Selon un dossier publié le 21 juin dernier, il est aujourd'hui avéré que la CIA a tenté d'assassiner le Président cubain Fidel Castro au début des années 1960. Ce dossier, baptisé ironiquement "Bijoux de famille" par la CIA, détaille également d'autres projets d'assassinats de dirigeants étrangers, dont Patrice Lumumba, premier Premier ministre après l'indépendance du Congo (qui sera effectivement être assassiné en janvier 1961), et Rafael Trujillo dictateur de la République dominicaine.
Le dossier d'environ 700 pages (24 MB), qui porte sur une période allant des années 1950 aux années 1970, était très attendu par les historiens, même si l'essentiel avait été révélé dans les années 1970 dans la presse et lors d'enquêtes parlementaires. Le scandale avait alors entaché la réputation des services de renseignement américains et entraîné une réforme de la CIA et du FBI.
Vers un meilleur contrôle de la CIA
Connue pour ses actions clandestines, depuis sa création en 1947 jusqu'au milieu des années 1970, aucun contrôle parlementaire n'était établi sur la CIA, pas plus que sur les autres services de renseignements américains (FBI, NSA, etc). C'est dans ce cadre "hors-la-loi" que dans les années 1950, la CIA a par exemple creusé un tunnel sous Berlin-Ouest pour espionner les Soviétiques de Berlin-Est, a espionné la Russie grâce aux avions U-2, renversa le gouvernement Iranien de Mossadegh en 1954 et a peut-être commis l'assassinat du Président John F. Kennedy en 1961 (sa participation n'a jamais pu être établie).
En 1975, les commissions d'enquêtes parlementaires, Church et Pike, enquétèrent sur les activités des services de renseignements. Le Congrès américain accepta également que deux commissions supervisent les activités des services de renseignements, le SSCI (Senate Select Committee on Intelligence) dépendant du Sénat, et le HPSCI (House Permanent Select Committee on Intelligence), constitué par des membres de la Chambre des Représentants.
Depuis cette époque, les différents Présidents américains ont signé plusieurs lois afin de restreindre le pouvoir des agences de renseignements et leurs possibilités de mener des opérations clandestines (Executive Orders 10036 de Harry Truman, E.O. 12033 de Jimmy Carter, etc).
Officiellement, la CIA n'a plus le droit de mener des actions sur le territoire des États-Unis, de mener des opérations clandestines sans en informer préalablement les commissions parlementaires, ni de mener ou contribuer à un assassinat, sauf sur ordre présidentiel.
La raison d'Etat
Néanmoins, l'histoire nous rappelle que divers cas de violations de ces lois ont eu lieu, notamment l'affaire du Watergate en 1986 (Cfr ce résumé en français ainsi que Wikipédia), la pratique de l'extraordinary rendition (dans les années 1990, la CIA a enlevé des personnes et les envoya clandestinement dans un pays où la torture était pratiquée afin qu'elle y soit interrogée) et plusieurs opérations menées sous la présidence de George W. Bush Jr, y compris son approbation d'avoir ouvert des prisons secrètes pas plus tard qu'en 2006, qui ont également provoqué des enquêtes approfondies de la part du pouvoir législatif américain.
Bref, malgré le renforcement du pouvoir législatif, du droit international et des résolutions de l'ONU, le pouvoir de la CIA allié à celui du Président des Etats-Unis sont plus puissants que jamais et leurs actions clandestines restent couvertes par l'immunité présidentielle pour une "raison d'Etat" de moins en moins justifiée.
Pour plus d'information, consultez la dépêche de l'agence Belga et le dossier désormais déclassifié par la CIA mis en ligne par la National Security Archive de l'Université George Washington.
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