samedi 19 mai 2007

Hommage à Pierre-Gilles de Gennes (1932-2007)

Le physicien et prix Nobel français Pierre-Gilles de Gennes est décédé le 18 mai 2007 à Orsay à l'âge de 74 ans. Passionné et passionnant, l'homme de sciences mérite plus que cet humble hommage, mais l'espace comme le temps me sont comptés.
Né le 24 octobre 1932, à Barcelonnette dans les Alpes de Haute-Provence, Pierre-Gilles de Gennes y sera élevé jusqu'à l'âge de onze ans. Après avoir été longuement malade, il reprit ses études et sortit Major de l'Ecole normale supérieure en 1955. Il poursuivra ensuite un cursus post-universitaire à l'Université de Californie à Berkeley.
De Gennes sera tout d'abord ingénieur au Commissariat à l'Energie Atomique (CEA) avant d'être professeur à la Faculté des Sciences d'Orsay (1961-1971) puis professeur au Collège de France, au Laboratoire de Physique de la Matière Condensée.
Il sera nommé à l'Académie des Sciences de Paris en 1970 et sera membre d'académies similaires aux Pays-Bas, aux Etats-Unis, en Australie, en Ukraine, au Brésil et en Russie. De Gennes sera directeur de l'Ecole Supérieure de Physique et de Chimie Industrielles (ESPCI) de Paris de 1976 jusqu'à sa retraite en 2002.
Il recevra la médaille d'or du CNRS en 1980 et de nombreuses autres récompenses aux quatre coins du monde. Depuis les années 1980, il s'intéressa à la dynamique du mouillage et de l'adhésion y compris pour des applications médicales. Défenseur de l'interdisciplinarité, à la fin de sa carrière il entra à l'Institut Curie où il s'intéressa à la neurobiologie afin d'étudier le fonctionnement des cellules dans le processus de mémorisation.
Physicien spécialisé de la "matière molle" (plasma, etc), de Gennes est l'inventeur de la glu qui permet de coller les pièces métalliques des avions. Il a également contribué à des découvertes majeures dans des domaines aussi variés que la supraconductivité, le magnétisme, les cristaux liquides ou les polymères (plastiques) qui lui vaudront de recevoir le prix Nobel de Physique en 1991.
Ainsi qu'on le voit à gauche, de Gennes recevra également les insignes de Docteur honoris causa de l'Université Libre de Bruxelles (ULB) en 1999. Rappelons que ce titre honorifique est attribué sur proposition d'un Conseil scientifique à une personnalité dont l'engagement et les oeuvres s'inscrivent dans l'esprit de l'Université.
Esprit inventif et très critique, de Gennes fut un pourfendeur des pseudoscientifiques et notamment des astrologues. Il ne s'exprimait pas sur un sujet qu'il ne connaissait pas : "j'ai horreur des Oracles" disait-il en plaisantant. Il était naturellement partisan d'un enseignement plus scientifique. Il comptait parmi ces hommes à la fois cultivés et simples portant aussi bien la toge que l'imper, capables de vous expliquer la structure des polymères par exemple à partir d'un plat de spaghettis... Disposant d'un grand sens didactique et toujours prêt à partager ses connaissances, de Gennes avait notamment écrit plusieurs ouvrages de vulgarisation parmi lesquels nous retiendrons "Les Objets fragiles" en 1994 et "Gouttes, bulles, perles et ondes" en 2002.
Avec sa disparition, nous avons perdu un homme et un ami d'une très grande valeur, une sommité mondiale qui savait descendre du piédestal sur lequel nous l'avions placé pour cotoyer les jeunes et l'homme de la rue. Les amphithéâtres des universités résonneront encore longtemps de ses cours magistraux très pointus et les auditoriums de ses conférences-débats toujours passionnants. Une étoile nous quitte mais elle brille déjà haut dans le ciel.

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