mercredi 8 janvier 2014

Les hommes préhistoriques souffraient de caries

La paléobiologiste britannique Louise T. Humphrey du Musée d’Histoire Naturelle de Londres et son équipe viennent de publier un article apportant la preuve que les hommes préhistoriques du Pléistocène souffraient de maux de dents il y a 15000 ans, bien avant le début de l'agriculture et la production de céréales et autres aliments qu'on pensait jusqu'alors liés au développement des caries.

Caries dentaires remontant à 15000 ans. Document Louise T. Humphrey et al. 
L’étude publiée le 7 janvier 2014 dans le magazine américain des Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) concerne les squelettes de 52 Homo sapiens remontant entre 13700 et 15000 ans appartenant à la population Ibéromaurusienne.
Ces squelettes furent découverts dans les années 1950 et suite à d'autres excavations commencées en 2003 dans la grotte des Pigeons située près de Taforalt, au Maroc.

La grotte des Piegons au Maroc. Document Louise T. Humphrey et al.
Les analyses de la dentition et des mâchoires de ces chasseurs-cueilleurs ont montré que jusqu’à 51% des dents d'adultes présentaient des caries qui devaient provoquer d'importants problèmes d'hygiène dentaire, déclarent les auteurs. Or jusqu'à présent ce pourcentage variait entre 0% et 15% chez ces populations.
D'autres indices suggèrent que ces hommes se nourrissaient de glands et de pignons de pins, des fruits à coque riches en glucides fermentables (jusqu'à 54 g de glucides par 100 gr pour les glands, 16.2% g par 100 g pour les arilles des grenades et 13 g par 100 g pour les pignons de pins).
Nous savons depuis les années 1960 que la bactérie Streptococcus mutans qui fait partie de la flore buccale est responsable de la carie dentaire.
Des colonies de bactéries ont probablement consommé les glucides laissés sur les dents de ces hommes préhistoriques, l'acide produit finissant par attaquer l’émail. "La majorité des occupants de cette grotte avait des caries et des abcès dentaires et ils devaient avoir souvent mal au dent et mauvaise haleine", explique Isabelle de Groote, anthropologue à l'Université John Moore de Liverpool, qui participa à ces travaux.

Pignons de pins parasols. Aujourd'hui comme il y a 15000 ans,
ces graines sont toujours prélevées à la main sur les cônes.
"La fréquence et la sévérité de ces caries observées dans ce groupe d'hommes préhistoriques montrent clairement que le fait de consommer des graines et plantes sauvages peut induire autant de problèmes dentaires que les aliments contenant du sucre raffiné dans les sociétés modernes", dit-elle en suspens.
La transmission de cette infection se fait par contact de proche en proche. On peut supposer qu'elle conduisit à une explosion démographique de la bactérie S.mutans.
Selon les paléontologues, cette découverte remet en question l'hypothèse selon laquelle les caries dentaires s'étaient développées avec l'agriculture il y a environ 11000 ans. De plus, la médecine a démontré qu'une mauvaise hygiène bucco-dentaire pouvait induire des problèmes de santé comme les maladies cardiovasculaires.
Selon les auteurs, ce manque d'hygiène pourrait être à l'origine de la mortalité élevée dans les populations préhistoriques de chasseurs-cueilleurs.
Pour plus d'information sur les aliments, consultez l'article sur les noix, graines et épices riches en glucides.

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