jeudi 27 septembre 2007

Les nanoparticules : un danger pour la santé ?

Les nanoparticules, ces assemblages manufacturés de quelques centaines ou milliers d'atomes encore largement expérimentaux - rappelez-vous la boule de Fullerène C60 - commencent à avoir des applications en cosmétique (crème solaire, etc), dans le domaine médical (nanosonde, nano-implant, thérapie, etc.) et l'industrie (lubrifiant, vernis, et autre revêtement Graphoil utilisés dans le secteur chimique, automobile, aéronautique, astronautique, etc).
Mais leur utilisation ne serait pas sans risque pour la santé des travailleurs comme des consommateurs, si on en croit un chercheur français.
Le risque sanitaire
Selon une étude publiée le 25 septembre 2007 par l'Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) spécialisé dans la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles, ces minuscules particules mille fois plus petites que le diamètre d'un cheveux (10-100 nm) pénètrent mieux dans les poumons, les microfissures de la peau et probablement dans le cerveau que les particules plus grosses.
Connaissant ce risque, déjà mis en évidence en 2003, l'INRS appelle aujourd'hui à une prévention accrue sur le lieu de travail. "Certaines particules ultra-fines peuvent être plus dangereuses que des particules plus grosses de la même matière" et ont des "propriétés spécifiques" encore mal connues, a souligné Benoît Hervé-Bazin, au cours de la présentation de ses travaux devant la presse.
Lorsque la taille des nanoparticules descend en dessous de 20 nm, elles se déposent dans l'ensemble du système respiratoire et ne sont plus digérées par les cellules macrophages qui nettoient les poumons.
En dehors des poumons, les experts de l'INRS ont aussi constaté un "passage probable de certaines particules au cerveau" par le nerf olfactif ou le nerf trijumeau au niveau du nez.
"Les modalités et l'importance de ce passage dépendent de la nature de la particule, de ses revêtements de surface, de sa taille, de sa solubilité", selon l'ouvrage de l'équipe de l'INRS, intitulé "Les nanoparticules : un enjeu majeur pour la santé au travail ? " publié en juillet 2007 (54 €).
Des chercheurs américains ont de leur côté émis l'hypothèse d'une corrélation entre l'inhalation de ces particules ultra-fines et le développement de la maladie d'Alzheimer, cette maladie neurodégénérative du tissu cérébral de plus en plus fréquente qui entraîne la perte progressive et irréversible des fonctions mentales et qui touche environ 1% de la population.
Nanosonde pénétrant une cellule. Document ORNL.Concernant les produits cosmétiques, les résultats des travaux scientifiques sont contradictoires. Ainsi, la pénétration dans la peau du dioxyde de titane utilisé dans les crèmes solaires est attestée par certains et contestée par d'autres.
"Globablement, il semble qu'une certaine pénétration dans la peau soit possible", reconnaissent les chercheurs, qui précisent que "des flexions cutanées répétées, normales dans une activité de travail, favorisent une pénétration en profondeur".
Tout en soulignant les difficultés de mesure d'impact d'éléments de si petite taille, M. Hervé-Bazin rappelle les ravages provoqués par l'exposition à l'amiante et estime qu'"on en sait déjà assez pour ne pas rester inactifs".
Mais des mesures de prévention aussi simples que le port d'un masque ne sont souvent pas encore prises dans les laboratoires.
Un secteur en forte croissance
Le secteur des nanotechnologies est en pleine croissance, accusant une progression de son chiffre d'affaire cent fois plus forte que les majors du secteur informatique ! Selon la Commission Européenne, le revenu mondial généré par les nanotechnologies était supérieur à 40 milliards d'euros en 2001 et devrait s'élever à plus de 700 milliards en 2008 et pourrait dépasser les 1000 milliards en 2015.
Simulation d'une nanosonde interagissant avec un globule rouge. Document ORNL.Quand on sait que cette somme représente trois fois le PNB de la Belgique, dix fois le chiffre d'affaire annoncé de Google en 2010 et mille fois le chiffre d'affaire d'une maison de haute couture côtée en bourse, les financiers comme les spéculateurs ont senti la bonne affaire.
Parmi les sociétés de pure nanotechnologie côtées en bourse, citons Advanced Nano, Nanophase, Nano-Property, NaturalNano et Cyberkenics, autant de spinoff valant déjà plus de 75 millions de dollars qui sont reprises au Lux Nanotech Index (^LUXNI) de la Bourse américaine depuis 2005.
En parcourant cette liste, on découvre que de grands constructeurs sont également concernés par cette technologie, notamment 3M, BASF, Cray, Du Pont de Nemours, Hewlett Packard, General Electric, IBM, Intel, Lucent, Toyota MTR et Xerox. Des fonds de nanotechnologie existe également sur le marché européen.
Pour plus d'information, consultez l'article sur les technologies du futur.

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