jeudi 10 mai 2007

La lutte contre l'esclavage

Depuis janvier 2006, le 10 mai est déclaré “Journée des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions”. Cette événement renforce la “Journée Internationale pour l'abolition de l'esclavage” célébrée le 2 décembre.
Le Secrétaire général de l’ONU Kofi Annan attire notre attention sur le fait que ce fléau existe toujours. « De nombreuses formes d'esclavage persistent comme le travail forcé et la main d'œuvre servile, le travail des enfants et l'esclavage à des fins rituelles ou religieuses » a-t-il déclaré. « Le monde doit aussi faire face à une nouvelle forme d'esclavage, à savoir la traite d'êtres humains, qui entraîne de nombreuses personnes vulnérables, quasiment abandonnées par les systèmes juridiques et sociaux, dans un engrenage sordide d'exploitation et d'abus », a-t-il ajouté.
Le problème de l'esclavage étant considéré comme le fléau des temps modernes, il n'est pas inutile de rappeler comment il se développe dans nos sociétés pour essayer d'endiguer son extension.
Selon la définition de l’ONU (1926, 1956), l'esclavage est « l'état ou condition d'un individu sur lequel s'exercent les attributs du droit de propriété ou certains d'entre eux ». La traite des esclaves représente « tout acte de capture, d'acquisition ou de cession d'un individu en vue de la réduire en esclavage; tout acte d'acquisition d'un esclave en vue de le vendre ou de l'échanger; tout acte de cession par vente ou échange d'un esclave acquis en vue d'être vendu ou échangé, tout acte de commerce ou de transport d'esclaves ainsi que les actes conduits par des institutions et des pratiques analogues à l'esclavage : servitude pour dettes, servage, mariage forcé, etc ».
L'esclavage est donc un système socio-économique reposant sur l'exploitation des personnes. Généralement les esclaves ne sont ni libres ni rémunérés. Dans de nombreux pays, cette exploitation de l’homme par l’homme est considérée comme un crime contre l'humanité.
Depuis les années 1980, en théorie l'esclavage a été aboli dans tous les pays. Mais en pratique on constate qu'il a pris de nouvelles formes et s'est adapté aux nouveaux visages de la société. Le fléau séculaire est devenu moins violent physiquement parlant mais il est plus surnois et plus sordide car les victimes ont aujourd'hui plus conscience que jamais de leur condition d'esclave mais constatent avec désespoir que le public reste insensible à leur douleur, mal informé ou préférant tourner la tête. Heureusement, l'ONU, les ONG et bien sûr les médias font leur possible pour aider les victimes et dénoncer les marchands d'esclaves.
Dans son rapport du 26 juillet 2006, l’Human Rights Watch (HRW) rapportait que la violence et des conditions proches de l’esclavage existaitent toujours dans 12 pays, principalement des abus contre les travailleurs domestiques. Mais un recencement rapide permet toutefois de multipler ce nombre par deux sinon plus. Dans les faits, le Bureau International du Travail (BIT) qui dépend de l’ONU, dénonce l'ampleur du travail forcé dans le monde. Dans un rapport publié le 11 juin 2005, le BIT estime que 12.3 millions de personnes sont touchées par ce "fléau social" qui revêt des formes très diverses.
Les employées de maison par exemple utilisées par les particuliers et certaines ambassades représentent tous les signes des esclaves modernes. Que nous soyons en Europe, en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie ou ailleurs, des jeunes filles pauvres et parfois illettrées venues des campagnes sont invitées à faire du babysitting, des ménages ou à rendre de menus services. Mais la plupart du temps leurs espoirs s’effondrent une fois qu'elles ont passé le seuil de la porte car la nature véritable de leur travail prend une toute autre forme.
La jeune fille photographiée à gauche par exemple par un reporter du National Geographic s'appelle Surekha et vit en Inde. Elle est esclave domestique et doit vivre dans une pièce sale mesurant 1x2m. Elle y prépare la cuisine et y dort, entourée de ses quelques effets personnels. Son maître lui a transmis le SIDA. Aujourd'hui 0.9% de la population indienne est touchée par cette maladie.
De toute évidence, bien que l'Inde soit un état démocratique, les droits de l'homme y sont toujours bafoués. Les indouistes comme les musulmans modérés prônent la tolérance, le respect de la vie et sont soi-disant prudes, choqués quand un couple s'embrasse en public ou qu'une femme montre ses formes mais l'esprit de caste et le mépris des plus faibles reste d'actualité.
Il faut également citer les enfants exploités un peu partout dans le monde pour effectuer toutes sortes de petites ou de sales besognes (travaux domestiques, confection et manutention) ainsi que des ouvriers désoeuvrés exploités dans des plantations ou des mines, notamment dans le sud de l’Europe et en Amérique du Sud.
Car l’Europe n’échappe pas à l’esclavage. Il y a tout d’abord l’important trafic de jeunes femmes venue de Russie et d’Europe de l’Est pour alimenter tous les réseaux underground occidentaux dont celui de la prostitution. S’ajoute à ce trafic celui des mariages blancs orchestrés par des ressortissants des pays de l’Est. Chaque année des centaines de proxénètes et d’étrangers en séjour illégal sont renvoyés dans leur pays d’origine et des dizaines de réseaux mafieux sont démantelés.
Mais ceci n'est que le sommet de l'iceberg. Selon un rapport du BIT publié en mai 2005, 2.4 millions de personnes sont victimes de la traite des êtres humains dans le monde. Ainsi que l'explique cet article, malheureusement l'esclavage existe probablement plus près de chez nous qu'on ne le pense.
En ce XXIeme siècle où les gouvernements prônent la justice, la tolérance et la liberté, nous pouvons avoir honte d'être soi-disant humain quand on apprend que ce sont des gens (presque) comme vous et moi qui se sont comportés en esclavagistes.
Consultez également cet article pour plus de détails sur l'histoire de l'esclavage.

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