samedi 6 juin 2009

65e anniversaire du débarquement en Normandie

Nous commémorons aujourd'hui le 65eme anniversaire du débarquement des alliés en Normandie.
Barack Obama débarque en Normandie
A l'occasion de cette journée du souvenir qui se tiendra au cimetière militaire de Colleville-sur-mer qui surplombe la plage d'Omaha Beach en Normandie, le président américain Barack Obama Le président Barack Obama, le Prince Charles, le Premier ministre anglais Gordon Brown, le Premier ministre canadien Stephen Harper et le président Nicolas sarkozy à Colleville-sur-mer, le 6 juin 2009.sera présent aux côtés du président Nicolas Sarkozy et de 9000 invités dont le Premier ministre anglais Gordon Brown, le Premier ministre canadien Stephen Harper, du Prince Charles représentant la Reine d'Angleterre, de personnalités étrangères, de 200 vétérans accompagnés de leur famille et 800 soldats américains, sans oublier de nombreux touristes.
Au cours de cette cérémonie, 4 médailles de la Légion d'Honneur seront remises aux vétérans. L'évènement sera diffusé en direct sur France 1 et France 2 entre 13h et 17 h.
Du côté de la sécurité, rien que la suite du président Obama représente plus de 1000 personnes comprenant trois périmètres de sécurité et plus de 200 agents de la sécurité présidentielle. Aucun avion ne pourra survoler la zone d'Omaha Beach tant que les Présidents seront présents.
Le Jour J de la libération de l'EuropeLe 6 juin 1944, Jour J, la délivrance arriva par la mer. Ce jour là, la plus grande armada de l'humanité arriva en vue des côtes de Normandie pour libérer la France et l'Europe de l'occupant allemand. Les navires furent tellement nombreux qu'ils couvrirent l'horizon; rappelez-vous le film "Le jour le plus long" (1962).Casque perdu sur la plage d'Omaha beach. Photographie commémorative réalisé par O.Weber, MSU, http://studyabroad.msu.edu/photocontest/04_honorable_mentions/04_honorables.html
Les Forces alliées furent constituées de 1213 navires de guerre dont 23 croiseurs. Il y avait 736 navires de soutien, 864 cargos, 4126 barges de débarquement et péniches.
Sur ces navires embarquèrent 156000 soldats des deux principales armées alliées, l'armée américaine et l'armée britannique, complétées par des troupes canadiennes, française, belges, néerlandaises, norvégiennes, polonaises et tchécoslovaques.
L'appui aérien fut constitué de 12000 avions dont un millier d'avions transportant des parachutistes. Jamais l'homme n'avait organisé une bataille de cette ampleur.
Malheureusement, le facteur météo restait incontrôlable. Ce jour là, au petit matin le ciel était fort brumeux et les avions ne purent utiliser leur mitrailleuse. Dans les bombardiers, les navigateurs éprouvèrent aussi des difficultés pour trouver leur objectif. Mais il fallait exécuter les ordres.
A 3h14 du matin, les bombardiers larguèrent 5000 tonnes de bombes sur le théâtre des opérations, essayant au mieux de cibler les positions ennemies postées en bordure des plage d'Omaha Beach et Utah Beach notamment.
A 3h30 des milliers de parachutistes et des troupes aéroportées furent larguées derrière les troupes de défenses ennemies mais beaucoup tombèrent à côté de leur objectif.
Par chance, les troupes allemandes ne réagirent pas, n'imaginant pas que leur ennemi viendrait du ciel ou par la mer.
Barge au large d'Omaha beach en juin 1944.A 5h30, à bonne distance des côtes, pour faciliter le débarquement des troupes alliées, toute la puissance de l'artillerie de l'armada commença à bombarder les 80 km de littoral sur une profondeur de 10 à 30 km.
A 6h débuta le débarquement. Les alliers débarquèrent tout d'abord sur la plage d'Omaha Beach proche de Caen qui servit de tête de pont aux alliés.
Les barges qui s'ouvrirent trop loin de la plage prirent l'eau de plein fouet et coulèrent corps et biens. Lourdement chargés, des centaines de soldats se noyèrent ainsi avant même d'arriver sur la plage.
Sur 17 chars canadiens par exemple ayant essayé de débarquer, 15 furent perdus. Mais comme le rappela un vétéran canadien, "même si le moteur ne démarrait pas, nous étions décidés à débarquer" coûte que coûte.
Sur d'autres barges, tous les soldats furent tués avant même de débarquer. Certains restèrent dans l'eau pendant plus d'une heure, ne pouvant affronter les tirs nourris de l'ennemi.
Avec l'enthousiasme de leur jeunesse, la rage d'accomplir leur mission et la volonté de gagner, les soldats alliés qui réussissent par chance à ne pas se noyer avancèrent vers les plages en ayant parfois de l'eau jusqu'à mi-corps.
Mais souvent durant ce premier jour, les soldats ayant à peine touché la plage qu'ils tombèrent déjà sous les tirs des mitrailleuses ou des canons ennemis.
Les soldats suivants qui débarquèrent virent des corps flotter autour d'eux. Bien que surpris et en sous-effectifs, les Allemands résistèrent.
Pour tous les soldats, cette journée allait représenter le jour le plus long de leur vie.
En quelques heures, les plages normandes se couvrirent de milliers de blessés et de morts. Sous le bruit assourdissant des canons, des mitrailleuses, des grenades et des cris des blessés, le spectacle de cette bataille devint iréel, les soldats assistant à des scènes de cauchemar qui dépassent l'imagination...
Débarquement du soutien logistique mi-juin 1944 à Omaha beach.Les soldats qui parvinrent à traverser la plage trouvèrent sur leur passage des corps décapités, ici un bras, là-bas une jambe. Plus loin un GI dont le flanc était déchiqueté demanda de la morphine. Personne ne vint à son secours tellement il y avait de blessés.
Pour les soldats encore debouts, il fallait avancer et gagner les abris. Celui-là devra donc attendre, s'il survit à son hémorragie.
Ainsi que le disait le Colonel Taylor, commandant du 16e RCT, dans un langage fleuri qui lui était propre, "Il n'y a que deux types d'hommes sur cette plage, ceux qui sont morts et ceux qui vont mourir. Tirons-nous de là".
Aujourd'hui, 65 ans plus tard, les vétérans n'ont toujours pas de mots pour qualifier le carnage qu'il ont vécu durant ces quelques heures. Tous en sont émus et pleurent encore la mort de leurs amis tombés au combat comme des pions au nom de la liberté.
Courageux, certains soldats qui réussirent à rejoindre un abri redescendirent chercher des soldats blessés criant à l'aide. En d'autres plages, les soldats alliés durent ensuite grimper à l'assaut des falaises escarpées et affronter l'ennemi.
Le débarquement dura ainsi plusieurs jours à un rythme soutenu. Finalement, les alliés franchirent tous les obstacles placés devant eux et refoulèrent l'ennemi. Sainte-Mère-Eglise sera le premier village français libéré par les Américains.
Le prix de la liberté et de la démocratie
Au soir du 6 juin 1944, les pertes alliés s'élevèrent à 10300 hommes dont un tiers de tués. Il faudra 6 semaines pour que le Général Patton arrive à Paris. Le cimetière militaire d'Omaha Beach près de Caen.
En hommage aux disparus, une vingtaine de cimetières militaires ont été dressés en France et en Europe et notamment à Omaha Beach.
Même si c'est très relatif au regard des victimes, les alliés eurent beaucoup de chance de gagner cette bataille car les renforts allemands et notamment leurs chars tardèrent à venir.
Remise dans son contexte historique, pour les Américains, la bataille de Normandie fut importante mais pas plus que les conflits dans le Pacifique, et notamment la guerre qui les opposait au Japon depuis l'attaque aérienne de Pearl Harbor en 1941 et qui se termina par l'explosion des trop fameuses bombes atomiques.
Pour les Européens en revanche, le Jour J représente l'un des évènements majeurs de la Seconde guerre de mondiale car il redonna à tous l'espoir de retrouver le chemin de la liberté.
Comme le rappela l'officier de l'armée britannique et Premier ministre Sir Winston Churchill en son temps, "jamais un aussi petit nombre d'hommes ne fut rassemblé pour libérer un aussi grand nombre d'hommes".
De cette bataille et de cette guerre, il restera dans nos mémoires le souvenir de la volonté farouche des hommes de se battre afin que la justice, la liberté et la démocratie soient préservées partout dans le monde. Soyons digne d'eux. Il y a encore beaucoup de combats à mener et de promesses à tenir.
Dernières nouvelles
L'acteur Tom Hanks, héros du film "Il faut sauver le soldat Ryan" de Steven Spielberg (1998) qui se déroule à l'époque du D-Day derrière les lignes ennemies où une fratrie est déchirée par la guerre, était discrètement présent à la cérémonie, accompagnant tout autant qu'admirateur des vétérans, et vice versa.L'acteur Tom Hanks et des vétérans à Colleville-sur-mer, le 6 juin 2009. Document AP Photo/Remy de la Mauviniere.
Il faut rappeler que Tom Hanks a également produit une série TV consacrée à la Seconde guerre mondiale, un sujet qui lui tient particulièrement à coeur, notamment le rôle des hommes qui ont le pouvoir d'en convaincre d'autres d'aller se battre pour changer le monde.
Si au cours de cette cérémonie Barack Obama comme Nicolas Sarkozy ont bien rendu hommage aux soldats morts durant la guerre, et malgré la minute de silence soulignée par 21 coups de canons lourds de sens, certains vétérans n'ont pas apprécié qu'Obama n'ait pas pris 5 minutes de son temps pour aller saluer les tombes de ceux tombés au combat au nom de la liberté que revendique aujourd'hui leur président. 9387 militaires américains et la liste de 1577 disparus reposent tout de même dans ce cimetière, à deux pas du mémorial.
Pour les derniers vétérans et tous ceux qui ont un peu de sens civique, cette cérémonie, aussi émouvante soit-elle, ne représente rien car le 24 mai est le "Memorial Day", jour où en ce lieu les Américains honorent chaque année leurs soldats morts au combat. Ils se souviennent parfaitement de ce qui s'est passé.Visteurs anonymes au cimetière militaire de Colleville-sur-mer. Document Yvon Le Caer.
A leurs yeux, en faire un événement médiatique sans même que leur président aille fouler la pelouse du cimetière et se recueillir sur une tombe signifie peu de choses devant le sacrifice de ces jeunes hommes, décédés loin de chez eux pour défendre un idéal.
Et ils ont tout à fait raison de le penser, car cela leur donne l'amer sentiment que leur père, frère, grand-père, oncle ou ami est mort pour rien, oublié de tous. Obama comme Sarkozy ont commis là une erreur.
En fait, loin des caméras et des journalistes, seuls des jeunes et des anonymes se sont recueillis sur les tombes, là où réside l'essentiel.

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