mardi 24 avril 2007

Acheter un télescope en kit : le miroir aux alouettes

Les médias et notamment les éditeurs ayant un site Internet font parfois de la publicité pour des télescopes de Newton ou d'autres instruments optiques vendus en kit par souscription. Vous achetez chaque semaine un magazine comprenant une pièce de l'assemblage. Au bout d'un an vous avez construit un télescope de 114 mm d'ouverture. Si l'offre paraît séduisante, peut-on faire confiance en ce genre d'annonce ?
Prenons un exemple concret, le télescope "Star Observer" de 114/1000 mm à tube court vendu en kit par les Editions Atlas. Le prix en vaut-il la chandelle ?
Le prix. Les 60 fascicules nécessaires à l'assemblage sont vendus au prix "privilégié" de 12.40 € l'exemplaire frais d'envois compris (3.40 € pour le 1er fascicule et 6.40 € pour le 2eme fascicule, frais d'envois compris), ce qui représente un investissement total de 729 €. En "cadeau" vous recevez le chercheur, un couvercle, la monture équatoriale Saturne et deux cartes du ciel. Précisons tout de même que si le chercheur est fourni avec le premier fascicule, le miroir n'arrive qu'un an plus tard, histoire sans doute de retenir les clients et de garantir la vente...
L'amateur un peu futé ou l'astronome amateur averti aura déjà noté que la Maison de l'Astronomie vend un télescope Skywatcher de 114/1000 pour 225 € et Optique Unterlinden vend un 130/900 Orion AstroView pour 230 €.
La qualité de l'instrument. Il s'agit d'un télescope de Newton à tube court utilisant un miroir de court rapport focal (f/4.4) doublé par une lentille Barlow. Il présente donc une forte coma en dehors de l'axe central à laquelle s'ajoute des aberrations chromatiques induites par la lentille de Barlow de mauvaise qualité. Toutes les lentilles (Barlow, oculaire) sont en plastique, les éléments sont soit en plastique moulé soit en aluminium et en fer blanc. La lentille de Barlow est fixée à demeure dans le porte-oculaire. Toutes ces particularités sont indignes d'un instrument soi-disant de qualité.
La marque. Il s'agit d'Eden Astro, un concurrent de Seben et d'autres sous-marques chinoises. Réputée pour vendre des produits bas de gamme et de mauvaise qualité. Voyez notamment ces commentaires publiés récemment sur le modèle Eden et ceux concernant le modèle Seben. En conclusion, ignorez ce genre de produit !
En guise de conclusion. Non seulement on vous trompe sur la marchandise en ne vous précisant pas le niveau de qualité du matériel (bas de gamme) ni avec quelle matière sont fabriqués les accessoires (verre ou plastique, acier, alu, fer blanc ou PVC) mais le prix du matériel est trois fois supérieur au prix du marché. Comment peut-on appeler ces méthodes malhonnêtes si ce n'est un miroir aux alouettes ? Oui, méfiez-vous, c'est une arnaque* !...
En revanche, vous pouvez acheter un télescope dobsonien en kit (chez Optique Unterlinden par exemple), il est conçu pour être transporté en pièces détachées (mais elles sont peu nombreuses).
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* L'arnaque. Il n'existe pas de définition juridique de l'arnaque. L'arnaque résulte d'une volonté délibérée et organisée de tromper. Elle recouvre un certain nombre de pratiques douteuses, abusives, d'une gravité plus ou moins grande et qui se fondent en partie sur la faiblesse ou l'ignorance des personnes piégées. Dans de nombreux cas elle se limite à une pratique commerciale organisée, consistant à exploiter particulièrement les consommateurs les plus vulnérables. Mais tout le monde peut être piégé !
L'arnaque à la consommation se caractérise par l'organisation massive et systématique de l'offre ou de la fourniture d'un produit ou d'un service, non conforme à l'attente raisonnable du consommateur, et en exécution d'un engagement obtenu par artifice, dissimulation, mensonge, voire ruse ou tromperie. C'est le cas lorsqu'on le produit ou le service rendu présente notamment un rapport qualité/prix disproportionné par rapport au prix de la concurrence, une absence de l'avantage promis ou encore une absence de toute contrepartie.
Si les prix sont libres en France et qu'il n'y a donc pas tromperie sur le prix a priori, et quand bien même le rapport qualité/prix est laissé à l'appréciation de l'acheteur et n'est donc pas de nature juridique, on pourrait faire valoir l'arnaque tel que définie ci-dessus et notamment un rapport qualité/prix disproportionné de l'objet mis en vente par rapport à la concurrence.
Comme par hasard l'éditeur reste muet à mes demandes d'information. Sachant cela, l'affaire a donc été portée à la connaissance de la DGCCRF de Paris. Affaire à suivre comme l'on dit.

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