A partir de ce 22 octobre 2007, la lecture de la "lettre de Guy Môquet" publiée ci-dessous est rendue obligatoire dans tous les lycées de France, mais les professeurs s'y refusant ne seront pas sanctionnés, a déclaré David Martinon, le porte-parole de l'Elysée. "On n'est pas dans une logique de sanction [...], c'est un choix fondamental. Il s'agit de l'histoire de notre pays, de l'histoire universelle", a-t-il dit.
Nicolas Sarkozy avait annoncé le 16 mai 2007, jour de son installation à l'Elysée, que sa première décision de Président de la République était de "demander au futur ministre de l'Education nationale" que "soit lue en début d'année à tous les lycéens de France" la lettre de Guy Môquet. "Un jeune homme de 17 ans qui donne sa vie à la France, c'est un exemple non pas du passé mais pour l'avenir", avait déclaré M. Sarkozy. "Pour moi, cette lecture est un grand symbole."
Nicolas Sarkozy avait annoncé le 16 mai 2007, jour de son installation à l'Elysée, que sa première décision de Président de la République était de "demander au futur ministre de l'Education nationale" que "soit lue en début d'année à tous les lycéens de France" la lettre de Guy Môquet. "Un jeune homme de 17 ans qui donne sa vie à la France, c'est un exemple non pas du passé mais pour l'avenir", avait déclaré M. Sarkozy. "Pour moi, cette lecture est un grand symbole."
Une instrumentalisation de l'Histoire
Cette lettre provoque une polémique au sein de l'Education nationale française. Certains enseignants dénoncent à juste titre une "instrumentalisation de l'Histoire au profit du politique" et on pourrait ajouter, une incohérence dans la forme et une violation des droits fondamentaux.
Interrogé sur cette polémique, M. Martinon a rappelé que la circulaire publiée le 30 août 2007 sur l'organisation de cette journée "laisse la liberté totale aux enseignants" sur les modalités de la lecture. "La lettre sera lue à tous les lycéens de France à côté d'autres textes de résistants", a-t-il expliqué. "La lecture sera intégrée à un vrai programme pédagogique".
Cette lettre provoque une polémique au sein de l'Education nationale française. Certains enseignants dénoncent à juste titre une "instrumentalisation de l'Histoire au profit du politique" et on pourrait ajouter, une incohérence dans la forme et une violation des droits fondamentaux.
Interrogé sur cette polémique, M. Martinon a rappelé que la circulaire publiée le 30 août 2007 sur l'organisation de cette journée "laisse la liberté totale aux enseignants" sur les modalités de la lecture. "La lettre sera lue à tous les lycéens de France à côté d'autres textes de résistants", a-t-il expliqué. "La lecture sera intégrée à un vrai programme pédagogique".
Certains enseignants dénoncent ou refusent de lire la lettre imposée. En effet, bien que poignante, riche d'enseignements et tout ce que l'on voudra, cette lettre soulève plusieurs questions d'ordre déontologique :
- N'est-ce pas à l'Education nationale de juger quel est le programme éducatif le mieux adapté aux étudiants ?
- N'est-ce pas à l'Education nationale de juger quel est le programme éducatif le mieux adapté aux étudiants ?
- Le corps enseignant peut-il accepter que l'on fabrique un programme scolaire sur base des émotions ressenties par le pouvoir politique ?
- Si on commémore Guy Môquet ce 22 octobre, qui Sarkozy va-t-il demander de commémorer demain et sous quel prétexte cette fois ?
- Peut-on lire cette lettre qui est un document privé et n'a nullement été écrite par son auteur pour être diffusée sur la place publique ?
- Si ce document discute de résistance et doit être lu en public, pourquoi mettre en avant cette personne et ignorer les autres résistants ?
- Si on commémore Guy Môquet ce 22 octobre, qui Sarkozy va-t-il demander de commémorer demain et sous quel prétexte cette fois ?
- Peut-on lire cette lettre qui est un document privé et n'a nullement été écrite par son auteur pour être diffusée sur la place publique ?
- Si ce document discute de résistance et doit être lu en public, pourquoi mettre en avant cette personne et ignorer les autres résistants ?
Bref, il y a des "mises au point" à faire et des réponses à donner avant de lire cette lettre !
Chacun et chaque chose à sa place
Si cette lettre peut susciter des commentaires et faire réfléchir sur le sens de la vie et des actes héroïques, elle ne dit rien de l'histoire qui l'entoure. De plus, on ne peut pas expliquer et comprendre la résistance par cette seule lettre. L'information est donc biaisée, incomplète et le discours présidentiel incohérent.
Ne vaut-il mieux pas laisser le corps enseignant libre d'instruire les jeunes selon le programme établi et des méthodes éprouvées, inviter des résistants pour qu'ils parlent de leur vécu et des leçons qu'ils en ont retenues ou organiser un cours de morale centré sur la résistance ?
Voilà autant d'idées intellectuellement plus acceptables et plus objectives que l'opinion particulière d'un Président qui semble ignorer le principe des libertés démocratiques dont la liberté de conscience et le libre examen ne sont pas des moindres, la séparation des "pouvoirs" et le code d'éthique ! Bref, chacun à sa place, et l'éducation sera bien gardée !
La lettre de Guy Môquet à la veille de sa mort
Pour ne pas jouer le jeu du politique et vous imposer d'emblée sa lecture, j'ai donc placé la lettre de Guy Môquet à la fin de cet article. A vous de juger si elle vous intéresse.
Rappelons que Guy Môquet, 17 ans, était un résistant communiste. Il fut arrêté à 16 ans le 15 octobre 1940 à Paris par trois policiers français sous le motif qu'il diffusait de la propagande communiste sous l'occupation. Il sera interrogé pour dénoncer ses camarades. Il adressa cette lettre à ses parents avant d'être fusillé le 22 octobre 1941 par les Allemands :
"Ma petite maman chérie,
mon tout petit frère adoré,
mon petit papa aimé,
mon tout petit frère adoré,
mon petit papa aimé,
Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c'est d'être courageuse. Je le suis et je veux l'être autant que ceux qui sont passés avant moi. Certes, j'aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c'est que ma mort serve à quelque chose. Je n'ai pas eu le temps d'embrasser Jean. J'ai embrassé mes deux frères Roger et Rino. Quant au véritable je ne peux le faire hélas ! J'espère que toutes mes affaires te seront renvoyées elles pourront servir à Serge, qui je l'escompte sera fier de les porter un jour. A toi petit papa, si je t'ai fait ainsi qu'à ma petite maman, bien des peines, je te salue une dernière fois. Sache que j'ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m'as tracée.
Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que j'aime beaucoup. Qu'il étudie bien pour être plus tard un homme.
17 ans 1/2, ma vie a été courte, je n'ai aucun regret, si ce n'est de vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin, Michels. Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c'est d'être courageuse et de surmonter ta peine.
Je ne peux en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, papa, en vous embrassant de tout mon cœur d'enfant. Courage !
Guy
Dernières pensées : Vous tous qui restez, soyez dignes de nous, les 27 qui allons mourir !"
Pour plus d'information sur ce jeune héro, consultez l'article de Wikipédia.
L'Etat confond ici l'histoire et la mémoire, et lcette injoction s'inscrit dans la longue série de la tentation du politique à légiférer en matière d'histoire, à distinguer ce qui est juste et ce qui ne l'est pas, ce qui est positif et ce qui ne l'est pas et surtout à pénaliser toute démarche contraire au préjugé mémoriel. Le rôle t'un professeur n'est pas de dire ce qui est bien ou mal mais d'enseigner la démarche par laquelle l'individu peut accéder à la vérité. La lettre de Moquet à pour fonction de créer du lien social, c'est un acte mémoriel, et non une démorche d'historien.
RépondreSupprimer