mardi 11 septembre 2007

L'Amérique de Bush, 6 ans après le 11 septembre

Le 10 septembre 2007, David Petraeus, le commandant des forces américaines en Irak, a présenté au Congrès son rapport tant attendu sur la situation en Irak, dont voici le texte de 9 pages en format PDF. Le général David Petraeus. Document DoD.
Le général a estimé que les objectifs militaires de l’envoi de renforts en Irak sont "largement atteints" et a évoqué le retrait de 30000 soldats américains d’ici l’été 2008, ne laissant sur place que 15 brigades de combat.
Mais on appréciera mieux ce chiffre quand on sait que le Pentagone a envoyé près de 162000 soldats en Irak. En retirer à peine 20% est un geste purement diplomatique, ce n'est pas un désengagement.
Le général Petraeus a également présenté la stratégie de George Bush comme la seule option valable pour empêcher l’Irak de sombrer dans le chaos.
Il a également répété ce que Bush avait déjà dit le 22 août, à savoir qu'il était inapproprié de retirer les troupes américaines trop rapidement d'Irak.
Toutefois, son point de vue n’a pas convaincu les Démocrates opposés à cette guerre larvée en Irak qui n'a que trop duré.
De son côté, Nancy Pelosi, chef de file des Démocrates à la Chambre des Représentants, a qualifié le rapport d’"inacceptable". Le ton était donné.
Six ans après les attentats du 11 septembre 2001, ces propos confirment officiellement que George Bush est devenu un politicien impopulaire qui, à l’heure du bilan, n’a plus vraiment la cote auprès de son électorat ni son destin entre ses mains. Plusieurs faits ont conduit à cette situation.
Le bourbier Irakien
Le Président américain a prévu de s’adresser à ses compatriotes cette semaine et a préparé le terrain ces derniers jours en évoquant une nouvelle fois les "progrès" de sa stratégie en Irak.
Mais la rhétorique et les bonnes intentions ne prennent plus. Aujourd'hui la majorité (54%) des Américains ne croit plus en ce conflit qui, en un peu plus de quatre ans, a déjà engloûti 450 milliards de dollars et coûté la vie à 3754 soldats américains et à quelque 75000 Irakiens, selon les estimations de l'Iraq Body Count. Pour quels résultats ? Un simulacre d'autorité dans un chaos ambiant où la mort rode à tous les coins de rue !
L’Afghanistan
Mais il n'y a pas que la situation en Irak qui agace les citoyens Américains et ceux de bien d'autres pays démocratiques. Aux Etats-Unis, des voix s’élèvent également pour fustiger les échecs afghans du gouvernement Bush.
Rappelons que la Maison Blanche a investi 19 milliards de dollars pour reconstruire l’Afghanistan et y garde encore 23500 soldats. Or tout cela n'a pas réussi à empêcher la progression des Talibans qui semblent renaître de leurs cendres sur le terrain fertile du terrorisme.
Pour sa part, Robert Finn, ambassadeur américain en poste à Kaboul en 2002 et 2003, a récemment déclaré au New York Times que Washington n’a jamais envoyé assez d’hommes et d’argent en Afghanistan.
Une image vaut mille mots, dit-on. Ce portrait de George W. Bush Jr réalisé avec les photographies des soldats qu'il a envoyé à la mort en Irak, associe définitivement son nom à celui de cette guerre. Document Photo Matt.

Oussama Ben Laden
Mais les griefs contre l'administration Bush ne s'arrêtent pas là. Son bilan dans la lutte contre le terrorisme international est aussi contesté. Les Etats-Unis n’ont plus été attaqués sur leur sol depuis le 11 septembre 2001, alors qu'Oussama Ben Laden semble toujours en liberté.
Il a marqué à sa manière le sixième "anniversaire" des attentats du 11 septembre en apparaissant dans plusieurs cassettes vidéos depuis la semaine dernière, bien que l'authenticité de certains documents soit contestée par certains experts américains.
Les départs
Enfin, les problèmes internes au sein de l'Administration Bush se reflètent dans la longue liste des départs survenus ces dernières semaines : Karl Rove, proche conseiller du Président, Alberto Gonzales, ministre de la Justice empêtré dans un scandale, Tony Snow, porte-parole de la Maison Blanche et Rob Portman, le responsable du budget, ont tous quitté le Président.
Reste évidemment le vice-président Dick Cheney et la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice.
Bush est dorénavant affaibli et isolé jusqu'à la fin son mandat.
Dernière nouvelles
Lors de son discours du 14 septembre 2007, M.Bush a confirmé l'opinion du général Petraeus, notamment qu'il retirerait une bridage de 5700 hommes d'ici l'été 2008, mais il a également rappelé maintiendra toujours une forte présence américaine en Irak jusqu'à la fin de son mandat qui s'achèvera fin 2008.
Retenir les leçons du passé
Si les Américains ne partagent plus le point de vue de M.Bush, ce n'est pas faute de les avoir prévenus à temps qu'ils ne devaient pas élire ce parvenu idéaliste et incompétent à la Maison Blanche.
Les citadins intellectuels l'ont bien compris mais comme d'habitude, pas les citoyens de l'Amérique profonde. Aujourd'hui tout le monde doit en supporter les conséquences.
Décidemment, les gens ne retiennent jamais les leçons du passé. Malheureusement, ce constat vaut également pour la plupart des Européens.
Pour plus d'information, consultez le site DefenseLink géré par le Département américain de la Défense.

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire