vendredi 23 novembre 2007

Les jeunes violents dans leur relation amoureuse

Les jeunes de 12 à 21 ans déclarent que "la femme battue, ça ne les concerne pas", dans une enquête sur l'Amour et violence chez les jeunes réalisée en septembre 2007 par Ipsos pour la Direction de l'Égalité des chances de la Communauté française de Belgique et publiée le 23 novembre 2007 dans le magazine "Faits & Gestes".
La violence. Document EdA/Philippe Luc.Or, après enquête, on constate que 91 % des jeunes interrogés reconnaissent avoir été victimes de violence dans leur relation amoureuse et 72 % y ont déjà eu recours. La sensibilisation et la prévention s'imposent donc.
Cinq types de violence ont été décrites par les jeunes :
- violence physique (3 à 14 % selon qu'il s'agisse de pousser, gifler, tirer les cheveux ou menacer par un objet);
- domination (contrôle du GSM et des fréquentations, injonctions d'habillement, etc) : 54 % des jeunes interrogés disent avoir déjà été empêchés de parler avec des amis, 71 % d'avoir dû dire avec qui il ou elle était;
- déni (ne pas tenir compte de son avis, par exemple) : 55 % ont déjà été confrontés à un(e) petit(e) ami(e) refusant de discuter, fuyant le dialogue;
- dévalorisation : 53 % ont déjà vécu des critiques sur leur apparence physique de la part de leur "amoureux";
- manipulation (chantage, créer une mauvaise réputation).
Selon cette étude, 30 % des jeunes disent avoir "toujours" ou "souvent" été victimes de ces comportements violents, 60 % disent "quelques fois ou "rarement". 70 % des jeunes ont un jour été "auteurs" de ces comportements, dont 15 % "toujours" et "souvent".
Un chiffre est révélateur : 99 % des auteurs sont aussi victimes de violences, laissant supposer que pratiquement tous reproduisent des schémas acquis sans vraiment discerner le bien du mal ou se rendre compte des conséquences de leurs gestes.
Selon les chercheurs, l'âge renforce ces mécanismes. Selon la fréquence et le cumul des actes décrits comme violents, les chercheurs ont défini des agresseurs et victimes en mode "majeur", c'est-à-dire où la violence est érigée en système, ou en mode "mineur", où elle reste occasionnelle voire exceptionnelle.
Entre 12 et 14 ans, 3 % des filles et 5 % des garçons se disent victimes en mode majeur; à 18-21 ans, c'est 28 % des jeunes femmes et 20 % des jeunes hommes qui sont concernés.
La violence physique et les comportements de domination sont davantage masculins, alors que déni et manipulation sont plutôt féminins.
On pourrait en déduire que le garçon ou l'homme en général est naturellement plus brutal et direct, et que la fille ou la femme est plus surnoise et hypocrite. Si la réalité est évidemment plus subtile et démontre parfois le contraire, il est logique que face à la force brutale, la jeune fille développe d'autres aptitudes comme la ruse pour se protéger ou aboutir à ses fins.
Il est également inquiétant de constater que 34 % des jeunes ont des difficultés à accepter que l'autre refuse des caresses, et 17 % qu'il refuse de faire l'amour.
Il va donc de soi qu'une fois adulte, si ces jeunes ne sont pas mieux éduqués, ils vont reproduire les mêmes actes, conduisant à la violence conjugale en reportant la même agressivité sur leur partenaire ou leur enfant.
L'influence de la pornographie
Bien que cette étude ne se penche pas sur les causes de cette violence, d'autres sondages ont mis en évidence que chez les garcons principalement, entre 14 et 21 ans, l'influence de la pornographie qu'ils voient sur Internet libère leurs tabous et développe les déviances sexuelles.
Sous l'influence de sa libido, le jeune veut reproduire dans sa relation amoureuse la seule forme d'"amour" ou de sexe qu'il connait, celle du hard core avec une partenaire a priori consentente. Or, sous cette forme, un consentement tacite de sa partenaire ne suffit évidemment pas, d'où le risque de conflit et de violence.
On pourrait également discuter de la violence banalisée dans les films ou des relations toutes aussi violentes des jeunes entre eux (dans leurs attitudes et leurs façons de parler).
Ici, non seulement les parents ont un rôle à jouer mais également l'éducation scolaire, l'enfant passant l'essentiel de son temps à l'école.
Un constat
Il ressort de cette enquête que les jeunes évoluent dans une société où la violence est banalisée, puisque 9 jeunes sur 10 affirment avoir été victimes d'actes relevant de la violence dans leur relation amoureuse.
Cette enquête démontre également le degré d'immaturité des jeunes dans leur relation amoureuse - le fait qu'ils ignorent tout du sexe opposé - et le manque chronique de dialogue entre les partenaires, des attitudes que l'on retrouve généralement à l'âge adulte et qui conduisent trop souvent à la rupture du couple, ainsi que l'explique cet article sur les peines de coeur : réflexions sur la vie.
Sur le plan pénal, précisons qu'un mineur coupable d'actes de violence avec coups et blessures sur autrui risque deux ans d'emprisonnement dans un centre fermé. Sa responsabilité est donc engagée. Un homme averti en vaut deux.
Redoubler la vigilance
A partir de ce constat plutôt alarmant, on ne peut que suggérer aux parents de redoubler de vigilance, en interrogeant notamment leurs enfants quand ils reviennent avec des ecchymoses, des traces de griffes sur le corps ou des objets abîmés.
Si les enfants doivent apprendre à se débrouiller seuls dans la vie et forger leur propre expérience comme leur propre opinion, ils doivent aussi être encadrés afin de gérer au mieux ces situations parfois difficiles.
Ne démissionnez surtout pas sous prétexte que vous ne les comprenez plus. C'est à l'âge de la puberté qu'ils ont le plus besoin de votre soutien pour comprendre la violence et la rapidité des changements qui se produisent dans leur corps, dans leur tête et dans celle de leur(s) ami(e)s.
Pour plus d'information, téléchargez le magazine Faits & Gestes (PDF de 10 pages).

1 commentaire :

  1. Je pense que toute femme victime de la violence se doit de réagir. Il est vrai que nous avons quelques respect envers les hommes mais eux egalement.Je ne suis pas encore en age moyenne de recevoir toute marque de violence d'apres les enquetes mais si un jour je dois en faire face,il faudre que fasse répandre les droits et devoirs des femmes

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