mardi 14 août 2007

Les nébuleuses, et s'il s'agit d'une forme de vie, Jim...

Les auteurs de romans de science-fiction et notamment Gene Roddenberry à l'origine de la série culte "Star Trek", ont essayé d'imaginer à quoi ressemblerait la vie extraterrestre, et pas uniquement des créatures fondées sur la chimie du carbone et l'ADN comme ici bas. Image de synthèse réalisée par Gary Tonge.
Dans les épisodes et les films les plus récents, le physicien Michio Kaku, conseillé scientifique de la série, a imaginé des civilisations extraterrestres vivant sur des étoiles neutrons, dans des nébuleuses, des civilisations cristallines, vaporeuses ou encore de pure énergie.
Plus récemment, la série culte "Stargate SG-1" a exploité le même thème, mettant l'équipe de SG-1 au défi de communiquer avec ces formes de vie extraordinaires.
A ce jour, il va sans dire que pas un grain de poussière de ces scénarii n'a jamais été validé en laboratoire, et qu'aucune forme de vie n'a encore été découverte dans l'espace. Tout au plus, grâce à la radioastronomie, nous savons qu'il existe des molécules prébiotiques dans l'espace et que la chimie du silicium est une alternative mais elle n'est pas aussi souple et résistance que la chimie du carbone.
Les nébuleuses, de la poussière vivante ?
Dans un communiqué de presse publié par l'Institute of Physics (IOP) britannique ce 14 août 2007, des chercheurs ont annoncé qu'ils viennent de découvrir que sous certaines conditions, de la poussière inorganique présentait des propriétés proches de celles de la vie.
La nébuleuse M57 de la Lyre. Document STSCI/HST.Ils en ont extrapolé que la vie extraterrestre pourrait prendre la forme d'un nuage de poussières interstellaires, une nébuleuse par exemple, une idée qui a déjà germé voici plusieurs décennies dans l'esprit de chercheurs en bioastronomie. Aujourd'hui, dans le terreau fertile de leur laboratoire, les chercheurs ont franchi un nouveau pas.
Une équipe internationale comprenant V.N. Tsytovich de l'Institut de Physique Générale de l'Académie des Sciences de Moscou, travaillant en collaboration avec des collègues du département de Physique Extraterrestre du Max-Planck Institute de Garching, en Allemagne et des chercheurs de l'Université de Sydney en Australie, a étudié le comportement d'un mélange complexe de matière inorganique évoluant dans un plasma.
Le plasma est un 4e état de la matière dans lequel les électrons sont séparés des atomes, laissant la matière à l'état de particules chargées. Le plasma peut exister à basse température, dans l'ionosphère par exemple ou dans les aurores polaires, ou à très haute température, comme dans l'atmosphère des étoiles et les protubérances solaires.
Jusqu'à présent, les physiciens ont toujours pensé que les nuages de plasma étaient peu organisés : un éclair suit le potentiel, la forme d'une nébuleuse est liée à sa vitesse d'expansion et la forme des aurores varie selon l'activité du champ géomagnétique. Gros-plan sur la nébuleuse M16 de l'Aigle, une nurserie d'étoiles en gestation enfouies dans leur cocon de poussières. Document STSCO/HST.Toutefois, Tsytovich et ses collègues ont démontré en utilisant un modèle informatique de la dynamique moléculaire, que les particules constituant un plasma pouvaient s'auto-organiser à mesure que les charges électroniques se séparaient et que la plasma se polarisait. Cet effet résulte de la transformation des particules solides en structures filiformes, en brins qui s'enroulent pour former des tire-bouchons ou des structures hélicoïdales. Ces brins en forme d'hélices sont eux-mêmes électroniquement chargés et s'attirent mutuellement.
Assez bizarrement disent les chercheurs, non seulement ces brins d'hélices interagissent de manière non intuitive, et donc déterminée, mais ils s'attirent comme le font des molécules biologiques comme l'ADN et les protéines. Ils peuvent par exemple se diviser ou bifurquer et se séparer pour former deux copies de la structure originale.
Ces nouvelles structures peuvent également interagir pour induire des changements dans leur voisinage et elles peuvent évoluer en structures dont les moins stables se brisent, laissant uniquement dans le plasma les structures les plus adaptées à cet environnement.
Se pose alors la question de bioastronomie, si des amas de telles hélices se forment à partir de la matière interstellaire en présence de plasma, peut-on les considérer comme vivants ? "Ces structures de plasma complexes, auto-organisées présentent toutes les propriétés nécessaires pour les qualifier de candidat pour une matière inorganique vivante", dit Tsytovich, "elles sont autonomes, elles se reproduisent et évoluent".
Un amas d'étoiles et de nébuleuses imaginés par Adolphe Schaller.Il ajoute que les conditions du plasma nécessaires à la formation de ces structures hélicoïdales sont communes dans l'espace insterstellaire. Toutefois, les plasmas peuvent également se former dans des conditions plus terrestres comme dans les éclairs. Les chercheurs suggèrent qu'une forme de vie inorganique pourrait avoir émergé sur la terre primordiale, et servit de modèle aux molécules organiques plus familières que nous connaissons aujourd'hui.
Cette découverte importante apporte des indices sur la possibilité qu'il existe une forme de vie en dehors de la Terre qui ne soit pas nécessairement basée sur la chimie du carbone et très loin de ce qu'on peut imaginer. Elle peut également apporter des éléments de réponse concernant l'origine de la vie sur Terre. En dire plus et notamment qu'une nébuleuse serait vivante, est actuellement une pure spéculation. De toute manière, si c'était le cas, nous ne pourrions pas la caractériser de "vivante" en terme biologique. La définition de la vie devrait alors être étendue, mais nous ignorons tout de ces structures inconnues.
Pour plus d'information, consultez le dossier sur la bioastronomie.

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