mardi 10 juillet 2007

Les bourgmestres wallons insatisfaits de leur police

A l'heure où la police fédérale présente son rapport d'activité 2006, en insistant notamment sur le manque de moyens en personnel, l'Union des Villes et Communes de Wallonie (UVCW) vient de rendre public les résultats de sa vaste enquête auprès des responsables de la police locale en Wallonie, résultats qui conduisent exactement aux mêmes conclusions, pour la police locale, que le rapport d'activité précité pour la police fédérale !

Alors que la police locale de Virton par exemple peut se venter de résoudre rapidement ses enquêtes malgré un effectif réduit, comme tous les commissariats de police de Wallonie, ses caisses sont presques vides alors que les frais de personnel augmentent régulièrement, de même que la charge administrative. Voyons le détail de ce rapport assez édifiant.
- Pour le volet institutionnel, 61 % des bourgmestres de Wallonie sont insatisfaits du service policier dans leur commune; l'accomplissement des missions de police de base est néanmoins considéré comme "bon" dans l'ensemble; une exception de taille : le travail de quartier, qui est jugé "mauvais" à "moyen" pour 64 % des bourgmestres; un bourgmestre sur deux considère sa dotation policière comme "problématique", et ce à des degrés divers (pouvant aller, dans 20 % des cas, jusqu'à un déséquilibre persistant de l'ensemble du budget communal).
- Pour le volet opérationnel, l'appréciation des missions de police rejoint celle faite par les bourgmestres : elles sont bien accomplies dans l'ensemble, mais les fonctions "accueil" et surtout "travail de quartier" recueillent le plus d'appréciations négatives; les normes (KUL, fonctionnelles, etc.) sont considérées comme inadaptées pour la majorité des chefs de corps; 88 % d'entre eux déplorent des tâches administratives plus lourdes qu'avant la réforme. Au hit-parade des mesures les plus pénibles: les mesures de traitement policier autonome des dossiers judiciaires (report de charges des parquets vers les polices locales) et la gestion du personnel (application du statut "mammouth", problème de calcul des traitements, etc.).
- Enfin, pour le volet budgétaire, le solde à l’exercice propre des zones de police se dégrade; les dépenses de personnel présentent toujours une croissance importante (5 %); les dotations communales croissent de manière très faible, et le Fonds de la sécurité routière constitue souvent le seul apport permettant d'atteindre l'équilibre budgétaire des zones de police...
En conclusion, le Conseil d'administration de l'Union des Villes et Communes de Wallonie, réuni le 3 juillet 2007, a décidé de porter, auprès du prochain Gouvernement et de son formateur, plusieurs revendications dont les principales sont :
- la consolidation du financement des zones de police (réactualisation du mécanisme de financement, sans perte de dotations pour aucune zone) dans l'optique d'une police de proximité renforcée (engagement de personnel spécifique);
- le maintien des critères actuels d'octroi global des subventions issues du Fonds de la sécurité routière, moyennant une intégration structurelle de ces moyens dans la masse fédérale de financement des polices locales, afin de permettre une planification pluriannuelle par les zones de police (et notamment l'engagement de personnel dédié);
- obtenir enfin un secrétariat social (SSGPI) qui soit en phase, dans son mode de calcul des traitements du personnel policier, avec les données fournies par les comptables spéciaux des zones, de sorte que cessent les situations kafkaïennes de blocage bureaucratique que nous connaissons depuis les débuts de la réforme.
A défaut d'argent frais, on peut supposer que les services offerts par la police vont encore un peu plus se dégrader et avec eux une augmentation du risque que les agents perdent leur désir d'assurer un service de qualité auprès de la population.
Etant donné que nous les payons, que nous avons un droit regard sur leurs actions et leurs résultats, dans la mesure où l'Union considère que leurs missions ne sont pas correctement remplies, il est grand temps que le Gouvernement en prenne conscience et accepte leurs revendications au risque un jour d'être responsable de quelques bavures et autres dérapages.
Comme le dirait l'agent n°15 dans Quick et Flupke, "Allez, circulez, 'y a rien à voir... mais bien des choses à faire !"
Pour plus d'information sur les activités de la police en général, consultez également les rapports du Comité P.

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