etats-Unis, leurs droits ont été réduits et certaines entreprises américaines n'engagent plus d'Européens depuis les attentats de Paris !
Rappelons que parmi les terroristes appréhendés, il y a des ressortissants occidentaux d'origine américaine ou européenne qui avaient un emploi et étaient même serviables avant de devenir des criminels.
Pour comprendre à quel point le terroriste en sommeil représente un risque élevé qu'il faut gérer, prenons deux exemples fictifs construits à partir des  différents profils évoqués ci-dessus ayant déjà inquiété les autorités luttant contre le terrorisme.
Scénarii terroristes
Imaginez une personne, généralement un homme et relativement jeune (18-30 ans), ayant le profil d'un musulman à tendance intégriste.
Il peut avoir acquis la nationalité de son pays de résidence ou même être né dans son pays d'adoption et être intégré. Il peut aussi avoir émigré du Maghreb ou du Moyen-Orient (Syrie, Irak) et tenté sa chance en Europe. Il peut être présent sur le territoire depuis des années ou, plus rarement, avoir été invité par un réseau de relations dans un but précis, celui de planifier un attentat à court terme.
En général cet individu travaille honnêtement ou est fraîchement diplômé d'une école européenne ou du monde arabe. Il paraît intégré mais n'en garde pas moins des affinités avec les islamistes.
Malheureusement, les plus jeunes ont parfois décroché du système scolaire dès 14 ans, refusent l'autorité et terminent leur jeunesse sans qualification ni travail et traînent là où ils peuvent en quête d'espoir.
D'autres, bien que diplômés, sont sans emploi et ont également le sentiment d'être inutiles, ils sont démoralisés et prêts à commettre le pire. Sans être mis au ban de la société, ils ont le sentiment d'être incompris et exclus.
Les médias semblent renforcer leur opinion quand ils apprennent que les chômeurs sont mal considérés dans certains ministères et exclus du système de sécurité sociale.
Comme si cela ne suffisait pas à saper leur moral, la plupart des films ne font que renforcer l'image négative des chômeurs et des étrangers quand ils ne sont pas associés à ceux des profiteurs et des drogués.

Si les imams dirigeant la prière sont généralement modérés en Occident, certains sont favorables et même supporte l'islamisme radical. En 2014, l'imam Abou Amza fut condamné à la perpétuité aux Etats-Unis pour avoir notamment aidé des terroristes. Cet imam prêchait la "bonne parole" dans la mosquée de Finsbury Park à Londres. Un musulman mal intégré et psychologiquement fragile se rend régulièrement à la mosquée pour la prière commune. Il risque d'être influencé par le discours d'un tel imam intégriste.
Cet individu a découvert les idées islamistes il y a quelques années mais il est encore considéré comme un "amateur", un "apprenti" dans l'esprit de son gourou, l'idéologue local.
Néanmoins, par curiosité puis par intérêt, il a appris à manipuler des armes de guerre, armes de poings et fusils d'assauts, grâce à des relations underground. Certains, plus fortunés ou radicaux ont même acheté des armes qu'ils conservent secrètement en dehors de leur domicile.
Cet individu est en contact amical avec des intégristes de sa génération habitant sa ville qu'il a rencontré à la mosquée, dans des associations de jeunesse, à l'université ou sur les réseaux sociaux.
Il discute régulièrement avec eux de leur place dans la société et de l'Islam mais ils échangent également des idées subversives qui vont toujours dans le même sens. A savoir, qu'ils veulent se rendre utile, défendre leur foi et leurs opinions et faire le djihad contre les mécréants occidentaux. S'il faut mourir en martyr, ils le feront au nom d'Allah et ce sera soi-disant tout à l'honneur de leur communauté, le soi-disant Paradis ou plutôt les sept Portes de l'Eden et la reconnaissance éternelle étant leur salut.
A force d'endoctrinement, ces individus vont renforcer leur opinion, croire fermement qu'ils détiennent la seule Vérité et même s'auto-motiver, pour finir par se marginaliser. Ils vont s'éloigner de leur cercle familial, les seules personnes proches pouvant les influencer positivement et les convaincre que leurs idées sont potentiellement criminelles et loin de l'esprit des textes du Prophète.
Malheureusement leurs parents ne communiquent pratiquement plus avec leur enfant. Ils pensent qu'il est un honnête citoyen, sans problème et sans soucis bien qu'un peu trop calme ou renfermé et ne vont jamais prendre conscience que leur enfant est en train de se radicaliser, de mettre sa vie en danger et celle d'autrui.
Puis un jour, tout bascule et ces islamistes se réveillent avec l'intention de servir leur cause.

Le terrorisme touche tous les pays, tant ceux qui entraînent les terroristes que ceux qui en sont victimes. Parfois, comme en Syrie, en Palestine ou au Pakistan, les deux groupes s'affrontent dans le même pays ou certains partis politiques ont même une branche armée. Ce sont ces mêmes individus qu'on retrouve en Occident. Ci-dessus, des hommes soupçonnés d'être des terroristes ont été arrêtés par la police pakistanaise dans le district de Khyber, le 15 septembre 2012. Document AFP/A. MAJEED.
Du sommeil à l'action
L'un de ces islamistes décide de contacter un imam connu pour son idéologie pro-islamiste. Le religieux lui enseigne les principes du djihad mais résidant dans un pays démocratique et se sachant surveillé, il ne veut pas prendre de décision à sa place; il ne l'incite ni à fomenter un attentat ni à partir en Syrie par exemple pour se battre aux côté de ses frères musulmans.
Dans d'autres cas, le religieux est plus déterminé et non seulement il lui enseigne les principes de la guerre sainte mais préférant rester en dehors de ces histoires, il lui indique simplement quelques relations dans le milieu.
Enfin, le jeune peut aussi être déçu par l'attitude qu'il juge trop modérée et pro-occidentale de son imam ou de son gourou islamiste. Il persévère et finit par entrer en contact avec un groupe sans scrupule ayant à son actif quelques braquages ou crimes du premier degré. Certains ont déjà fait de la prison ferme ou ont même récidivé et vivent à présent à couvert, évitant de croiser des policiers.
L'objectif de cette cellule comme de toutes les autres en sommeil dans le pays, est de porter le djihad en Europe et ils sont sur le point d'organiser un gros coup dans la capitale.
C'est ce genre de scénario tragique qui fut à l'origine des attentats commis contre Charlie Hebdo.


Si cet individu veut défendre la cause des islamistes, par ses propos prônant la charia, l'intégrisme et la violence, il sera inévitablement entendu et trouvera toujours des adeptes défendant sa cause, ne fut-ce qu'auprès de ses amis ainsi qu'auprès d'une certaine frange de la population, généralement non chrétienne, désabusée, rebelle et le plus souvent de culture étrangère.
En fait, aucun de ces islamistes ne supporte que l'on se moque de leur religion comme le font soi-disant les Occidentaux, ni le carcan de "l'impérialisme américain" et sa politique interventionniste à laquelle adhèrent les pays européens, en leur nom propre ou par le biais de l'ONU.
Par leurs prises de positions et leur idéologie radicale, ces terroristes potentiels ou en sommeil risquent de répandre leurs idées révolutionnaires et de passer un jour à l'acte sous la pression de leurs camarades ou suite à des évènements médiatisés.


Ailleurs dans la ville, un autre jeune extrémiste mais relativement discret à la possibilité d'accéder à un poste de salarié permanent. Il peut réunir suffisamment d'argent pour réaliser ses projets. Malheureusement, ce ne sont pas des projets pacifiques.
Il trouve sur Internet et à travers les nouvelles relations qu'il tisse des contacts prêts à lui fournir tout le support dont il a besoin et en particulier des armes, des munitions et l'entraînement nécessaire.
Dans tous les cas, l'habit ne fait pas le moine. Comme le font certains membres de l'Extrême droite et certains humoristes racistes, ces individus sont déterminés et vont continuer à côtoyer des extrémistes, dans ce cas-ci des islamistes radicaux et fréquenter un monde underground de radicaux qui évitent d'apparaître au grand jour pour éviter les soupçons.

La campagne "Not in my name" lancée en septembre 2014 par l'organisation britannique Active Change Foundation a rassemblé de jeunes musulmans dans le but de contrecarrer la propagande de Daech (l'Etat Islamique) et les amalgames entre musulman et islamiste, islam et extrémisme. La compagne fut reprise dans  la plupart des pays démocratiques, y compris d'autres confessions.
De l'espoir au désespoir
Sur le plan professionnel, l'accès au monde du travail ne dépend pas uniquement des compétences ou de la bonne volonté des individus mais également du marché.
Dans la période actuelle, où l'Europe s'enlise dans une crise structurelle majeure (elle n'affronte pas seulement des crises temporaires d'ordre socio-économique et parfois financière), les Etats semblent impuissants à enrayer l'augmentation du chômage si ce n'est que de quelques points et temporairement.
Pourtant, en dehors de l'Europe, certains pays ont la solution et présentent un taux de croissance à deux chiffres. Evidemment, sur le terrain le problème n'est jamais aussi binaire et même les meilleurs économistes s’empêtrent dans les contradictions de leurs scénarii.

De nos jours, même les jeunes s'offusquent ou se rebellent quand les adultes remettent leurs comportements inciviques ou leurs idées extrémistes en question. A croire que la morale et la discipline ont disparu de l'éducation parentale et scolaire. Allons-nous devoir réinstaurer le service militaire ? Pourquoi pas.
Mais dans tous les cas de figures, l'avenir professionnel des personnes sans qualification et même des jeunes européens n'apparaît pas sous les meilleures auspices.
Cette incertitude et ce stress qui planent sur une fraction sensible de la population (jusqu'à 25% des jeunes sont sans emploi dans certaines villes européennes, entre 7% et 25% des 18-65 ans selon les pays) ne font que renforcer leur sentiment d'exclusion et parfois de jalousie envers ceux qui travaillent et même de haine envers ceux qui se moquent d'eux ou de leur confession, même sur le ton de l'humour.
Ajoutez leur désoeuvrement, une certaine fragilité psychologique parfois alourdie par des soucis financiers, sentimentaux et un manque d'éducation, certaines personnes vont perdre tout espoir et sombrer dans la délinquance.
Mal entourées, parfois surveillées, elles peuvent être séduites par le discours réconfortant et les "solutions miracles" que proposent les membres des groupes et partis extrémistes et fondamentalistes.
Les plus déterminés en perdent tout sens de la raison et toute humanité au point de mettre leurs projets sanglants à exécution. Ces barbares sans foi ni loi vivent parmi de nous.

Depuis quelques années, dans plusieurs pays démocratiques dont la France, les mineurs délinquants sont fichés dès l'âge de 13 ans. Aux Etats-Unis, certains états n'hésitent pas à condamner à la perpétuité des mineurs criminels. Toutefois, grâce à l'aide d'ONG et d'avocats tenaces, un peu plus humains que la justice, la plupart de ces procès sont révisés compte tenu de l'âge du délinquant et la peine réduite.
Evaluation du risque
Un danger pour la démocratie
A côté du danger immédiat que représente un attentat terroriste et ses effets indirects dans la société, il y a un risque encore sous-estimé par beaucoup de dirigeants qui est celui du pouvoir potentiel des terroristes islamistes d'imposer leurs idées aux ressortissants des pays démocratiques.
Il y a 2000 ans et pratiquement jusqu'au siècle dernier, l'Europe était le centre du monde. Aujourd'hui encore, bien que le coeur des sciences et des technologies se soit déplacé vers les Etats-Unis, malgré les clichés péjoratifs attachés au "vieux continent" et à la politique européenne très discutable sur bien des plans, l'Europe reste une référence dans le monde, pas seulement en matière de culture mais également pour sa politique démocratique et sa moralité.
Sur le plan politique, il y a une grande différence entre les barbares et musulmans qui ont envahi l'Europe il y a deux mille ans et les barbares modernes représentés par une certaine frange de migrants sans foi ni loi et les auteurs des attentats d'aujourd'hui qui sèment la terreur.
Au cours de l'histoire, les envahisseurs qui ont conquis l'Europe ont accepté de se convertir à la religion de l'Empire d'Occident ou inversement les grands  conquérants occidentaux ont bâti des empires en laissant la liberté de culte à chaque peuple, certains comme le Grec (Macédonien) Alexandre le Grand ayant même fini par adopter la religion, les moeurs et les coutumes pratiquées à Babylone, en Perse, au grand désarroi des Grecs.
Aujourd'hui, les nouveaux barbares qui prêtent allégeance à Daech sont pour la plupart des musulmans radicalisés. A défaut de pouvoir bâtir un califat au Moyen-Orient, ils essayent d'envahir l'Europe et tous les pays démocratiques soit en personne soit à travers la propagande prêchée par des mollahs obscurantistes relayée par des chefs de bandes dans le but d'imposer à la population a priori docile et peu critique leurs moeurs barbares sous le faux prétexte que cela répondrait aux prescriptions du Coran.


Cette invasion par les idées est plus dangereuse et perverse qu'un ou même dix attentats car en période de crise comme on en connait aujourd'hui en Occident, les personnes en porte-à-faux par rapport à la communauté dans laquelle ils vivent ont tendance à apprécier les idées révolutionnaires qui prônent par exemple la fin des privilèges des plus nantis, un monde plus social et solidaire, nationaliste, bref qui leur assure le respect, de meilleures conditions de vie dans un état unifié en l'occurrence sous la bannière islamiste. Ces idées radicalistes ont le pouvoir de convertir des peuples et de renverser le pouvoir en place pour le remplacer par des personnages représentant mieux leur régime totalitaire. Il ne faut pas remonter très loin dans l'Histoire pour en avoir de tragiques exemples.
C'est donc ce risque associé à la concrétisation de la propagande des idées révolutionnaires et subversives et aux actions criminelles que prônent les terroristes de Daech auquel il faut urgemment mettre fin et pour ainsi dire par tous les moyens, démocratiques entendons-nous bien.
Evaluation du risque
A présent que le risque est quantifié, identifié et estimé, que représente-t-il dans l'ensemble des risques de mortalité ?
On se doute qu'en Occident le risque est très faible et le tableau ci-joint décrit ce qu'il représente concrètement.
Nous avons par exemple 17600 fois plus de malchance de mourir d'une déficience cardiaque, 12571 fois plus de mourir d'une forme de cancer, 11000 fois plus de mourir d'un accident d'avion ou 1048 fois plus fréquemment de décéder dans un accident de voiture que dans un attentat terroriste.
En fait, chacun pense pouvoir échapper à tous les risques ou du moins être capable de contrôler leur gravité. En revanche, on subit le terrorisme (et bien d'autres risques).
Aussi, quoi que disent les chiffres, chaque attentat est un de trop et compte parmi les risques face auxquels tout le monde est d'accord : il faut l'éviter ou l'éliminer.
Mais à la différence des autres risques quantifiables auprès des assureurs par exemple, l'évaluation du risque terroriste est en partie subjective et ne peut donc pas être mesurée avec des appareils.
En revanche, les services de renseignements et de police disposent de certains moyens pour évaluer ce risque comme les écoutes téléphoniques, les filatures, le contrôle aux aéroports, etc. Cela fait partie des procédures de traitement du risque sur lesquelles nous reviendrons.
La démocratie et la répression
A présent que nous comprenons ce que représente le risque de terrorisme, avons une idée de ses origines et quel est son impact, si nous voulons mettre fin au terrorisme (un voeux pieux), vivant en démocratie, se pose la question de la répression.
Un régime démocratique est-il compatible avec la répression ? Voilà un bon sujet de Bac ! Mais la divergence des opinions risque d'étonner et même d'agacer les correcteurs !
En effet, si la réponse paraît évidente (chacun à le droit de défendre sa liberté), sur le plan juridique la réponse est plus nuancée car une telle action risque d'entrer en conflit avec les libertés des peuples.
Ceci dit, il faut tout de même que les gouvernements répondent aux attentes de leurs citoyens.
A part la réponse triviale, toute la question est de savoir quel niveau de sécurité les citoyens et l'Etat sont prêts à accepter et à quel prix.
Tous les démocrates sont donc d'accord qu'il faut réagir face à la menace mais dans le respect des lois démocratiques. Il faut donc mettre en place un plan définissant la menace, le cadre des actions répressives et éviter tout amalgame.

On peut remettre en question les décisions influencées par les lobbies et les abus du Parlement européen mais il faut reconnaître que son rôle est nécessaire pour défendre les intérêts des pays européens face aux diktats et l'hégémonie commerciale et parfois politique des Etats-Unis, de la Russie et de certains pays asiatiques. Cette institution supranationale a également un rôle important à jouer dans l'harmonisation de la politique de lutte contre le terrorisme.
Définition et plan d'action
Parler de répression évoque pour certains un régime de terreur et la dictature. Il faut donc d'abord définir ce dont on parle. La répression est l'acte de punir et d'exercer des contraintes contre les personnes à l'origine d'un désordre ou de violence. Cela concerne donc toutes les formes de subversions et les actes terroristes.
Ensuite se posent les questions de l'identification de la menace, des actions à conduire, sous quelles formes, pour quelle durée et avec quelles ressources.
Comme c'est trop souvent le cas dans le monde carcéral, il ne faudrait plus qu'on entende des "excuses" comme celles qu'on entend trop souvent de la bouche même du pouvoir judiciaire à propos des délinquants ou des extrémistes récidivistes : "on le connaît bien", "il a déjà fait de la prison", "c'était un prisonnier exemplaire", "c'est un récidiviste", "il est fiché"... Nous voyons régulièrement comment cela se termine : viol, assassinat, attentat !
A cela, les ministres de tutelle nous répondent qu'ils n'emprisonnent pas obligatoirement ces suspects ou ces récidivistes car d'une part d'autres personnes dans la même situation se sont réellement repentis et sont sortis de la spirale de la violence et d'autre part, certaines personnes sont laissées en liberté surveillées (sic!) car elles peuvent aider les enquêteurs à identifier les autres membres éventuels de leur organisation ou les conduire jusqu'au QG de ces terroristes, et démanteler tout un réseau. A chacun de juger l'efficacité d'une telle politique. Elle n'est visiblement pas adaptée au risque.
Les solutions
Les Etats-Unis ont trouvé une solution : l'adulte qui est en prison pour crime de sang, en général il y passe sa vie. Dans certains états, il passe même de vie à trépas; on ne risque plus la récidive.
Pour l'instant l'Europe voit les choses autrement et a délibérément choisi de protéger les libertés individuelles, de limiter son pouvoir en réduisant ses contrôles au strict nécessaire. Nos gouvernements jugent que les citoyens sont responsables et que même les criminels méritent une deuxième chance. A chacun de juger de "l'efficacité" de cette stratégie.

Les deux terroristes face à la police juste après l'attentat chez Charlie Hebdo le 7 janvier 2015. Les terroristes qui se sont revendiqués d'al-Qaïda au Yémen étaient connus des services de renseignements et de la police. Document Anne Gelbard/AFP.
D'ores et déjà, on peut déjà affirmer que les personnes victimes de ces criminels ou tout qui redoute leurs actions voient les choses très différemment et sont tout à fait opposées à ce laxisme ambiant. Comme d'autres citoyens payant leurs impôts, elles ont des raisons légitimes pour exiger un changement et un renforcement de la répression.
Comme dans tous les pays, en Europe les pouvoirs de l'Etat sont potentiellement illimités. Mais jusqu'à présent, les gouvernements n'ont que très rarement voté des lois d'exception ou déclaré l'état d'urgence, c'est leur but.
Néanmoins, en France notamment, suite à des décisions européennes, au début des années 2000 certains ministres ont essayé de brider les libertés individuelles et notamment sur Internet. Cette politique est très mal passée auprès des citoyens, et d'autant plus dans un pays aux avant-postes des droits de l'homme (cf. cet article sur le cybercrime et la censure).
De plus, ce à quoi les sénateurs à l'origine de ces lois ne pensent généralement pas, c'est l'importance des transactions bancaires transitant par Internet et du commerce en ligne. Quel est le rapport ?
Un éventuel contrôle d'Internet signifierait que tous les moyens de cryptage seraient transparents pour les autorités, ce qui est d'ailleurs dans les capacités de la NSA (rappelez-vous le scandale PRISM) depuis qu'elle a installé son nouveau superordinateur Cray XC30 à Bluffdale en Utah.

Présentations Powerpoint de la NSA divulguées par Edward Snowden et à l'origine du scandale PRISM. Ces documents expliquent l'importance pour la NSA de la surveillance d'Internet, notamment des grands journaux en ligne, des messageries et des réseaux sociaux mais également des personnes publiques (politiciens étrangers) et finalement de tout le monde.
Notez la mention "TOP SECRET//COMINT//REL TO USA, AUS, CAN, GBR, NZL" sur ces deux documents. Ceci indique que cette présentation fait partie d'un programme top secret concernant le renseignement international (COMINT) relatif aux "Five Eyes" ou "deuxième partie" comprenant les pays historiquement proches des Etats-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie, le Canada et la Nouvelle Zélande. La "première partie" concerne les 16 services secrets américains. D'autres documents indiquent que tous les pays européens coopèrent avec les Etats-Unis.
Alors que plus de 99.9% de la population vit honnêtement, qui voudrait que la police accède quand elle veut à ses comptes bancaires, à ses emails personnels, sache sur quel site il a acheté quel article, bref s'insère dans sa vie privée sous prétexte de lutter contre le terrorisme ? L'abus de pouvoir et la violation de la vie privée sont à deux touches de leur clavier et personne ne peut l'accepter, surtout pas en Europe. En tout cas la question fait débat.
La démocratie, rempart contre les extrémistes
Dans "La République" (315 avant notre ère), Platon écrivit :"Selon toute vraisemblance, aucun autre régime ne peut donner naissance à la tyrannie que la démocratie; de la liberté extrême naît la servitude la plus complète et la plus terrible". Cette opinion émise par l'un des plus grands philosophes antiques pourrait renforcer l'opinion des intégristes et des révolutionnaires. Mais détrompez-vous.
En plus de 2300 ans, nos sociétés ont bien évolué; plus personne ne pense que la démocratie est une forme de tyrannie où le pouvoir réside entre les mains d'une foule ignorante n'écoutant que les opinions déterminés par ses passions, sans considération pour le bien et l'intérêt universel et commun.
C'est peut-être vrai dans les jeunes démocraties, mais en aucun cas dans les démocraties qui ont passé l'âge juvénile et sont devenues matures à grand renfort de représentants du peuple et de lois encadrant leurs pouvoirs.

"La Liberté guidant le peuple" d'Eugène Delacroix (1830).
Il n'empêche que certaines personnes considèrent encore que la démocratie est inégalitaire, lui préférant par exemple le régime communiste. Mais nous avons vu au cours du XXeme siècle tout le mal qu'a pu engendrer cette idée (cf. cet article).
Ceci dit, même en démocratie tout n'est pas permis. Comme on le dit souvent, "la liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres". Ou comme on le lit parfois, "la loi n'est pas faite pour le juste, mais bien contre celui qui est injuste". Dans ce contexte, il est évident qu'un régime démocratique doit être répressif s'il veut survivre.
Mais tout est une question de mesure et de point de vue. On peut tuer pour défendre sa liberté comme d'autres peuvent tuer au nom de Dieu ou d'Allah. Bien malin celui qui pourra jeter la pierre et désigner le coupable.
En fait, la réponse de savoir jusqu'où peut aller la répression dans un régime démocratique est loin d'être simple, noire ou blanche. Il faut donc examiner la question plus en détail et nuancer notre opinion.
La liberté d'expression, un sujet polémique
Concernant la liberté d'expression par exemple tellement revendiquée dans les démocraties mais aussi fréquemment invectivée voire pointée du fusil par les intolérants et les extrémistes de tout bord, il faut bien rappeler à chacun que le droit à l'humour et à la caricature politique est une liberté fondamentale.
"Le rire est le propre de l'homme" écrivait Rabelais dans "Gargantua" en 1534. Il est donc surprenant que certaines personnes ne le comprennent pas encore un demi-millénaire plus tard, où alors ce ne sont pas des êtres humains !


Trêve de plaisanterie, si un Etat décrète que les citoyens ont droit à la liberté d'expression, ce qui comprend le droit à l'humour et à la caricature politique, tout citoyen doit s'y plier et personne ne devrait y voir une atteinte personnelle ou à quoi que ce soit d'autre.
Autrement dit, aucun individu ne doit se sentir personnellement visé par des traits d'humour visant sa condition sociale, sa confession, ses opinions politiques, etc.
S'il fallait encore le préciser, l'humour en politique comme ailleurs est une forme d'esprit et de langage et certainement pas une dérive xénophobe !
Je suis Charlie
L'attentat contre Charlie Hebdo et les manifestions d'hommage qui suivirent un peu partout dans le monde, ont malheureusement révélé au grand jour et devant les caméras toute l'incompréhension existant entre les peuples de cultures différentes et de nouveau attisé la haine et la xénophobie.
Il est donc utile d'analyser la réaction des différentes parties pour mieux comprendre à quel point une simple manifestation d'hommage et un slogan peuvent être instrumentalisés et finalement servir la cause du terrorisme.

Cartographie du hashtag #jesuischarlie pour la seule journée du 7 janvier 2015. Le slogan a a été tweeté 6500 fois par minute et mentionné dans 3.4 millions de tweets en l'espace de 24 heures. Ainsi qu'on le constate, la plupart des pays musulmans d'Afrique et d'Asie n'y ont pas participé. Document posté par @TwritterFrance.
Si les démocrates ont vu dans le slogan "Je suis Charlie" la revendication des principes de la Liberté sans aucune intention malsaine, les peuples non démocratiques ou extrémistes l'ont plutôt interprété comme une réaction des occidentaux revendiquant le droit à la haine, au blasphème et une soi-disant supériorité, sous prétexte d'être blanc et de vivre en démocratie.
Deuxième choc pour les occidentaux et tous ceux partageant leur point de vue qui à travers ces attentats restent d'abord les victimes de leur liberté et regrettent ce malentendu et cette instrumentalisation.


Pour ses opposants, ce slogan est en fait devenu le symbole de l'incompréhension culturelle entre l'Occident et l'Orient, les Chrétiens et les Musulmans et les autres confessions.
C'est la raison pour laquelle des activistes et des groupes extrémistes de différentes confessions l'ont détourné en "I am Muslim", "Je ne suis ni Charlie ni terroriste, je suis musulman(e)", ou même de manière plus provocante par des pro-palestiniens en "Je suis Gaza", parmi d'autres slogans, y compris antidémocratiques.
Même la publicité s'en est emparée, comme les 3 Suisses, mais que le public n'a pas apprécié, même si le fabriquant s'est défendu d'avoir eu de mauvaises intentions et reconnut sa maladresse.
C'est ainsi que de simples dessins dénonçant la barbarie et des commentaires hostiles aux islamistes sont devenus à ce point lourds de sens qu'ils ont fini par tuer les plus pacifiques serviteurs de la démocratie et servi de prétexte à leurs opposants pour commettre les pires crimes.

Départ de la manifestation en faveur de la liberté d'expression depuis la Place de la République à Paris le 11 janvier 2015. On estime que 3.7 millions de personnes en France ont rendu hommage au combat de Charlie Hebdo, un élan de solidarité qui s'est répercuté aux quatre coins du monde. Document Slate.
Le droit et ses limites
Le droit a également ses limites comme l'explique cet article. Le fait d'injurier un citoyen en public par exemple, y compris via les réseaux sociaux, est punissable.
Maintenant, ne faisons pas l'amalgame entre humour et haine comme le font si allègrement les extrémistes !
Rappelons que si les citoyens ont un "droit de réponse" à tout commentaire ou publication les concernant, ce recours doit suivre une procédure précise (cf. le décret 2007-1527), y compris dans le cas d'Internet (cf. l'Article 6, IV, de la loi 2004-575 pour la confiance dans l'économie numérique).
On constate que même en démocratie, il y a donc des règles à respecter. Mais parfois l'Etat en abuse.
Ainsi, selon Amnesty International, la France comme d'autres pays européens, n'est pas exempte de tout reproche et ses rapports sur les violations des droits de l'homme le confirment chaque année.
Sachant cela, on n'est pas étonné d'apprendre que la France, comme la Belgique, l'Angleterre ou les Etats-Unis sont loin d'occuper les premières places dans le palmarès des démocraties (cf. l'Indice de la Démocratie).
Mais ce régime politique reste notre meilleur garde-fou contre toutes les formes d'excès et de violences.

Plus de 90% des attaques terroristes et 2% des décès liés au terrorismes ont lieu dans des pays peu ou non démocratiques. Si le terrorisme reste une menace pour les pays à tendance démocratique, elle se développe surtout dans les dictatures. La démocratie est son meilleur rempart. Document réparé en 2013 par le consortium national START de l'Université du Maryland sur base des statistiques de Global Terrorism Database.
Récemment, l'organisation Freedom House a publié un rapport sur le terrorisme dans lequel elle conclut que 9% des attaques terroristes et 2% des décès suite à un attentat terroriste se produisent dans les pays démocratiques contre une majorité dans les pays peu ou non démocratiques.
La conclusion est que si les règles démocratiques présentent effectivement des failles que les gouvernements exploitent plus ou moins selon leurs nécessités, elles restent les meilleurs outils des pays libres pour lutter contre l'intolérance, la haine et le terrorisme.
Le risque d'éclatement de l'union nationale
Le risque que nous encourrons en laissant s'exprimer ces islamistes radicaux, en laissant émerger ces cellules terroristes et en assistant à des attentats est de déstabiliser le pays et de voir éclater l'union nationale autour de la démocratie.
C'est le risque d'assister à une crise sociale et politique et la voie royale qui peut amener au pouvoir des partis radicaux, racistes et nationalistes avec tous les interdits et abus qu'ils représentent.
Si nous pouvons identifier le risque en amont, très tôt dans la chaîne des actions évoquées ci-dessus et le neutraliser, nous aurons éviter le pire et sauvé la démocratie.
Que fait-on maintenant ?
Depuis les attentats contre le World Trade Center et le Pentagone en 2001, tous les pays démocratiques et leurs alliés opposés au terrorisme ont décidé de réagir ensemble et par tous les moyens face au terrorisme. Les attentats contre Charlie Hebdo n'ont fait que renforcer la volonté des pays démocratiques à défendre leurs libertés.
Plans stratégique et tactique
Après avoir identifié le risque terroriste, ses objectifs, ses cibles, ses impacts potentiels ou avérés, ses moyens, ses combattants, compris leurs motivations, leur stratégie, la manière dont ils sont recrutés et entraînés et leurs points faibles, on peut cartographier ce risque et prédire les incidents avec plus ou moins de certitude, ce qui a permis à ce jour de déjouer de nombreuses tentatives d'attentats.
Grâce à ce type d'analyse, on ne craint plus le risque terroriste et au contraire on est suffisamment préparé pour définir un "plan de traitement" des différents risques et pour chaque risque identifié définir un plan d'action stratégique et/ou tactique pour le réduire ou l'éradiquer.


Aujourd'hui, la menace terroriste est différente de celle d'hier (d'il y a ne fut-ce que 20 ans), les moyens des terroristes ont évolué, ils sont devenus beaucoup plus lourds et diversifiés, ils communiquent beaucoup plus rapidement, leurs attaques sont très violentes et les terroristes n'hésitent pas à traverser la planète pour exécuter leur sale besogne et même se sacrifier pour leur cause.
Contrairement au passé, aujourd'hui la menace est permanente et exponentielle. Elle ne représente pas un seul risque mais une multitude de risques visant tous les intérêts occidentaux à travers le monde, avec une haine particulière envers les forces de l'ordre, les pays interventionnistes et toute personne se moquant des musulmans ou blasphémant.
Niveaux d'alerte et plans d'actions
Si la menace est importante, selon le plan d'alerte, aujourd'hui le risque ou niveau d'alerte est faible ou modéré selon les pays européens (niveau 2 "menace plausible" ou 3 "menace hautement probable" sur une échelle qui va de 0 "absence d'indication de menace" à 4 "menace certaine").

Comme tout risque, sur le plan tactique le niveau de menace terroriste est défini par un code de chiffres et de couleurs directement corrélé à des plans d'actions précis. Depuis les attentats contre Charlie Hebdo, le niveau d'alerte a été relevé au niveau 3 en France et en Belgique.
En coopération avec les différents ministères, l'Etat a développé des stratégies et des plans d'actions par secteur d'activité : rassemblements, bâtiments, sécurité aérienne, sécurité maritime, transports, chaîne alimentaire, cybersécurité, réseaux (telecom, électrique, pétrole, gaz, etc), interventions, étrangers (expatriés, ressortissants, entreprises et institutions nationales installées à l'étranger), etc.
Il faut à présent valider ces plans et voir dans quelle mesures on peut les appliquer.
Moyens, financement et personnel
Comme tout projet d'envergure, le fait d'approuver le "plan de traitement" des risques et les plans d'actions pour chacun d'eux ne signifie pas que l'Etat dispose des moyens pour lutter efficacement contre cette menace (une raison de plus pour ne pas ébruiter cette lacune).
Nous savons que la menace terroriste exige une réaction proportionnelle et si nécessaire évolutive de l'Etat mais nous savons malheureusement qu'aucun pays européen ne dispose des moyens de la NSA (et même les Etats-Unis ne peuvent agir seuls contre le terrorisme).
Il faut donc composer avec nos moyens et de manière d'autant plus efficace, tant que faire se peut.
Pour agir, il faut de l'argent, une législation et une administration adaptées à la gravité ou l'urgence du risque.

Patrouille de police dans un aéroport. La visibilité des forces de l'ordre dans les lieux publics et sensibles est une façon de dissuader les fauteurs de trouble et de réduire le risque terroriste.
Ce n'est pas en mettant 10 milliards d'euros sur la table (tous services confondus y compris la sous-traitance) comme l'a fait la France pour lutter contre le terrorisme qu'on va d'office avancer, réduire ou éliminer ce risque.
En effet, si l'agent infiltré, le policier ou le douanier doit remplir dix documents et contacter autant de services pour obtenir l'autorisation de mettre une personne sur écoute, confisquer sa carte d'identité, pour appréhender un terroriste potentiel ou pour le bloquer à la frontière ou l'extrader, dans l'intervalle, le suspect a tout le temps de disparaître et même de quitter temporairement le pays.
D'un autre côté pas plus que les citoyens, l'Etat ne veut céder sous la menace terroriste ni transformer le pays en un état policier où les libertés seraient brimées sous prétexte que nous sommes menacés.
Pourtant, vu ce qui c'est récemment passé en France puis en Belgique, il va falloir réduire ce risque coûte que coûte au risque qu'il y ait rapidement une place de libre au Ministère de l'Intérieur ou au siège du Gouvernement des pays les plus menacés.
L'existence même des cellules terroristes dormantes représente un risque de sécurité majeur auquel ni nos gouvernements ni les entreprises ne font pas suffisamment attention.
Pourquoi ? Car bien que la gravité soit maximale en cas d'attentat mortel, sa fréquence est très faible. Résultat, le risque (gravité x fréquence) ou niveau d'alerte est faible et comparé à d'autres risques, il ne vaut souvent pas la peine d'être pris en considération.
Or préserver la sécurité de la population et donc gérer le risque humain a toujours été considéré comme prioritaire sur tout autre risque. En pratique, l'Etat ne le voit pas ainsi, sauf en cas de guerre déclarée, et encore.
Les réformes
Au vu des attentats commis récemment, chacun a bien conscience qu'il faut réformer le système judiciaire et revoir la politique étrangère.
Il faut notamment revoir la manière dont les services de renseignements, de police et d'interventions travaillent et communiquent, leur efficacité et si leurs efforts sont à la hauteur des résultats que les citoyens attendent.
Concrètement, à côté du problème éducatif et de l'accès au marché du travail qui ajoutent autant de facteurs d'instabilités, il faut améliorer et faciliter la communication et l'échange d'informations entre services, départements et ministères, renforcer la surveillance et le contrôle des personnes potentiellement à risque, renforcer les contrôles et notamment des bagages aux frontières de l'Europe et agir dès que les suspects montrent des signes d'activité incivique, subversive ou transgressent les lois. Ces dispositions sont compatibles avec les droits démocratiques.
Pour conduire ses plans d'actions contre le grand banditisme et le terrorisme, l'Etat dispose notamment d'informateurs à l'étranger, de son service diplomatique, de l'aide des forces armées, des services de renseignements et de la police. Il dispose des listes de citoyens, il connaît leur statut social, leur activité et même, en collaboration avec les services sociaux et le pouvoir judiciaire (si la loi le permet), leurs revenus et leur éventuel profil criminel.
Si l'Etat s'en donne les moyens, il peut donc assez facilement tracer les individus suspects jusqu'à leur compte en banque et leurs appels téléphoniques et agir rapidement dès que l'alarme vire à l'orange (garde à vue prolongée, confiscation de la carte d'identité et du passeport, jugement, amende, emprisonnement, expulsion, extradition, etc).
C'est d'ailleurs ce que font déjà les services de renseignements et de police en fonction de leurs moyens. Mais l'actualité nous a démontré que c'était très insuffisant.
C'est insuffisant car ces procédures ont un prix et exigent des ressources que l'Etat ne souhaite pas y consacrer. Mais dans ce cas, qu'il en assume également la responsabilité.
Mais quand bien même l'Etat y mettrait les moyens, ses actions peuvent très rapidement se voir opposer les droits de l'homme. Toutefois, l'intérêt suprême de la nation peut toujours valider ce genre de réforme.
Finalement, c'est aux citoyens que revient la décision finale : acceptons-nous de renforcer le système judiciaire au risque de perdre certaines libertés (du moins ceux qui les transgressent) pour mieux défendre les principes de la démocratie face aux menaces que représentent le banditisme et le terrorisme.
Si être libre signifie se battre pour conserver cette liberté, alors nous avons la réponse : les démocraties sont en guerre et doivent s'armer juridiquement et opérationnellement pour défendre leurs acquis face à la haine et la barbarie.


Reste la question des ressources. Selon Charles Pellegrini, ancien commissaire et chef de l'Office central de répression et de lutte contre le banditisme (OCRB), la France n'a pas les moyens de lutter contre le terrorisme. On peut imaginer que beaucoup d'autres pays sont dans la même situation.
En Belgique par exemple, les responsables de certains services antiterroristes estiment qu'il manque au moins 200 enquêteurs et autres analystes et ce manque d'effectif toucherait également d'autres services de la Justice mais également les services s'occupant de la réinsertion des jeunes et de l'éducation.
Dans le contexte actuel, cet aveu de faiblesse doit être corrigé. Si cette situation est déjà connue des ministres responsables, aujourd'hui il est urgent que le budget alloué à ces services soit sensiblement augmenté.
La question est de savoir jusqu'à quel point l'Etat et plus généralement l'Occident et les autres pays modérés sont prêts à s'engager dans cette voie. A entendre certains, le prix de la vie risque de ne pas peser lourd dans la balance face aux intérêts politiques et économiques.
Autrement dit, ces politiciens ont une vue à court terme et intéressée, pensant qu'il vaut mieux négocier avec l'ennemi si cela peut leur rapporter gros.
D'ailleurs des chefs d'Etats, des premiers ministres ou des ministres de pays supportant ostensiblement ou passivement le terrorisme ou violant les droits de l'homme étaient présents le dimanche 11 janvier 2015 lors de la manifestation d'hommage à Charlie Hebdo. Aucun politicien n'a refusé de les saluer. Que du contraire; on leur a proposé d'avancer en tête du cortège ! Seuls quelques journalistes ont dénoncé leur hypocrisie.

Les chefs d'Etats et ministres à l'honneur, même ceux supportant le terrorisme, lors de l'hommage à Charlie Hebdo le 11 janvier 2015 à Paris. Les politiciens soignent leur image plutôt que leurs citoyens, s'intéressant plus aux critiques des médias et de leur électorat qu'à venir en aide aux peuples à l'agonie.. Document Philippe Wojazer/Pool/AFP.
En effet, comment qualifier autrement l'attitude de certains chefs d'Etats ou ministres quand ils peuvent soigner leur image de marque et sauver les apparences alors qu'ils violent les droits de l'homme et torturent les prisonniers (Turquie, Israël, USA, etc.), supportent le terrorisme (Palestine, etc) ou ne viennent même pas en aide à leurs citoyens victimes de terroristes (Russie, Mali, etc) ? Tous ces individus étaient présents à la manifestation !
Leur hypocrisie est stupéfiante mais peut malheureusement durer des années, en fait jusqu'au jour où un terroriste les regardera dans les yeux, le canon de son pistolet au milieu du front.
Question off : le trafic d'armes en Europe
Au fait, en marge de ce vaste problème et au risque de jeter un pavé dans la marre, qui s'occupe de savoir comment les terroristes ont pu obtenir et se déplacer à Paris ou ailleurs avec des armes de guerre ?
Personne n'a vraiment abordé la question du trafic d'armes. Le problème serait-il plus complexe à résoudre que celui du terrorisme ?
C'est en tout cas le sentiment qui transpire quand on interroge les spécialistes rattachés à la Justice.
La réponse est sans doute que ce problème requiert une profonde révision de la manière dont l'Europe surveille ses frontières et dont les policiers réalisent leurs missions.
Si nous voulons endiguer le grand banditisme et lutter contre le terrorisme, il est urgent de revoir ces protocoles et de  mieux contrôler ce qui circule sur notre territoire, vous ne pensez pas ?

Le 16 avril 2012, lors d'une perquisition à Bruxelles, la police a saisi 30 fusils mitrailleurs d’assaut Kalachnikov AK-47, 10 grenades, 4 pistolets, 2 roquettes et des centaines de munitions. Ces armes de guerre transitent habituellement par les pays méditerranéens ou via les frontières de l'Est, notamment par la Hongrie. L'Europe est devenue une passoire pour les trafiquants d'armes. Document Nord-Eclair.
Comment expliquer qu'il soit aussi facile de se procurer des armes de guerre, de catégorie A ? 
Ces armes proviennent des anciennes zones de guerre comme la Serbie, la Bosnie-Herzégovine (ex-Yougoslavie) ou l'Albanie où la plupart des habitants étaient armés. 
Les pistolets étant plus petits, ils sont volés directement dans les usines. Rien qu'en Albanie, 2 millions d'armes automatiques ont disparu dans la nature et participent au trafic clandestin.
La population n'a jamais été désarmée malgré les programmes du gouvernement. Les gens ont donc conservé leurs armes depuis la guerre, certains les ont même cachées et ont oublié à quel endroit. On estime qu'aujourd'hui en Bosnie 20% de la population est armée, ce qui représente un trafic potentiel de plusieurs centaines de milliers d'armes.
Le 16 avril 2012, lors d'une perquisition à Bruxelles, la police a saisi 30 fusils mitrailleurs d’assaut Kalachnikov AK-47, 10 grenades, 4 pistolets, 2 roquettes et des centaines de munitions. Document Nord-Eclair.
L'Europe, une passoire pour les trafiquants
Pour gagner de l'argent ou importer une arme, rien de plus facile. Voici la méthode suivie et filmée en caméra cachée par des journalistes.
Légalement, en Europe de l'Ouest, il est interdit à une entreprise ou un commerçant d'importer ou d'exporter une arme sans l'autorisation du gouvernement (certains sites de ventes en ligne interdisent également la vente d'armes blanches, même antiques). Le trafic est donc clandestin.

60 Kalachnikov saisies chez 9 suspects de trafic d'armes en Haute-Normandie le 18 mars 2014. 350 militaires furent mobilisés pour cette opération et 60 personnes ont été interpellées. Document Info Normandie.
Soit le propriétaire de l'arme de guerre est un armurier résident en Europe de l'Est et dispose d'un réseau en Europe de l'Ouest. 
Dans ce cas, le client paye d'avance, si possible cash ou sur un compte honorable de façade servant à blanchir l'argent. Le trafiquant lui envoie ensuite son article par la route via ses contacts qui effectuent des navettes régulières vers l'Europe de l'Ouest.
Soit le propriétaire d'une arme s'en débarrasse sur le marché "gris" local et sans ses munitions. Si une arme neuve vaut 1500 à 2000€, elle se vend aux trafiquants entre 300 ou 400€ sur le marché "gris" (contre 50€ seulement il y a 10 ans). Le trafiquant la revendra en Europe de l'Ouest 1500 ou 2000€. Une grenade se vend 50€ sur le marché "gris" et cinq fois plus en Europe de l'Ouest. Les armes "made in Europe (Belgique, France, Autriche, etc) se revendent entre 3000 et 5000€.
Ces armes passent ensuite les frontières par la route, généralement cachées dans des camions ou sous la banquette arrière d'une voiture immatriculée en Europe de l'Ouest, sous un sac et en petite quantité.
Les trafiquants d'armes savent qu'ils risquent plusieurs années de prison (au moins 5 ans et une amende d'au moins 75000€) s'ils sont pris lors d'un contrôle routier. Ils savent que les plaquent d'immatriculation des pays de l'Est sont surveillées et que les bus sont peu contrôlés.

Trafic d'armes des Balkans vers l'Europe de l'Ouest. Plusieurs routes sont possibles : par la terre via l'Albanie, la Bosnie, la Serbie ou la Hongrie ou par la mer via l'Albanie, l'Italie et même via l'île de Lampedusa et la Sicile, pour finalement atteindre la France ou la Belgique. Document Gendarmerie Nationale (F).
Pour éviter tout risque, ils prennent donc un ticket de bus de l'Albanie ou de la Serbie vers la France par exemple et placent les armes dans de gros sacs placés dans la soute à bagage. Ils passent ainsi les frontières incognito, les douaniers ne vérifiant même pas la soute !
Les contrôles sont en principe plus drastiques aux frontières de l'espace Schengen mais des habitués faisant la navette chaque année ont déclaré qu'en 20 ans, ils n'ont été contrôlés qu'une seule fois. Si vous avez une carte d'identité européenne, vous êtes jugé a priori sans reproche. De plus, les brigades volantes n'interviennent jamais dans ces territoires.
Finalement on retrouve ces armes dans des bagages à main et sont ensuite revendues dans les réseaux clandestins de nos capitales et d'ailleurs. Même principe pour les munitions.
Certains armuriers clandestins peuvent ainsi vendre une dizaine d'armes chaque mois à des Européens et gagnent aisément 15000€/mois.
Il y a d'autres routes très fréquentées. L'une passe par l'Albanie ou le Monténégro, traverse les 80 à 200 km de Méditerranée selon l'endroit et arrive en Italie puis rejoint la France.
Une troisième route passe par l'Albanie, au large de l'Italie vers l'île de Lampedusa (près de Malte), remonte vers la Sicile, pour finalement rejoindre la France. C'est la même route pour l'héroïne et les clandestins.
Ainsi qu'on le constate, en Europe les terroristes peuvent obtenir et se déplacer facilement avec des armes de guerre; le territoire est vaste, les contrôles réduits voire inexistants et donc les frontières perméables et constituent même une véritable passoire comme on vient de l'expliquer.
L'Europe a bien conscience du problème comme le révèle son projet de sécurisation des frontières publié en 2014.
En attendant que la situation s'améliore, en 2014, des journalistes belges en collaboration avec un avocat ont démontré qu'il suffisait d'une heure à une personne bien informée pour obtenir une arme de guerre.
Dernières nouvelles
15 janvier 2015 : l'auto-censure en vigueur dans les pays anglo-saxons
Malgré les positions du gouvernement de David Cameron en faveur de la liberté d'expression et dans un pays où le délit de blasphème a été abrogé en 2008, les journalistes britanniques (par ex. Sky News) s'auto-censurent et ont été assez hypocrites pour adopter la politique de la charia en s'excusant publiquement si certaines formes d'humour ont choqué les musulmans.
Concrètement, ils ne présentent donc pas de caricatures (et aucune relative à la religion publiée dans Charlie Hebdo) pouvant offenser certaines minorités ou confessions.
C'est également le cas d'autres pays anglo-saxons comme les Etats-Unis tandis que la question fait débat en Australie.
Mais jusqu'à preuve du contraire, s'arc'bouter au politiquement correct en s'aplatissant devant les intolérants au bénéfice de la langue de bois n'a jamais protégé les minorités pas plus que renforcer la démocratie. C'est juste une démonstration de la tyrannie des minorités.
A posteriori, ce n'est pas cette auto-censure qui empêche les terroristes d'agir contre les intérêts Anglo-saxons.
En fait, depuis quelques décennies les pays occidentaux sont devenus moins permissifs, surtout à la télévision, et adoptent une stratégie de compromis afin de ne froisser personne, quitte à violer la liberté d'expression.
Revers de cette politique, combinée à une politique d'immigration trop laxiste et un pouvoir politique incapable de juguler la crise socio-économique, on observe une montée du nationalisme en Europe occidentale.

L'interview de la journaliste et chroniqueuse française Caroline Fourest fut censurée par les journalistes britanniques de Sky News le 15 janvier 2015 juste après cette image. Document Le Point.
Précisons qu'en général les pays européens refusent cette censure que la France comme la Belgique, l'Allemagne et les pays scandinaves considèrent comme une forme d'intolérance : chacun bénéficie des mêmes droits et donc du même traitement que n'importe qui.
Visiblement la culture de certains pays anglo-saxons est incompatible sur ce point avec les cultures latines et des pays nordiques.
Si on se réfère aux sondages régulièrement réalisés dans la population, on apprend que la majorité des sondés occidentaux sont favorables à cette liberté d'expression.
Néanmoins, en moyenne, 50% des sondés estiment qu'on ne peut pas tout dire sur Internet au risque de choquer et entretenir la haine.
Cela signifie aussi que l'autre moitié ne l'interprète pas ainsi. Bref, la question divise la population des pays démocratiques qui reste indécise sur ce sujet.
16 janv 2015 : menaces sérieuses en Belgique et aux Pays-Bas
Selon CNN qui cite une source des services de renseignements occidentaux non identifiée (on peut penser au MI5 britannique qui a déjà fait des déclarations), il existerait jusqu'à 20 cellules terroristes représentant entre 120 et 180 terroristes en sommeil prêts à frapper la France, l'Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas.
Selon cette source, l'Union Européenne et les agences de renseignements du Moyen-Orient ont identifié une "menace imminente" en Belgique et peut-être aux Pays-Bas.
Sans plus d'information, il est difficile de savoir quand CNN a reçu cette information, mais connaissant son professionnalisme, elle est certainement d'actualité et fiable.
Selon Gilles de Kerchove, coordinateur de l'Union européenne pour la lutte contre le terrorisme, "la menace est sérieuse" et pas seulement en Belgique ou depuis les attentats contre Charlie Hebdo.
Il confirme néanmoins que grâce aux nouvelles mesures mises en place au niveau européen, l'Europe est moins vulnérable qu'auparavant.
Du côté du Ministère de l'Intérieur belge, on apprend que depuis le 15 janvier les forces de l'ordre ont effectivement effectué plusieurs perquisitions simultanément auprès de suspects djihadistes sur le point de commettre des attentats contre des policiers notamment.
Le Parquet Fédéral confirme que ces actions ne sont pas liées aux attentats contre Charlie Hebdo.

Bilan des actions antiterroristes du 16 janvier 2015. Document La Libre/Ministère de la Justice.
Une cellule terroriste a été démantelée mais son chef n'a pas été capturé et est toujours recherché.
Au total, la police a procédé à 13 arrestations dont 2 en France. Ces actions devraient se poursuivre dans les jours et semaines qui suivent. CNN est bien informé.
16 janv 2015 : nouvelles mesures antiterroristes
Depuis les attentats contre Charlie Hebdo, on peut être satisfait d'apprendre que la France comme la Belgique et le Luxembourg parmi d'autres pays ont relevé leur niveau de sécurité (niveau d'alerte 3) ou réalisé les réformes nécessaires afin de lutter plus efficacement contre le terrorisme.
La plupart de ces mesures concernent les risques identifiés et les actions évoqués ci-dessus. Elles concernent autant les mesures préventives touchant l'éducation ou la surveillance, que les mesures répressives à l'égard des personnes suspectées de soutenir toute forme d'intolérance, de xénophobie et le terrorisme ou commettant des actes terroristes, y compris des actes inciviques à l'égard des personnes et des biens publics.
En France, entre novembre 2014 et janvier 2015 le gouvernement a voté plusieurs décrets qui entreront en vigueur d'ici un mois et déployé 10000 militaires dans la capitale.
En Belgique, le ministre de la Justice a pris 12 mesures applicables d'ici un mois et 150 militaires ont été appelés en renfort des forces de l'ordre pour protéger les sites sensibles (lieux de culte, ambassades, etc).
A la question de savoir pourquoi ces mesures n'ont pas été prises plus tôt, les différents ministres concernés ont déclaré que ces mesures avaient déjà été proposées mais n'ont pas nécessairement été appliquées du fait que la menace ne s'était pas concrétisée jusqu'à présent.
Selon le Premier ministre Charles Michel, ces mesures préexistaient et faisaient partie "d'un plan évolutif". Etant donné que la situation a changé depuis 2014, les mesures ont été adaptées à la nouvelle situation.
Charles Michel a également déclaré qu'en accord avec le Conseil des ministres, "une provision de 300 millions d'euros sera affectée à la sécurité afin de renforcer la protection de l'Etat" et que l'armée sera mise à disposition des forces de police pour des missions ponctuelles "visant à renforcer la vigilance anti-terroriste".
Certains proposent même que la Belgique crée une loi d'exception, à l'image du "Patriot Act" américain sans pour autant dériver comme l'a découvert le Sénat américain vers l'espionnage systématiquement de tous les citoyens ou la torture des prisonniers. Mais pour l'instant il ne s'agit que d'une idée.
Le niveau d'alerte a également été relevé en Allemagne. Même au Luxembourg, où selon Etienne Schneider, ministre de la sécurité intérieure, "il n'y a pas de nouvelle menace terroriste", le niveau de vigilance a également été relevé dans les heures qui suivirent les attentats.
Précisons que le Royaume-Uni était déjà au niveau "Severe", équivalant du niveau 3, depuis août 2014.
La Grande Bretagne dispose également d'un outil juridique, le Justice and Security Act 2013, dont Theresa May, ministre de l'Intérieur, rappela fin novembre 2014 qu'il permettait au pouvoir exécutif britannique de mieux lutter contre le terrorisme et a déjà permis de neutraliser de nombreuses personnes suspectées de terrorisme et d'attentats potentiels.
Néanmoins, comme expliqué ci-dessus, les journalistes britanniques maintiennent une forme d'auto-censure sur la liberté d'expression afin de ne choquer personne. Sorry sir!
Sur les plans nationaux, toutes ces actions signifient concrètement que dorénavant le pouvoir exécutif sera plus répressif envers toute personne ou association encourageant la haine, la xénophobie ou la violence, suspectée de terrorisme ou supportant les idées terroristes.
Les peines prononcées par le pouvoir législatif seront également plus lourdes envers les auteurs ou même les suspects se revendiquant notamment des groupes islamistes ou intégristes, et cela comprend non seulement les civils mais également les membres du clergé résidant sur le territoire (imam, etc).
Enfin, sur le plan international l'Europe se manifeste. Le 11 janvier 2015, les ministres de l'Intérieur de 11 pays européens et le ministre de la Justice des Etats-Unis, Eric Holder, ont convenu de renforcer le programme de lutte contre le terrorisme. Un sommet international contre le terrorisme est d'ailleurs planifié le 18 février à Washington.
Le 16 janvier 2015, par le bais de son porte-parole, l'Europe a exprimé sa "volonté de réduire sa vulnérabilité face au terrorisme" et se "félicite des actions prises par la France et la Belgique".
Rappelons que le Conseil de l'Europe dispose également d'un Comité d'Experts sur le Terrorisme, CODEXTER, chargé de suivre la mise en œuvre des instruments juridiques antiterroristes du Conseil et de coordonner les activités du Conseil dans la lutte contre le terrorisme.
Rappelons également que la Commission Européenne a déjà instauré depuis 2001 des sanctions contre le blanchiment d'argent (cf. la Directive européenne 2001/97/CE) et le Conseil de l'Europe dispose depuis 2005 d'une convention pour la prévention du terrorisme.
Enfin, n'oublions pas la contribution de l'OTAN et les instruments juridiques de l'ONU pour lutter contre le terrorisme.
13 novembre 2015 : attentats de Paris
Le pire est arrivé. Le vendredi 13 novembre 2015 peu après 21 h, sept terroristes se revendiquant de Daech ont assassiné froidement 129 personnes et fait 352 blessés à Paris, en particulier dans la salle de concert du Bataclan.
Le président Hollande a de suite déclaré l'état d'urgence et demandé au pouvoir exécutif d'identifier les protagonistes et leur filière et a immédiatement réagit en accentuant la répression militaire contre Daech en Syrie et en Irak en collaboration avec la coalition internationale.
Il apparut que plusieurs terroristes avaient une base arrière à Molenbeek, en Belgique où des perquisitions ont immédiatement été opérées.
Au total, quatre jours après les attentats, ce sont plus de 300 perquisitions qui ont eu lieu en Belgique et en France.
La Belgique étant située au centre de l'Europe, elle est naturellement devenue une plaque tournante du terrorisme, aidée par la disparition des frontières dans l'espace Schengen et un certain laxisme aux frontières de l'Europe, notamment en Turquie.
Face à ses responsabilités, le premier Ministre belge Charles Michel du Mouvement Réformateur a décidé de revoir la stratégie de surveillance des islamistes, en particulier à Molenbeek, ainsi que des personnes revenant de Syrie.
Rappelons que la Belgique et la France déjouent chaque année des centaines de tentatives d'attentats, notamment dans les lieux publics et les transports publics.
Mais aucun pays ne peut combattre seul les terroristes. Une fois encore, le président Hollande a demandé au G20 d'accentuer la lutte contre le terrorisme et notamment contre Daech au Moyen-Orient, proposition qu'ont bien entendu les présidents Obama et Putine.
Par conséquent, on peut supposer que le risque d'attentat en Occident est plus présent que jamais et pour longtemps. Pour réduire ce risque au minimum, le pouvoir exécutif a déjà engagé du personnel de police, renforcé les contrôles aux frontières et dans les aéroports et a momentanément interdit par sécurité certains grands évènements publics.
Pour plus d'informations
Le terrorisme, Luxorion
European Union Terrorism Situation And Trend Report, Europol, 2014
Accélérer la sécurisation des frontières, Commission européenne, 2014
Country Reports on Terrorism 2013, U.S.Department of State
Droit international humanitaire, CICR
Enfin, un livre exceptionnel par l'érudition de son auteur qui décrit les relations entre le Moyen-Orient et l'Occident depuis deux mille ans et explique par le détail les raisons de la situation actuelle :
Les hommes en trop : La malédiction des chrétiens d'Orient, Jean-François Colosimo, 2014

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