Ces derniers mois, dans le cadre de la recherche des exoplanètes, les astronomes ont pointé le télescope spatial Kepler vers l'étoile KIC 8462852 de type F3 située dans la constellation du Cygne à environ 1480 années-lumière.
Les faits
Utilisant la méthode du transit pour débusquer les éventuelles exoplanètes, les astronomes ont constaté que la courbe lumineuse de cette étoile était "bizarre" selon les termes de l'astronome Jason T. Wright et chutait jusqu'à 22% avec des assombrissements répétés comme on le voit sur les courbes présentées ci-dessous.
Ce que nous dit la science : les courbes de luminosité de l'étoile KIC 8462852 mesurées par l'équipe de Boyajian grâce au télescope Kepler. Document T.Byajian et al. |
L'astrophysicienne Tabetha Boyajian et son équipe de l'Université de Yale ont publié cette découverte en octobre 2015, expliquant que la cause la plus probable de ces transits était la présence de fragments exocométaires, des "clumps" comme on en voit quelquefois dans la queue des comètes (cf. cette vidéo sur YouTube), tombant sur l'étoile.
De nombreuses autres hypothèses ont été invoquées pour expliquer ces fluctuations lumineuses : une variabilité intrinsèque par exemple liée à l'émission de matière par l'étoile (étoile de type Be) ou une variabilité extrinsèque liée par exemple à la présence de planétésimaux ou d'astéroïdes. La présence d'un compagnon tout proche (une étoile naine à 1000 U.A) aurait également pu perturber les trajectoires de ces petits corps.
D'ores et déjà, l'hypothèse du disque de poussière est rejetée car l'étoile est trop vieille ainsi que celle de débris résultant d'une collision, le satellite infrarouge WISE n'ayant rien détecté de tel.
Espérons que les analyses ultérieures réalisées soit depuis l'espace soit au moyen de radiotélescopes en interférométrie (VLBI) permettront de vérifier certaines de ces hypothèses.
Ces variations lumineuses pourraient s'expliquer par le transit de débris exocométaires ou d'astéroïdes tombant sur l'étoile, deux hypothèses parmi d'autres. Document NASA/JPL. |
Espérons que les analyses ultérieures réalisées soit depuis l'espace soit au moyen de radiotélescopes en interférométrie (VLBI) permettront de vérifier certaines de ces hypothèses.
L'hypothèse de la mégastructure artificielle
Avant même de connaître ces résulats, dans la foulée le planétologue Jason T. Wright et ses collègues de l'Université d'état de Pennsylvanie ont suggéré d'étudier cette "mégastructure en essaim" dans le cadre de SETI.
Ce à quoi pensent Jason Wright et son équipe de scientifiques en mal de notoriété : la sphère de Dyson ! Document CapnHack. |
En effet, en 2005 déjà, l'astronome français Luc Arnold de l'Observatoire de Haute Provence/Aix Marseille Université avait suggéré que le télescope Kepler pourrait détecter des structures artificielles de la taille d'une planète dans la banlieue du Soleil.
Dans cette logique, Wright et son équipe n'ont pas hésité à évoquer une mégastructure artificielle, telle une "sphère de Dyson" qui aurait été construite par une civilisation de Kardashev de Type II (rappelons que l'humanité en est toujours au stade de civilisation de Type 0) !
Immédiatement les implications de cette annonce ont fait le tour de tous les sites d'actualité, des chaînes de TV aux sites Internet de vulgarisation scientifique qui se sont faits écho de cette éventualité et ses sous-entendus concernant l'existence d'aliens...
La plupart des webzines cherchant probablement "à faire le buzz" et s'attirer de nouveaux lecteurs (CNN, Discovery, Forbes, Science et Avenir, Space.com, Slate, Universe Today, ainsi que beaucoup de journaux francophones) ont mis en tête de page cettte hypothèse extraterrestre avant même d'aborder la découverte scientifique, y compris certaines éditions nationales du National Geographic (Pologne et Russie notamment, mais pourquoi cela ne nous étonne même pas ?!). Cela s'appelle du mauvais journalisme.
La plupart des webzines cherchant probablement "à faire le buzz" et s'attirer de nouveaux lecteurs (CNN, Discovery, Forbes, Science et Avenir, Space.com, Slate, Universe Today, ainsi que beaucoup de journaux francophones) ont mis en tête de page cettte hypothèse extraterrestre avant même d'aborder la découverte scientifique, y compris certaines éditions nationales du National Geographic (Pologne et Russie notamment, mais pourquoi cela ne nous étonne même pas ?!). Cela s'appelle du mauvais journalisme.
Document anonyme. |
En revanche, le Time et Futura-Sciences parmi d'autres ont traité le sujet plus sérieusement et subtilement tandis que d'autres n'en n'ont même pas encore parlé (La Recherche, Scientific American, etc).
L'Institut SETI ne l'a pas non plus mentionné dans son actualité ni ses annonces de presse, ce qui est très indicatif.
Bien entendu, le physicien et futurologue Michio Kaku, passionné de vie extraterrestre et conseillé scientifique de la chaîne américaine CBS a été interviewé à propos de cette découverte et de ce qu'il pourrait s'agir.
L'Institut SETI ne l'a pas non plus mentionné dans son actualité ni ses annonces de presse, ce qui est très indicatif.
Bien entendu, le physicien et futurologue Michio Kaku, passionné de vie extraterrestre et conseillé scientifique de la chaîne américaine CBS a été interviewé à propos de cette découverte et de ce qu'il pourrait s'agir.
La réponse immédiate de Kaku fut de dire : "nous n'en savons rien". Dans son esprit, pour l'heure toute explication définitive serait pure spéculation. Et de rappeler qu'"une explication remarquable requiert une preuve remarquable". Autrement dit, le débat sur la vie extraterrestre est clos jusqu'à nouvel ordre.
Rapidement interviewé par les journalistes, le 13 octobre 2015 Wright a tout de même remis les pendules à l'heure pour éviter d'être considéré comme un farfelu par ses collègues astronomes (ce qui peut rapidement avoir des effets négatifs sur sa carrière) : "Les extraterrestres devraient toujours être la dernière hypothèse à considérer, mais cela ressemble à quelque chose que l’on pourrait attendre d’une civilisation extraterrestre", a-t-il déclaré au journaliste du The Atlantic.
En fait, il est plus vraisemblable que la réalité soit une nouvelle fois plus "terre-à-terre" et que ces variations lumineuses s'expliquent par un phénomène naturel. C'est aussi l'explication la plus simple.
Après l'aventure de CTA 102 (1964) dont le rayonnement synchrotron fut faussement interprété comme l'émission d'extraterrestres par les astronomes russes et les soi-disant "Petits Hommes Verts" (1967) liés à la découverte des pulsars, les astronomes en ont tiré la leçon, enfin presque tous.
Dernières nouvelles
Fin octobre 2015, l'Institut SETI a orienté les antennes du réseau ATA sur cette étoile et écouté toutes les fréquences entre 1 et 10 GHz mais n'a pour l'instant rien détecté d'origine artificielle.
Dernières nouvelles
Fin octobre 2015, l'Institut SETI a orienté les antennes du réseau ATA sur cette étoile et écouté toutes les fréquences entre 1 et 10 GHz mais n'a pour l'instant rien détecté d'origine artificielle.
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