lundi 26 juillet 2010

WikiLeaks : les fuites et les scandales en ligne

Chef de file des faiseurs de scoop moderne, WikiLeaks a publié ce dimanche soir un dossier important sur la guerre en Afghanistan contenant plus de 91000 documents classifiés remontant à 2004, comprenant notamment des bavures de l'armée américaine et la confirmation que les services d'espionnage pakistanais (payés par les Etats-Unis) collaborent avec les Talibans !
Le journal britannique "The Guardian" qui a publié une partie des documents sur son blog (ainsi que le "New York Times" et "Der Spiegel") considère qu'il s'agit d'"un portrait dévastateur d'une guerre en train d'échouer". La publication de ces archives militaires a provoqué la colère de la Maison Blanche.
WikiLeaks ou les fuites en ligne
Déjà célèbre depuis quelques années dans le monde anglo-saxon, WikiLeaks est un cousin de Wikipédia.
Le site web a été créé en 2006 par "The Sunshine Press", une association sans but lucratif financée exclusivement par les dons "de défenseurs des droits de l'homme, de journalistes d'investigation, de technophiles et du grand public".
Grâce à un protocol sécurisé (HTTPS) et très simple d'emploi, chacun peut y déposer des documents confidentiels de façon anonyme, y compris des fichiers cryptés que des informaticiens se font forts de déchiffrer. Les informations sont ensuite vérifiées et recoupées avant d'être éventuellement publiées.
Le contrôle des sources et de l'information
Pour un journaliste d'investigation, la fiabilité des informations publiées reste le point faible de la méthode de travail de WikiLeaks.
En effet, comment WikiLeaks peut-il s'assurer de l'exactitude d'une information et de la fiabilité de sa source ? Quel expert va accepter de cautionner un document classifié sachant qu'il participe à une activité criminelle s'il collabore avec WikiLeaks ? Ou commence l'information et ou commence l'acte criminel ? Voilà autant de questions ouvertes.
Quant à publier des informations sous le prétexte de la "liberté d'expression" ou du "droit à l'information", dans un contexte aussi sensible c'est difficilement soutenable.
Les sujets
WikiLeaks s'intéresse à tous les sujets sensibles : "les banques corrompues, le système pénitentiaire américain, la guerre en Irak, la Chine, les Nations Unies..." précise Julian Assange, cofondateur du site.
Est-ce légal ? Comme nous l'avons dit, publier des informations classifiées que le gouvernement aurait préféré ne pas rendre publiques peut-être considéré comme une activité criminelle et punie comme tel.
A ce titre, un Etat peut juger que l'herbergeur viole la loi, notamment pour diffusion d'information à caractère privé, d'information secrète, portant préjudice à l'image d'une personne ou d'une entreprise ou carrément pour la fameuse "raison d'Etat", les motifs ne manquent pas... D'ores et déjà les Etats-Unis ont ouvert une enquête criminelle.
Des informations délocalisées
En pratique, bien malin celui qui pourra fermer le site WikiLeaks car comme ils le précisent eux-mêmes sur leur page d'accueil, WikiLeaks exploite un service multi-juridictionnel; les fichiers ont été intentionnellement distribués "partout", sur des dizaines de serveurs localisés aux quatre coins du monde.
Concrètement, si une autorité parvient à fermer un serveur ou même un domaine, un autre reprendra la relève immédiatement et continuera à publier des informations confidentielles que chacun pourra télécharger.
Certains de ces serveurs sont localisés en Scandinavie et en Belgique, où la protection des données n'est pas un vain mot.
C'est ici qu'on prend conscience de toute la puissance d'Internet... Good luck Uncle Sam !
La Belgique impliquée ?
Parmi les documents publiés par WikiLeaks, il y a plusieurs pages (ref. AFG20071128n1087) consacrées à l'armée belge et son intervention à Uruzgan notamment. Le Ministre belge de la Défense a démenti avoir envoyé des démineurs dans cette région fin 2007... Alors, la Belgique aurait-elle quelque chose à cacher ou WikiLeaks contiendrait-il des erreurs ?

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