vendredi 4 mai 2007

L'espionnage et la liberté des communications

A l'époque où la base de Menwith Hill fut installée en Angleterre (~1954) sous l'égide de la NSA, il n'existait aucune loi en Grande-Bretagne, ni ailleurs en Europe, concernant le contrôle des communications téléphoniques ou quoi que ce soit stipulant que leur interception était interdite. Aujourd'hui, et d'autant plus avec le pouvoir grandissant du Parlement Européen, l'interception des télécommunications par les Américains à partir du territoire britannique est illégale sans les garanties appropriées.
La loi sur la liberté des communications a pris ces dernières années un sérieux coup dans l'aile, soi-disant pour protéger les entreprises contre les attitudes malveillantes de certains employés. Bien que cet argument soit recevable, certaines organisations comme la NSA ont tendance à l'exploiter au-delà du sens de la loi.
Ainsi l'"Interception Communication Act" publié en Grande Bretagne en 1985 fut conçu avec l'arrière-pensée de disposer d'un outil législatif autorisant les employeurs à accéder aux emails et aux communications téléphoniques de leurs employés. Evidemment, la NSA interpréta cet acte comme une disposition spéciale les autorisant à espionner les communications internationales à partir de la Grande-Bretagne dans le cadre du réseau Echelon ou du futur projet P415.
Une section spéciale de cette loi, la section 3(2), permet d'offrir des garanties aux opérateurs afin qu'ils puissent intercepter n'importe quel type de message international ordinaire envoyé vers ou à partir de la Grande-Bretagne si c'est "dans l'intérêt de la sécurité nationale" ou "afin de sauvegarder le bien-être économique du Royaume-Uni". De telles garanties permettent également au GCHQ (Government Communications Headquarters) d'intercepter toutes les autres communications passant par câble ou par satellite, de les traiter et de choisir les messages qu'ils veulent. Ainsi, si la garantie du Gouvernement britannique permet légalement aux agents américains d'intercepter les communications britanniques privées, il n'y a aucun doute que la loi britannique, comme les bases militaires, ont été conçues pour encourager plutôt qu'empêcher la florissante industrie du Renseignement à surveiller les télécommunications internationales.
Mais ce n'est pas tout. Depuis les années '80, des équipes spéciales du GCHQ de Cheltenham ont été envoyées en secret dans un centre de calcul de la Silicon Valley aux Etats-Unis pour concevoir des systèmes informatiques spécialisés dans l'interception des messages domestiques et internationaux.
Le centre situé près de San Francisco a également été employé pour former le personnel du "service technique" de l'Etat-Major Général de l'Armée de Libération chinoise, l'équivalant asiatique du GCHQ. Deux stations d'écoute ultra secrètes ont été bâties dans la région autonome de Xinjiang Uighur, près de la frontière russe. Les Chinois prétendent que ces systèmes de surveillance sont uniquement utilisés pour intercepter les signaux électromagnétiques des pays membres du pacte de Varsovie ainsi que ceux suspectés de participer à des actions...d'espionnage et de terrorisme. Toutefois les stations reliées à Echelon ne feraient l'objet d'aucun contrôle formel sur les objectifs ciblés. Selon des indiscrétions, les jeunes équipes chinoises pourraient alimenter les systèmes informatiques avec n'importe quelle donnée sans aucun contrôle de la part des autorités
Que nous soyons en Chine, en Grande-Bretagne, en Australie ou aux Etats-Unis, il semble inévitable que même les ingénieurs fournissant le matériel d'écoute aux agences de renseignements sont impliqués dans la surveillance des communications des citoyens, qu'ils soient privés ou institutionnels. Mais en raison de l'ordre spécial présidentiel, les employés de la NSA savent qu'ils encourent de lourdes peines d'emprisonnement s'ils divulguent le moindre renseignement malgré la loi américaine qui leur assure la liberté d'expression et de la presse. En Grande-Bretagne comme dans toute l'Europe ainsi qu'en Afrique, les gouvernements resserrent les lois sur la liberté des communications et considèrent dorénavant que toute publication d'information acquise par une agence de renseignement est considérée comme un crime, même si l'information a déjà été publiée à l'étranger.
Il y a bien d'autres exemples de conflits entre les autorités civiles et militaires que pourraient nous rappeler tous les mercenaires à la solde des commanditaires les plus divers (fondations, sociétés industrielles, groupes terroristes, gouvernement, etc.).
Malheureusement ces informations sont classifiées et alimentent toujours un dossier sur l'espionnage de plus en plus lourd, parfois taché de sang.
L'injustice qui pèse sur les agences de renseignements c'est que l'on ne connaît que leurs échecs et jamais leurs succès et qui, pour pouvoir se reproduire, doivent, le plus souvent, rester secrets.
Nous avons connu des exemples évidents où les agences de renseignements anglaises ou américaines faisaient de la rétention d'information. La plus forte à ce jeu est l'une des agences de l'US Air Force, le Bureau des Enquêtes Spéciales, l'OSI dont on a déjà évoqué le rôle à propos du terrorisme et dans la problématique qui touche la question des OVNI.
Mais ces hypothèses ne doivent pas nous faire oublier le fait que des services secrets, nous ne savons rien ou peut-être que ce qu'ils veulent bien laisser filtrer. Leurs échecs juxtaposés à leur puissance présumée apparaissent comme de véritables énigmes. La guerre de l'information ne fait que commencer.

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire