lundi 2 juillet 2007

Kodak vient d'avoir une idée flash

Alors que Canon vient d'annoncer la création d'une nouvelle usine de fabrication de CMOS classiques près de Tokyo, Kodak qui a lourdement subit la révolution du marché des appareils photos numériques (APN), vient d'annoncer l'introduction de ce qu'ils appellent "une percée majeure dans la technologie des capteurs d'image".
Des pixels RGB et panchromatiques
Un appareil photo numérique.
Le fabricant américain qui vient juste de commercialiser 6 nouveaux APN compacts dans la série EasyShare, histoire de rester présent dans le marché, s'est lancé un nouveau défit majeur.
La technologie qui ne porte pas encore de nom, augmente de 2 à 4 fois la sensibilité des photo-capteurs, ce qui permettrait d'éliminer le recours au flash dans des conditions de faible éclairement.
Actuellement, tous les photo-capteurs enregistrent les trois couleurs primaires : le rouge, le bleu et le vert selon une technologie inventée en 1976 par le Dr Bryce Bayer qui travaillait pour le compte de Kodak. Dans une "grille de Bayer" RGB, telle celle simulée ci-dessous, la moitié des capteurs sont utilisés pour enregistrer la lumière verte, où la sensibilité de l'oeil humain est la plus élevée, les autres photosites (pixels) se répartissant les deux autres couleurs. Après exposition, un logiciel reconstruit l'image couleur par interpolation. L'image est ensuite sauvegardée.
Le nouveau système qui exploite une technologie propriétaire ajoute un quatrième canal panchromatique, des pixels "transparentes", c'est-à-dire sensibles à tout le spectre visible afin de collecter une proportion plus élevée de lumière, réservant l'enregistrement de la chrominance (couleur) aux pixels RGB.
De nouveaux algorithmes
De nouveaux algorithmes de reconstruction d'image ont été mis au point pour ce nouveau photo-capteur. Comme on l'aura compris, ces algorithmes sophistiqués utilisent les pixels panchromatiques comme canal de luminance dans l'image finale et dérivent l'information de chrominance des pixels de couleur.
Simulation d'un photo-capteur recouvert de sa grille de Bayer RGB. Se basant sur plus de 30 ans de savoir-faire en imagerie numérique, Kodak insiste sur "la qualité du rendu et de la fidélité des couleurs" de son nouveau système pour satisfaire les clients. "Ceci représente une nouvelle génération technologique de photo-capteurs qui représente un défi pour notre industrie dans sa capacité à enregistrer des images vives et claires dans un environnement peu lumineux", a déclaré Chris McNiffe, General Manager du groupe Image Sensor Solutions de Kodak. Et de poursuivre, "C'est une véritable approche innovante qui va améliorer la photographie digitale sous toutes ses formes, mettant en lumière la capacité unique de Kodak à différencier ses produits et de fournir des technologies numériques avancées qui font vraiment la différence auprès du client."
Kodak travaille actuellement avec un certain nombre de majors pour implémenter cette nouvelle technologie dans les futurs appareils photos. Le premier photo-capteur utilisant cette technologie devrait être disponible en mars 2008.
La concurrence n'attend pas
La mise au point d'un nouveau type de photo-capteur est effectivement un défi pour Kodak car les autres fabricants ne les ont pas attendus pour imaginer leurs propres solutions.
Ainsi, sur les appareils réflex Nikon D2x, D50 et D200 par exemple (et plus tôt encore sur le F5), le posemètre qualifié de "3D couleur" est constitué d'un capteur RGB de 1005 pixels mesurant environ 1 cm2 dont la tâche consiste à évaluer la couleur et l'intensité lumineuse du sujet. Chaque image est évaluée en tenant compte de 7 paramètres comprenant la brillance, la couleur, le contraste, la zone de mise au point et la distance du sujet. Cette évaluation se réfère à une base de données intégrée qui reprend les paramètres de plus de 30000 images réelles !
On pourrait également citer les performances du capteur Fovéon X3 proposé sur le Sigma SD9, le Super CCD du Fujifilm FinePix S3 Pro, le CMOS ClearVid de Sony ou encore la grille de Bayer RGBE du Sony DSC-F828, autant d'innovations technologiques intéressantes, mais aucune n'est devenue un standard. L'une des raisons tient au fait qu'il s'agit de technologies propriétaires.
Kodak doit donc mettre au point une technologie de très haut niveau et fiable pour se battre d'égal à égal avec des concurrents tout aussi qualifiés qu'eux en imagerie numérique.
Viser la rentabilité
Le siège d'Eastman Kodak au 343 State Street, Rochester, New York.Comme dans beaucoup de secteurs industriels, pour un constructeur, le seuil de rentabilité obéit au rapport 20-80 : généralement ce sont les 20% de produits très rentables qui financent 80% des frais engagés dans la R&D et la gamme de produits tout en assurant l'image de marque de la société.
Ainsi, un constructeur qui n'innove plus ou ne propose plus de modèles haut de gamme sera considéré comme dépassé, démodé et verra sa clientèle passer à la concurrence, quand le constructeur lui-même ne décide pas d'arrêter sa production ou de réorienter sa stratégie comme on le voit quelques fois. Ce fut déjà le cas chez Kodak comme chez Konica, etc.
Pour revaloriser son image, Kodak a donc besoin de toute urgence de trouver des partenaires car si les APN haut de gamme représentent moins de 10% des ventes, se sont souvent les seuls à bénéficier des innovations durant quelques années. A moins que l'invention de Kodak soit tellement radicale qu'elle devienne un standard de facto. C'est en tout cas une belle initiative du fabricant qui peut voir la cote de son action bientôt redécoller, étant actuellement dans une situation pivot... L'avenir en décidera.
Pour plus d'information, consultez l'article sur la photographie numérique, celui sur la restitution des images sur ordinateur et celui consacré au métier de photographe qui discute notamment de la chute des actions d'Eastman Kodak entre 1998 et 2006, suite à la crise numérique.

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