dimanche 26 août 2007

Voici comment Google censure les ONG en Chine

Voici comment Google censure ou dissuade l'accès au site des ONG défendant les Droits de l'Homme en Chine.
Si vous recherchez par exemple le site Internet du CHRD, la Chinese Human Rights Defenders, une ONG de défense des Droits de l'Homme en Chine, Google va rapidement localiser le site de l'organisation mais vous affichera d'abord le message suivant (ou cliquer sur l'image pour y accéder sur Internet, c'est sans danger) :
Google dans ses basses oeuvres en Chine.
Notons que le même message apparaît sur google.fr ou google.com; il est général.
Le message de Google est clair : "Attention - visiter ce site web peut être dangereux pour votre ordinateur ! Pour en savoir plus...", etc. Et Google vous arrête à cette étape.
Pour un internaute novice, ce genre de message d'alerte le déstabilise tout de suite et la majorité des gens ne vont pas insister, croyant sans discuter ce qu'on leur dit. Ils n'iront donc pas consulter le site concerné, dont ils recherchaient pourtant l'URL, à moins qu'ils soient sensibilisés aux problèmes des Droits de l'Homme, ou prennent la peine de réfléchir au sens de ce message.
Notons que le site StopBadware.org indiqué va dans le même sens que Google en censurant l'information, où plus exactement en publiant de la désinformation, comme on le voit très bien dans le lien indiqué à propos du CHRD.
Certains répondront que Google nous prévient simplement du fait que la page concernée contient des "objets asp" (des scripts pour élaborer des pages web dynamiques). Or des milliers d'autres sites et notamment les sites d'actualité les utilisent, et Google ne nous prévient pas...
Mais je vous invite à prendre "à vos risques" ainsi que le dit Google, la décision de cliquer sur le lien du crd-net.org mentionné à la fin du message (lien tout aussi inoffensif) pour savoir qui se cache derrière ce soi-disant site "dangereux" : c'est le CHRD ! Cette ONG défend notamment les cyberdissidents chinois et dénonce les arrestations arbitraires. Son site est également traduit en anglais.
Le même filtrage s'applique à tous les mots-clés que Pékin juge "subversif", et Google s'aligne...
Mais peu importe le filtrage et les intimidations de Google ou les prétendus motifs qu'invoque leur direction, l'action des dissidents chinois et du CHRD est répercutée sur le site Boxun et bien sûr par les agences de presse occidentales.
En revanche, Yahoo vous conduit directement sur le site du CHRD. C'est donc une action délibérée de Google.
Est-ce légal ?
Ce constat soulève une question de fond : dans nos démocraties, censées respecter à la lettre les chartes édictées par l'ONU concernant les libertés, et les directives du Parlement européen notamment qui les renforcent, Google peut-il effectuer ce genre de censure même sous le couvert d'une soi-disant mise en garde ? Car le message est trompeur.
Google n'a pas à filtrer l'information ni à la commenter, c'est un moteur de recherche. Il n'est là que pour nous proposer l'information, à nous de décider ce que nous voulons en faire, à personne d'autre. C'est ça la liberté.
Qu'en pense les avocats spécialisés en droits transversaux, la Ligue des droits de l'homme et les représentants du BEUC ? La question leur a été posée. J'attends leur réponse.
Rappelons que si vous souhaitez aider les cyberdissidents chinois à s'exprimer librement et sans risque, vous pouvez installer le logiciel Psiphon sur votre PC.

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