mardi 22 mai 2007

Le papa de Tintin fêterait ses 100 ans !

Le 22 mai 1907 naissait Georges Prosper Remi, alias Hergé. Rendons hommage au dessinateur et scénariste qui fit rêver des millions d'enfants.
Georges se passionne très tôt pour le dessin et crayonne déjà dans ses cahiers d'écolier mais ironiquement il n'obtiendra jamais la moyenne dans cette discipline. Peu importe, il illustre le journal de l'Institut Saint-Boniface "Jamais assez" ainsi que "Boy scout" le journal des scouts de Belgique.
Adolescent, Georges eut une courte idylle avec une jeune fille prénommée Marie-Louise qu'il surnomma "Milou". Ses humanités terminées, les parents de Georges estiment qu'il doit gagner sa vie. Le directeur de l'Institut Saint-Boniface lui apprend que le journal "Le XXeme siècle" cherche un employé.
Et voilà notre jeune homme engagé comme gratte-papier au service des abonnement du journal. Ce travail ne lui plaît pas et quitte le journal avant d'effectuer son service militaire. Une fois démobilisé, il réintègre le journal du "XXeme siècle", mais cette fois comme illustrateur et photographe. L'abbé Norbert Wallez dirige le journal et lui confie tous les travaux d'illustration.
La ligne claire
En 1928, Hergé devient responsable du "Petit Vingtième", le supplément jeunesse du quotidien. En 1929, l'abbé Wallez lui suggère de créer sa propre série de bande dessinée. Un peu par hasard Hergé y dessine les aventures de "Tintin et Milou" et se lance dans "Tintin au pays des Soviets", signant la série du pseudonyme de Hergé, ses initiales phonétiques. Mais encore naïf, Hergé ne se rend pas compte que le petit journal qu'il illustre est de tendance droite, même très à droite : populiste, nationaliste et colonialiste.
En 1930, Hergé crée "Quick et Flupke" et publie "Tintin au Congo". L'album est encore emprunt de colonisalisme à la fois dans le texte et les dessins. Il sera suivi en 1931 par "Tintin en Amérique".
En 1932, Hergé épouse la belle secrétaire Germaine Kieckens qui lui donnera une fille. Par la suite Hergé crée les personnages de "Popol et Virginie" dont il n'y aura qu'un seul album "Popol et Virginie chez les Lapinos" ainsi que "Jo et Zette" dont il y aura 5 albums.
En 1934, il rencontre un jeune étudiant chinois, Chang Chong-Chen (1905-1998), qui lui ouvre les yeux sur le monde. Il s'intéresse alors à la philosophie orientale et prend conscience que le monde n'est pas binaire, dessiné en noir et blanc, et que lui-même n'est pas immaculé. Cela lui donne l'idée d'écrire "Le Lotus Bleu" et "Tintin au Tibet". Hergé ne reverra Chang qu'en 1981. Chang avait fondé une famille et était devenu un sculpteur célèbre.
Durant la guerre, Hergé continue de publier les aventures de Tintin dans le journal "Le Soir" contrôlé par l'occupant nazi. Mais encore trop jeune et naïf, Hergé continue de dessiner sans se rendre compte que ses dessins cotoient des articles collabos, une attitude qu'il payera cher après la guerre. "Le crabe aux pinces d'or" sera la seule bande dessinée que les Nazis accepteront de publier.
En 1942, les éditions Casterman s'intéressent à l'oeuvre d'Hergé et lui proposent de publier sa série dans un cachier de 64 pages couleur. Hergé accepte et adapte sa série pour se conformer au nouveau format.
A la Libération Hergé se fait arrêter quatre fois et passe une nuit en prison. Il est interdit de publication dans la presse mais n'a jamais été vraiment inquiété ni jamais passé réellement en jugement. Finalement il obtient un certificat de civisme qui lui permet de réinsérer Tintin dans la presse périodique.
En 1947-48 il tombe en dépression. Fatigué par des soucis de santé, blessés par les critiques reçues pour son attitude durant la guerre, trahi par ses proches et même volé par son agent, Hergé veut tout arrêter. Il part en Suisse se reposer où il connaîtra une aventure amoureuse.
En 1950, Hergé crée le studio Hergé et s'entoure de collaborateurs dont une jeune coloriste, Fanny Vlamynck. Ecartelé entre ses deux femmes, Hergé choisi Fanny, de 27 ans sa cadette, qu'il épousera en 1977. Dorénavant Hergé va travailler moins assidûment, il voyage, lit beaucoup et s'intéresse à la psychanalyse et à l'analyse des rêves.
En 1980, Hergé se découvre une leucémie. Il décèdera en 1983. Tintin orphelin prend alors Nick Rodwell pour père d'adoption et ce dernier épousera la belle Fanny. La série des aventures de Tintin comptera finalement 24 albums traduits en 58 langues qui se vendront à plus de 200 millions d'exemplaires dans le monde. On adapta la série en dessins animés et on en fera un film, "L'Orange bleue". La série "Quick et Flupke" comptera 12 albums jusqu'en 1991 et sera traduite en anglais. On en fera une adaptation pour la télévision sous forme d'un dessin animé de quelques minutes qui sera présenté juste avant le journal de 19h30 sur la RTBF.
La société Moulinsart
Nick et Fanny Rodwell transforment l'oeuvre d'Hergé en société Moulinsart, gérant l'Empire Tintin et ses droits dérivés en respectant scrupuleusement l'image de Tintin.
Mais si les éditions Casterman gèrent très bien les aventures Tintin et leur packaging, la société éprouve des difficultés pour respecter l'oeuvre d'Hergé sur le plan international... Une nouvelle société vit donc le jour pour gérer l'édition non francophone des albums d'Hergé. A ce propos signalons qu'aux Etats-Unis "Milou" s'appelle "Snowy".
La société Moulinsart décline les produits dérivés des oeuvres d'Hergé (magazine, spectacles, site Internet, figurines, tea-shirts, timbres, etc) et refuse de céder les droits à n'importe qui comme cela a été fait dans le passé.
Depuis 2000, Nick et Fanny Rodwell souhaitent positionner Tintin comme une création haut de gamme. De ce fait, les oeuvres de Tintin sont devenues inaccessibles à son principal public, les enfants.
Les critiques de Moulinsart sur liste noire
Depuis que Rodwell dirige Moulinsart, personne ne peut dessiner le portrait de Hergé par exemple ou le caricaturer, ce que beaucoup d'auteurs ont jugé excessif et déplacé dans une démocratie qui prône la liberté d'expression, jugeant même qu'Hergé n'aurait jamais interdit ce genre d'usage !
Mais pire que cela, la société Moulinsart a dressé une "liste noire" des personnes osant critiquer la manière dont les ayant-droits gèrent les droits des oeuvres d'Hergé. Qu'ils viennent à publier un article, réaliser une émission ou participer à un reportage critiquant Moulinsart, ils seront immédiatement dans le collimateur de M.Rodwell.
Ainsi, le 10 octobre 2007 par exemple, la chaîne de TV belge "La Une" s'est vue censurée par une décision du Tribunal de première instance de Bruxelles pour avoir révélé les méthodes de M.Rodwell grâce à une caméra cachée, et n'a pas été autorisée à diffuser son reportage ! La Une a toutefois décidé d'interjeter appel de la décision en vertu de la liberté d'expression.
Les journalistes ont tout à fait raison de se révolter et devraient logiquement gagner ce procès en appel.
En attendant, Tintin se vend très bien. Récemment, l'album "Le lotus bleu" de 1946 s'est vendu 6000 €, un record. Une statue de Tintin cosmonaute se vend aux enchères entre 6000 et 8000 €... Heureusement il est encore possible d'acheter des figurines certifiées et notamment la fusée de Tintin pour moins de 100 €.
Revers de la médaille, la contrefaçon des oeuvres de Tintin fait rage; les copies pirates de DVD ne se comptent plus.
Des films et un musée
En 2007, Steven Spielberg et Peter Jackson ont annoncé qu'ils envisageaient de réaliser chacun au moins un des films parmi les trois histoires qu'ils ont retenues des aventures de Tintin. Pour certains critiques, "Tintin a vendu son âme au diable". Mais d'autres ainsi que la majorité du public considèrent qu'en connaissant la qualité des oeuvres de ces réalisateurs, les fans du héro devraient apprécier ces adaptations cinématographiques. Nous verrons le résultat dans quelques années. Et voilà comment un art jugé mineur fait ombrage au 7eme art !
Enfin, un musée consacré à Hergé verra le jour en 2009. La première pierre a été déposée par Fanny Rodwell le 21 mai 2007. Le bâtiment imposant ressemblera à un paquebot accosté à quai, près de la gare de Louvain-La-Neuve. D'une superficie de 3600 mètres carrés, l'ouvrage d'art coûtera 15 millions d'euros, totalement financés par le secteur privé. L'aménagement extérieur sera pris en charge par la Région wallonne.

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