dimanche 17 juin 2007

Vers un accord de paix au Darfour

Situé à l'Est du continent africain, le Soudan est sous l'emprise de l'un des régimes les plus sanglants du monde. La région du Darfour située au nord et au nord-ouest du Soudan est victime d'une véritable épuration ethnique que le monde entier semble ignorer.
Histoire d'une dictature arabe esclavagiste
Rappelons que le gouvernement soudanais est issu d'un coup d'Etat qui a installé au pouvoir une tendance arabe qui représente à peine 10% des suffrages. Ce pouvoir illégitime est une dictature islamique où prévaut la Charia, qui est la cause essentielle des conflits entre le nord et le sud du pays.
Le gouvernement de Khartoum n'a jamais voté les lois punissant l'esclavage des Noirs ni même discuté de leur émancipation. En 1980, le gouvernement chercha même à légaliser cette pratique par des lois islamiques. Les juristes (uléma, les docteurs de la loi, en fait des théologiens musulmans) ont considéré que l'esclavage n'était pas interdit sur base religieuse mais que son abolition était de la compétence du gouvernement à condition que les propriétaires soient dédommagés pour la perte subie. A ce jour personne n'a jamais sollicité de compensation.
Rapidement, le gouvernement de Khartoum théorisa le concept d'infériorité des "africains noirs" par rapport aux arabes, le terme "nègre" ayant même été remis en service pour l’occasion, la question du droit des "noirs" à vivre au Darfour étant alors ouvertement posée.
Depuis la découverte de pétrole et de gaz dans le Sud-Soudan en 1983, ce pays reste très instable et en proie à d'incessantes guerres tribales. Le régime de Khartoum a fait assassiner près de 2 millions de personnes des populations chrétienne et animiste de cette région, ce qui provoqua l'exode de plus de 4 millions de personnes et donna naissance à plus de 500000 réfugiés !
En 1987, le Congrès Arabe décréta la "suprématie arabe", attribuant à la population arabe la mission de "créer la civilisation dans la région". En 1991, un nouveau code pénal légalisa l'esclavage des populations noires tandis que la justice légitima l'extermination des tribus Nubas en 1990. Enfin, en 1999 le Président el-Bashir dissout l'Assemblée Nationale et déclara l'Etat d'urgence.
Depuis février 2003, la population vivant dans la région du Darfour est victime d'un génocide qui a déjà tué 300000 personnes, y compris des femmes et des enfants, dans l'indifférence totale des grandes nations. Un projet d'unification et de constitution ont été proposés voici quelques années, mais la guerre civile a empêché tout rapprochement des belligérants.
Les milices Janjawids (des arabes) alliées du gouvernement soudanais de Khartoum, s'appuient toujours sur les tribus musulmanes arabisées pour massacrer les tribus musulmanes "africaines" vivant dans l'ouest du pays.
Utilisant une méthode traditionnelle d'oppression, le régime de Khartoum orchestre la famine des populations du Darfour et le silence autour des massacres en expulsant les ONG et les journalistes de son territoire.
Aujourd'hui, 2.5 millions de personnes ont été déplacées de cette région comptant 6 millions d'habitants. Depuis le début des conflits, quelque 10000 personnes meurent chaque mois au Darfour !
Vers un accord de paix
En janvier 2005, le gouvernement et les forces rebelles du Sud ont signé un accord de paix mettant fin à un conflit qui aura duré 20 ans. Mais le Darfour a été le grand oublié de ces négociations de paix. Pour Kofi Annan, ancien secrétaire général de l'ONU, le Darfour est "l'enfer sur terre".
Comment arrêter ce génocide ? Seule l'intervention des Casques bleus de l'ONU permettrait de contrôler le territoire et de mettre fin au génocide des populations civiles du Darfour tout en protégeant les membres des ONG.
Alors que le projet semblait s'enliser après l'échec des négociations entamées par le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner le 13 juin 2007, ce 17 juin, Karthoum a accepté que l'ONU commande et contrôle la force de maintien de la paix qui doit être déployée au Darfour.
Au terme de plusieurs mois de négociations, Khartoum a accepté le principe du déploiement d'une force multinationale de 20000 hommes, mais insistait pour que le commandement revienne à l'Union africaine, alors que l'ONU est réticente à financer une opération qu'elle ne contrôle pas.
Pour la première fois dans l'histoire du Darfour, le ministre soudanais des Affaires étrangères, Lam Akol a accepté l'accord proposé par l'Union africaine et les Nations Unies sans condition, ou du moins à la seule condition qu'il n'y ait pas de sanctions.
Dernières nouvelles
Le 1 août 2007, le Conseil de Sécurité de l'ONU a voté à l'unanimité la résolution 1769 (draft S/2007/468) qui autorise le déploiement d'une force internationale "hybride" UA-ONU baptisée MINUAD, au Darfour, l'autorisant à utiliser la force si nécessaire pour protéger son personnel, l'aide humanitaire et les civils le cas échéant.
Ce contingent comprendra environ 24000 hommes (19555 soldats et 3772 policiers au maximum), faisant essentiellement partie de la force de l'Union africaine, cette dernière ayant souhaité gérer elle-même ses affaires. L'Union européenne et plusieurs pays d'Europe ont également proposé leur aide. Le Soudan a accepté la résolution.
La MINUAD sera déployée sur le terrain mi-2008. L'opération coûtera 2 milliards de dollars. Reste à présent à voir si le Gouvernement soudanais respectera l'accord. A force de négociations, on peut espérer la fin de la guerre civile au Soudan.

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