lundi 20 octobre 2008

Hommage à soeur Emmanuelle (1908-2008)

Soeur Emmanuelle née Madeleine Cinquin s’en est allé au Paradis dans la nuit du 19 au 20 octobre 2008 à l’âge de 99 ans. Elle aurait eu 100 ans le 16 novembre prochain.
Biographie d’une femme de coeur et de convictions
Née le 16 novembre 1908 à Bruxelles dans une famille bourgeoise franco-belge. Elle passe une jeunesse paisible entre Paris, Londres et Bruxelles. Mais un drame va se produire. A 6 ans, Madeleine voit son papa se noyer sous ses yeux. Ce fut le jour le plus dramatique de sa vie.Soeur Emmanuelle.
A l’âge de 20 ans Madeleine décide de rentrer au couvent. Sa soeur et sa mère pensent qu’il s’agit d’une blague tant Madeleine apprécie la vie, aime son confort, les belles choses et plaire aux garçons. Mais ils savent aussi que la jeune fille est rebelle et a du caractère.
Sa décision est irrévocable. Madelaine prononce ses voeux en 1931 dans la congrégation de Notre-Dame-de-Sion.
Diplômée en lettres et philosophie, elle enseignera durant 40 ans en Egypte, en Turquie et en Tunisie.
C'est en 1971, à l'âge de la retraite, que soeur Emmanuelle décide de se mettre au service des plus pauvres et des exclus. Elle s'établit au Caire avec les chiffonniers, dans le bidonville d'Ezbet-El-Nakhi.
Par ce geste fort de sens, soeur Emmanuelle devient une célébrité. Elle oeuvre sans répit dans la misère quotidienne jusqu'à fonder en 82, à l’âge de 74 ans, une association baptisée “Association soeur Emmanuelle” (ASMAE) pour professionnaliser ses actions et assurer sa relève. ASMAE aide aujourd'hui plus de 60000 enfants dans le monde entier.
Courageuse, toujours de bonne humeur et jamais rassasiée, à 93 ans, en collaboration avec l'association “Les Amis de Paola” soeur Emmanuelle aide des SDF dans un centre situé près de Fréjus. Son courage et sa générosité sont récompensés en 2002 quand elle reçoit le grade de Commandeur de la Légion d'honneur puis est élevée à la dignité de Grand officier en 2008.
Soeur Emmanuelle pense que c'est dans l'action que se vit la chrétienté. Par sa générosité et sa tolérance, mais également par sa franchise et son tutoiement elle sait remporter le soutien de nombreuses personnalités.
Soeur Emmanuelle n'a jamais hésité à médiatiser ses révoltes à la télévision même si son franc-parler dérange quelquefois les catholiques rigoureux.
Icône emblématique de la lutte contre la pauvreté et l'exclusion, en 1993, soeur Emmanuelle rédige des ouvrages inspirés par sa foi inébranlable comme “Chiffonnière avec les chiffonniers”, “Vivre, à quoi ça sert ?” ou “Richesse de la pauvreté”.
Confrontée à une surnatalité due à la carence de moyens de contraception, soeur Emmanuelle milite pour la nécessité de la prise de la pilule. Elle a d'ailleurs tenté d'en convaincre le pape, sans succès...
Son dernier livre “'Confessions d'une religieuse” : les mémoires de soeur Emmanuelle vient de sortir chez Flammarion. Selon son souhait, le livre est publié de façon posthume "pour pouvoir dire des choses qu'elle n'a jamais dites avant, soit par pudeur…".
Sœur Emmanuelle est morte dans son lit. Elle était affaiblie ses dernières années, restant souvent chez elle à prier mais elle n'a jamais eu de gros problèmes de santé.
"Yella" comme elle disait, continuons la lutte.


Une sale histoire de gros sous
En marge de son décès, soeur Emmanuelle n'aurait pas apprécié la manière dont certains médias ont utilité ses obsèques (qu'elles voulaient dans la stricte intimité) à l'image des "marchands du temple" !
En effet, on apprend que les droits de diffusion de ses obsèques qui se sont déroulés le 22 octobre à Notre Dame - des événements habituellement proposés gracieusement - ont été... mis à prix à 30000€ par TF1 et France 2, provoquant la colère de Thierry Thuillier, directeur de la rédaction d’I Télé.
Dans l’émission Média, présentée par Thomas Hugues sur France 5, il a ainsi exprimé son mécontentement, et expliqué qu’il avait refusé de les diffuser sur sa chaîne. Une affaire de gros sous qui entache la commémoration de celle qui se battait justement contre la pauvreté.
Soeur Emmanuelle disait qu'il ne fallait pas croire en Dieu mais en l'Homme. Mais décidément, en matière de charité l’Homme dont elle parlait n’a pas encore appris la leçon.

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire