Le Président sud-coréen Roh Moo-Hyun a très symboliquement franchi à pied la ligne de démarcation démilitarisée séparant les deux Corée, illustrant une volonté de réconciliation avec Pyongyang, où il été accueilli ce 2 octobre 2007 par son homologue Kim Jong-Il dans le cadre du deuxième sommet de l'histoire entre la Corée du Nord et la Corée du Sud.
"Je traverse cette ligne interdite en tant que président", a-t-il lancé dans un message télévisé diffusé peu avant sa traversée. Ce geste est une première pour un chef d'Etat sud-coréen.
Les deux hommes se sont serrés la main lors d'une cérémonie à laquelle assistaient des centaines de personnes.
"Je traverse cette ligne interdite en tant que président", a-t-il lancé dans un message télévisé diffusé peu avant sa traversée. Ce geste est une première pour un chef d'Etat sud-coréen.
Les deux hommes se sont serrés la main lors d'une cérémonie à laquelle assistaient des centaines de personnes.
"Notre histoire douloureuse nous rappelle l'importance de la paix", a déclaré le Président sud-coréen dans un communiqué diffusé à son arrivée. "Le temps est venu pour le Sud et le Nord de se donner la main pour écrire une nouvelle page d'histoire pacifique", a ajouté Roh Moo-Hyun.
Le temps de la reconciliation
Le temps de la reconciliation serait-il arrivé ? Quand on voit l'état de délabrement de la Corée du Nord et le niveau de vie de sa population comparés à la prospérité et le boum économique que connaît la Corée du Sud, il faut espérer qu'un jour prochain les deux pays accepteront pleinement de collaborer, voire idéalement de reformer une seule nation.
En tout cas le Président Kim Jong-Il de la Corée du Nord a déjà signifié plus d'une fois son intention de collaborer avec toutes les bonnes volontés, que ce soit avec la Corée du Sud ou d'autres pays.
Un peuple, deux nations
La Corée du Nord et la Corée du Sud sont en froid depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, le Nord étant devenu pro communiste, le Sud pro occidental, les deux nations ayant connu une évolution opposée. Comme d'autres pays divisés par une politique, une langue ou une religion, les familles nord et sud-coréennes ont été séparées durant près de 50 ans.
Aujourd'hui, la Corée du Nord est l'une des rares dictatures communistes. Le peuple survit avec très peu de moyens financiers et techniques. Il meurt pratiquement de faim dans l'indifférence générale.
Aujourd'hui, la Corée du Nord est l'une des rares dictatures communistes. Le peuple survit avec très peu de moyens financiers et techniques. Il meurt pratiquement de faim dans l'indifférence générale.
Seule l'armée à la solde de la dictature s'offre les moyens de conduire une guerre moderne et a développé une industrie nucléaire de pointe.
Le taux de croissance de la Corée du Nord est de 1.6% (2006) pour un PIB de 1800$ seulement par habitant contre 24500$ pour la Corée du Sud ! (il est de 33000$ en Belgique).
Si les Etats-Unis ne veulent pas d'un nouveau front en Corée, aucun pays ne semble vraiment décidé non plus à vouloir aider les Nord-coréens à prendre le chemin de la démocratie car le régime militaire ne présage rien de bon. Toute annonce d'ouverture est donc saluée et suivie avec intérêt.
La riche Corée du Sud a tout intérêt à renouer avec son ancien ennemi de cinquante ans et l'aider à se démocratiser et se moderniser pour accroître son potentiel économique, à l'image de ce que fit l'Allemagne avec la RDA.
Certes, actuellement Roh Moo-Hyun ne souhaite pas en priorité discuter des droits de l'homme mais s'intéresse avant tout aux ressources minières du Nord. Mais avec le temps, le régime du Nord devra s'assouplir s'il veut continuer à ouvrir ses frontières (il a déjà permis à des familles de se réunir et à ouvert une ligne de chemin de fer avec le sud) et commercer avec ses voisins, la Chine, la Russie et le Japon.
La Corée du Sud accuse une croissance économique de 5.8 % et est le deuxième fournisseur de la Chine, derrière le Japon, devançant Taïwan et l'Union européenne.
Dans un pays trois fois plus grand que la Belgique vivent plus de 49 millions d'habitants dont 11 millions dans la capitale Séoul qui est située à 45 km de la Corée du Nord. 49% des Coréens sont chrétiens dont 13% sont catholiques, 47% sont bouddhistes.
En deux générations, à l'image du Japon, la Corée du Sud s'est littéralement épanouie et s'est spécialisée dans l'exportation. Mis à part les produits agricoles et les cosmétiques, qu'elle réserve au marché intérieur, elle fabrique des produits de haute technologie ou faisant l'objet d'une très forte demande.
Spécialisée dans les produits industriels et grands publics, nous connaissons tous quelques marques sud-coréennes : Hyundai (navires, automobiles KIA, écrans plats), Daewoo (automobile), Samsung (GSM, matériel informatique et vidéo), Pontus (PC portable), Hyojeong (violons), LG electronics (téléphone, matériel informatique, téléviseurs et électroménager), etc.
A l'étroit dans son pays et recherchant toujours de nouvelles ressources et débouchés, le Sud ne demande qu'à s'étendre vers le Nord.
Des visées politiques
La rencontre de Pyongyang survient alors que la Corée du Nord progresse sur la voie de sa dénucléarisation dans le cadre d'un accord international signé par les deux Corée, les Etats-Unis, le Japon, la Chine et la Russie, le 13 février 2007 à Pékin.
Signe de sa bonne volonté, le gouvernement communiste a procédé à la fermeture mi-juillet de son principal site nucléaire, accepta de déclarer tous ses programmes nucléaires et de démanteler toutes ses installations existantes. Il y aura bien sûr des compensations économiques.
Mais si important soit-il en terme d'image, les analystes doute de la réelle portée de ce face à face convoqué à la demande du Président sud-coréen dont le mandat s'achève fin 2007.
La tenue de ce sommet à deux mois d'une élection présidentielle, alors que le président Roh est en chute libre dans les sondages, a fait naître des soupçons sur les intentions du parti Uri au pouvoir (centre gauche) accusé de vouloir faire un "coup" politique et médiatique à travers cette entrevue.
Si les visées politiques ne sont pas exclues, en soi l'enjeu de cette visite reste louable. Seul l'avenir nous dira quelles sont les véritables intentions des uns et des autres.
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire