mardi 27 septembre 2011

La photographie des papillons

En souvenir de cette année qui se termine pour les lépidoptères, voici quelques images de papillons du monde que j'ai réalisées dernièrement.
Leur vol étant toujours gracieux et leurs motifs souvent très beaux et très délicats, on ne se lasse jamais de les observer voler, se reposer ou se nourrir. Voici quelques instantanés de leur vie.

Caligo eurilochus sulanus, un Morpho qui cache ses belles couleurs bleues structurelles
Une vie de papillon
Les papillons volent de fleur en fleur des premières chaleurs du printemps aux premières gelées. Ils naissent sous forme d'oeufs qui vont subir plusieurs métamosphoses : chenille (quelques jours), chrysalide (quelques semaines) et imago.
Si la plupart des espèces ne vivent que quelques jours (le Bombyx du mûrier) ou quelques semaines, d'autres comme le papillon Tigre ou le Citron par exemple peut vivre de neuf mois à plus d'un an.
Les papillons sont des insectes très fragiles. Ils ont besoin de chaleur et craignent la pluie tandis que les espèces tropicales apprécient un climat chaud et humide (27°C par 70% d'humidité) qui rebuterait plus d'un touriste amateur de sauna.
Avec l'automne et les frimas qui approchent, les papillons migrent vers des cieux plus cléments tandis que d'autres vont hyberner ou simplement mourir.

Greta otto
Macro-photographie
Pour les photographes amateurs, la chasse aux papillons reste un thème tout aussi délicat que son sujet.
Tout d'abord certains papillons sont farouches et ne supportent pas qu'on s'approche trop près d'eux, d'où l'intérêt de rester immobile et d'utiliser un petit téléobjectif.
Ensuite par ses dimensions (10 cm en moyenne), photographier un papillon exige soit une optique macro soit un zoom capable de se rapprocher jusqu'à environ 30 ou 50 cm du sujet. L'objectif est en général une focale de 80 à 105 mm f/2.8 ou f/3.5.
Vient ensuite la prise de vue : le sujet est généralement tellement petit et l'agrandissement voisin si par supérieur à 1:1, que la profondeur de champ se réduit souvent à quelques millimètres... L'alternative est d'utiliser un flash puissant dont la lumière est diffusée.

Kallima paralekta

Une image c'est aussi de l'esthétique. Il faut donc soigner la composition et si possible les couleurs. Pour faire ressortir le sujet de l'arrière-plan, ce dernier doit être flou. Il faut donc jouer sur le profondeur de champ et donc sur l'ouverture du diaphragme. Un diaphragme trop fermé va capturer trop peu de lumière, augmenter le risque de diffraction et noyer le sujet dans l'arrière-plan. Un diaphragme trop ouvert ne donnera pas assez de profondeur de champ et vous aurez des difficultés pour effectuer la mise au point sur tout le corps de l'insecte. Il faut donc trouver un compromis par essais et erreurs.
Personnellement je conseillerais un diaphragme entre f/8 et f/11 pour une vitesse d'au moins 1/100e de seconde avec ou sans flash mais tout dépend de l'éclairage et du comportement du sujet. La mesure spot s'impose également pour se concentrer sur le sujet. 
Le point le plus délicat à maîtriser est la mise au point. Mieux vaut donc mitrailler et faire plusieurs photos du même sujet en soignant la mise au point pour espérer avoir une photo bien nette.

Idea leucomoe
Accessoires
Il va sans dire qu'en macrophotographie, la mise au point automatique (autofocus) est inutile. La plupart du temps le système servo est incapable de distinguer le sujet de l'arrière ou de l'avant-plan et ne parvient pas à faire la mise au point. Il faut donc débrayer cet automatisme et effectuer la mise au point manuellement.
Le flash annulaire ou portable et déporté peut rendre de grands services à condition qu'il ne porte pas d'ombres trop dures. Dans ce cas il convient de le couvrir d'un diffuseur en toile.
Le trépied est rarement utilisable avec un sujet aussi mobile qu'un papillon. Reste le monopied télescopique qui permet parfois d'apporter un peu de stabilité, encore faut-il qui puisse être élevé jusqu'à environ 1.6m du sol, ce qui est rarement le cas.

Graphium agamemnon

Il va de soi que l'usage des objectifs munis d'un système anti-vibration (VR) est utile; ce dispositif permet en théorie de photographier à main levée jusqu'à 1/6e de seconde dans les meilleurs cas. Mais le VR est surtout utile si vous vous déplacez car en position stable et fixe, son activation peut engendrer un léger effet de bougé.
Vous pouvez augmenter le grossissement au-delà du rapport 2:1 ou 1:1 en utilisant une optique à soufflet (mais de préférence en studio car c'est assez encombrant), c'est la solution idéale. La solution alternative consiste à acheter un tube allonge (doubleur de focale) mais qui présente une perte de luminosité ou plus simplement d'utiliser une bonnette d'approche (un doublet de lentilles achromatiques) mais ces solutions sont chères et ne donneront jamais d'aussi bons résultats qu'une bon objectif macro.
Enfin, les appareils photos de dernière génération équipés d'un moniteur articulé sont très pratiques; même si l'appareil est placé au raz du sol ou est porté à bout de bras, l'écran orientable vous permet d'avoir une vue précise du cadrage et de la mise au point du sujet.

Heliconius ismenius
L'appareil photo
Nous seulement vous devez être prêt à supporter des heures de chaleur et d'humidité si vous chassez les papillons tropicaux mais votre appareil photo doit également résister à ces conditions extrêmes.
Un appareil photo haut de gamme et hermétique n'est pas toujours indispensable - je travaille avec un Nikon D7000 et une optique zoom de 16-85 mm -, mais si vous faites régulièrement des voyages dans les régions tropicales, un réflex tropicalisé muni de joints hermétiques et une optique macro munie d'un flash annulaire (et non LED) ne seront pas des achats superflus.

Caligo eurilochus sulanus

Vous trouverez d'autres images de papillons dans la page Microcosmos sur mon site Luxorion.

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