jeudi 6 septembre 2007

Le ténor Luciano Pavarotti est décédé (1935-2007)

Le célèbre ténor italien Luciano Pavarotti est décédé le 6 septembre 2007 à l'âge de 71 ans dans sa ville natale de Modène, où il avait souhaité mourir. Une voix unique s’envole, un Maestro disparaît.
Luciano Pavarotti est décédé dans le courant de la nuit. Il avait été hospitalisé le 8 août dernier à Modène pour un "état fiévreux" et il en est sorti le 25 août seulement pour poursuivre sa convalescence à son domicile.
Il subit une opération du dos début 2006 en raison de son surpoids, puis une intervention chirurgicale suite à un cancer du pancréas, contraignant le ténor à abandonner une grande tournée d’adieux de 40 concerts dans le monde entier, qu’il avait entamée en mai 2004. Depuis, Pavarotti n’est plus apparu en public.
Peu de temps après la dernière intervention, Pavarotti avait exprimé dans la presse le souhait de reprendre, début 2007, sa tournée d’adieu, mais n’avait pas réussi à concrétiser ce vœu.
Au début de l’été, au cours d’une cérémonie musicale en l’honneur du ténor sur l’île d’Ischia près de Naples, son épouse avait assuré que son Luciano se sentait bien et préparait un ultime disque.
"On ne peut jamais rien dire avec cette maladie, mais je pense que Luciano s’en sortira, il va bien. Il achève le cinquième cycle de chimiothérapie, il n’a pas perdu un cheveu et surtout il n’a pas maigri", avait-elle déclaré, gardant espoir en l'avenir.
Mercredi encore, dans la matinée, Luciano Pavarotti avait exprimé, dans un communiqué cité par l’agence Ansa, son "émotion" à la suite de l’instauration d’un prix de l’ "excellence culturelle" en Italie qu’il a été le premier à recevoir. "Je m’incline, plein d’émotion et de gratitude, devant le prix qui vient de m’être attribué, car il me donne l’opportunité de continuer à célébrer la magie d’une vie passée au service de l’art", avait-il dit.
La disparition soudaine de Luciano Pavarotti est ressentie comme une tragédie par tous les artistes de Bel Canto et les fans d'opéra.

Ave Maria (de Franz Schubert, "La Dame du lac")

Biographie d'un homme de coeur
Né le 12 octobre 1935 à Modène, au nord de l’Italie, Luciano Pavarotti avait crié tellement fort à sa naissance que le médecin annonça à ses parents qu'il deviendrait un ténor. Mais il s'est trompé car Pavarotti est devenu le plus grand ténor d'après-guerre, l'héritier de Caruso, mort en 1921.
Doté de la voix la plus exceptionnelle et la plus chère du siècle, Pavarotti a commencé sa carrière à 26 ans en gagnant un concours lyrique international à Modène. Luciano qui se destine à l’enseignement, opte alors définitivement pour le chant.
Luciano Pavarotti interpréta "La Bohème" de Puccini, son opéra préféré, sur la scène de l’opéra de Reggio Emilia, qui lui apporta un succès fulgurant, dépassant très vite les frontières de l’Italie et de l’Europe. Un Maestro était né.

La Bohème - Che gelida manina (1986)

Pour l'anecdote, la rumeur dit que Pavarotti n'aurait jamais était capable de déchiffrer une partition de musique bien qu'il arrivait à suivre les orchestres. Il se justifiait en disant que sans les partitions, il pouvait s'accorder une plus grande liberté d'interprétation.
Pavarotti chanta durant 43 ans, imposant sa silhouette rabelaisienne, sa superbe barbe brune et son éternel sourire sur les scènes les plus prestigieuses de la Scala de Milan, à Zurich, Sydney ou Miami en passant par le Metropolitan Opera de New York, où sa prestation lui vaudra 17 rappels, un record !
Les opéras de Donizetti ("La Fille du Régiment"), Bellini ("La Somnanbule"), Rossini ("Guillaume Tell"), Verdi ("Rigoletto") étaient inscrits depuis plus de trente ans au registre des tournées mondiales du Maestro.
Qui ne connaît pas les première mesures de "La Donna è Mobile" ("La femme est changeante") entonné par le Duc de Mantoue dans le troisième et dernier acte de l'opéra "Rigoletto", dont voici le texte : "La donna è mobile qual piuma al vento, muta d'accento e di pensiero. Sempre un amabile leggiadro viso, in pianto o in riso, è menzognero. La donna è mobil qual piuma al vento, muta d'acc...ento e di pensier, e di pensier, e... e di pensier.... È sempre misero chi a lei s'affida, chi le confida mal cauto il core! Pur mai non sentesi felice appieno, chi su quel seno non liba amore ! La donna è mobil qual piuma al vento, muta d'acc...ento e di pensier, e di pensier, e........e di pensie...r."

La Donna è Mobile (Rigoletto, 1983)

Bien que riche à milliards, Pavarotti était un homme simple et chaleureux qui n'hésitait pas à s'arrêter dans un bar pour manger une mortadelle avec les villageois. Il préférait également recevoir ses amis au calme chez lui plutôt que dans les salons hupés et feutrés.
Amoureux des pur-sang, des pâtes fraîches et des bons vins, Pavarotti était aussi un géant d’1.90m qui pesa jusqu'à 130 kg. Il était père de quatre filles dont une âgée de 4 ans seulement, et grand-père. Il s’était remarié en décembre 2003 avec son ex-collaboratrice Nicoletta Mantovani, de plus de 30 ans sa cadette, qui participa également auprès de lui à de nombreuses oeuvres caritatives.
Pavarotti and friends
"Limitant" ses concerts à 100 par an, les plus grandes divas – Montserrat Caballé, Kiri Te Kanawa, Joan Sutherland – ont accompagné Pavarotti dans ses plus belles prestations. En 1990, 1994, 1997 et 1998, José Carreras et Placido Domingo composèrent avec Pavarotti les formidables concerts des "Trois ténors".

O Sole Mio (Budapest, 1991)

Sa voix puissante, cristalline et homogène à tous les niveaux ainsi que l'impression qu'il donnait comme tous les Maestro de ne jamais faire d'effort pour soutenir les mesures les plus difficiles - c'est à peine s'il fronçait les sourcils - ne laissèrent personne indifférent devant son talent.
Capable de chanter avec aisance tous les registres, du classique aux variétés en passant par le chant napolitain, Pavarotti voulait démocratiser le chant lyrique et partager son plaisir pour le chant avec le public. Il rendra le Bel Canto aussi populaire que le rock !
"Vous n'avez pas besoin de cerveau pour écouter de la musique, mais de coeur", disait Pavarotti, et il n'en manquait pas. Ce fut le premier chanteur de Bel Canto à transgresser les codes, n’hésitant pas, au risque de s’attirer les foudres des critiques prétentieux, à composer des duos très appréciés avec James Brown, Stevie Wonder, Joe Cocker, Elton John, Sting, Eros Ramazzotti, Florent Pagny, Mariah Carey, Trisha Yearwood, Vanessa Williams, y compris avec les Spice Girls ou The Corrs, pour défendre des causes humanitaires, notamment au cours des 7 concerts "Pavarotti and friends" qu'il donna entre 1992 et 2002.
Pavarotti se fichait des critiques, "la seule chose que j'interdis de critiquer, c'est mon poids", avait-il dit en plaisantant aux journalistes.
On se souviendra également de son interprétation de soul music en duo avec Barry White et James Brown, des moments d'intenses émotions comme on peut l'apprécier dans les vidéos ci-jointes.
Décidemment, après ces moments forts en présence de personnalités aussi chaleureuses, comme d'habitude nous revient la rengaine, pourquoi les meilleurs partent-ils toujours trop tôt ?...
En guise d'épitaphe, on pourrait bien reprendre ses propres paroles : "Je pense qu'une vie dans la musique est une vie magnifiquement passée et c'est à cela que j'ai consacré ma vie".
Addio Maestro. Mais nous ne t'oublierons pas car nos coeurs vibreront au rythme de tes enregistrements. Luciano per sempre.
Pour plus d'information, consultez Wikipédia, le rideau étant définitivement tombé sur le site officiel Luciano Pavarotti.

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