mardi 31 juillet 2007

Génocide Khmer rouge : vers une justice

L'ancien Khmer rouge Kang Kek Ieu, alias "Dutch", ancien directeur du centre de torture Tuol Sleng S-21 de Phnom Penh au Cambodge, a été inculpé ce 31 juillet 2007 de crimes contre l'humanité et écroué par un tribunal parrainé par l'ONU.Kang Kek Ieu en 2007. Les juges "ont inculpé Kang Kek Ieu, alias Duch, de crimes contre l'humanité et l'ont placé en détention provisoire", a annoncé le tribunal cambodgien dans un communiqué.
"Dutch" qui est aujourd'hui âgé de 65 ans, est le premier ancien responsable Khmer rouge à être détenu et écroué par un tribunal au Cambodge.
Revenons sur cette période très sombre de l'Histoire et de la montée au pouvoir du régime Khmer rouge.
Naissance des Khmers rouges
Comme beaucoup d'étrangers, Pol Pot, de son vrai nom Saloth Sar, ainsi que d'autres intellectuels bourgeois cambodgiens feront leurs études en France dans les années 1950, avant de rallier l'idéologie communiste et de rentrer au pays.
Sous le régime de Sangkum, les mouvements révolutionnaires communistes et autonomes seront réprimés, les forçants à prendre le maquis en 1962.
C'est à cette époque que parallèlement au parti communiste en place naît un parti communiste autonome. Celui-ci adopte l'idéologie du "Vietcong", le Front national pour la libération du Viêt Nam, et fonde les principes de la gestion politique de la population et de la répression policière que les Khmers rouges appliqueront par la suite.
Pol Pot en 1994.Vers 1964, ce parti d'opposition soutint les forces communistes vietnamiens dans leur guerre contre les États-Unis. En 1968, ils lancèrent la lutte armée et seront rejoints par des intellectuels en butte à des persécutions politiques.
Pol Pot, qui signifie "Grand frère numéro un", sera secrétaire général du comité central des Khmers rouges à partir de février 1963. Le régime de Pol Pot, qui ferait des nationalistes maoïstes des enfants de coeur, sera encouragé dans son action par l'ancien dirigeant Norodom Sihanouk en exil, le Nord-Viêt Nam et la Chine.
Le génocide Khmer rouge
la répression commenca en 1975, lorsque la ville de Phnom Penh fut vidée et sa population envoyée dans les coopératives pour travailler et être rééduquée afin de détruire toute idée de propriété privée.
Le 17 avril 1975, les rebelles du Front Uni National du Kampuchéa (FUNK) envahissent la capitale, organisent des élections fictives et instaurent une nouvelle dictature très répressive, le "Kampuchéa Démocratique", PDK, qui sera au pouvoir entre avril 1975 et janvier 1979.
Durant ce régime particulièrement violent, près de deux millions de personnes, soit près d'un tiers de la population, ont été exécutées ou sont mortes de faim ou d'épuisement au travail.
La 'carte des crânes' exposée au musée de Tuol Sleng, à Phnom Penh, au Cambodge.
C'est là qu'intervient "Dutch". Il dirigea la prison S-21 de Tuol Sleng, située au centre de Phnom Penh, où environ 16000 hommes, femmes et enfants furent torturés avant d'être exécutés.
Aujourd'hui, la prison a été transformée en musée en mémoire du génocide Khmer rouge, où les visiteurs peuvent se recueillir ou méditer devant la "carte des crânes" et de nombreux autres fosses communes remplies de fémurs ou de crânes.
En 1979, le Viêt Nam envahit le Cambodge, provoquant l'effondrement du régime de Pol Pot. Le pays est réorganisé. En 1989, le territoire passe sous contrôle de l'ONU et un régime relativement stable revient au pouvoir dans les années 1990. Le roi Norodom Sihanouk, redevenu chef d'Etat abdique pour la seconde fois en 2004 au profit de son fils cadet Norodom Sihamoni.
Aujourd'hui le tissu socio-économique du Cambodge est vagabond, le système éducatif a été détruit par les Khmers rouges, la justice est médiocre et l'économie souffre d'une corruption généralisée. Bref, le pays est instable et dépend de l'aide internationale. Seuls les secteurs du tourisme et du textile rapportent des devises au pays.
Un procès qui traîne depuis 28 ans
C'est dans ce contexte que l'ONU a organisé ce tribunal au Cambodge. Les frais de justice et d'organisation de ce procès ont coûté à ce jour plus de 56 milliards de dollars. Mais compte tenu de la désorganisation du pays, la justice est très lente. Ta Mok en 2003.
Ainsi, Pol Pot est décédé en 1998 sans être inquiété. Son bras droit, Ta Mok, Ek Chhoeun de son vrai nom, surnommé le "Boucher" pour les massacres et les purges sanglantes qui lui sont attribuées, était le deuxième ex-cadre du régime Khmer rouge. Il avait renversé Pol Pot du pouvoir en 1997 et l'avait placé en résidence surveillée. Il était ainsi devenu le dernier chef Khmer rouge.
Ta Mok, qui fut arrêté en 1999 et inculpé pour génocide et crime contre l'humanité, devait comparaître en 2007. Malheureusement, il mourut d'un infarctus à 80 ans, le 21 juillet 2006 sans avoir été jugé.
D'autres anciens tyrans Khmers rouges vivent toujours librement au Cambodge, parmi lesquels l'ancien bras droit de Pol Pot, Nuon Chea, âgé de 80 ans, l'ex-chef d'Etat Khieu Samphan âgé de 76 ans et titulaire d'un doctorat à la Sorbonne. Il fut le chef de la diplomatie cambodgienne après 1979 auprès de l'ONU, et enfin Ieng Sary, ex-ministre des Affaires étrangère, âgé de 78 ans. Tous ont une santé précaire et risquent de ne jamais être inquiétés.
Cela fait 28 ans maintenant que les autorités cambodgiennes détiennent les témoignages des victimes et ce n'est que cette année que le premier ex-cadre Khmer rouge sera jugé.Le photoreporter cambodgien Dith Pran face au génocide Khmer.
Comme avec tous les dictateurs et leurs bras droits, les plaidoiries risquent de ressembler à un langage de sourd. En effet, les anciens cadres ont démenti toute responsabilité mais ont accepté de témoigner, sans préciser leur rôle auprès de Pol Pot. Seul le no. 2, Nuon Chea, a affirmé en 2006 n'avoir "aucun regret" et avoir agi "pour le bien du peuple".
Pour plus d'information, consultez le site Histoire du Cambodge.
Dernières nouvelles
Le procès du "Dutch" s'est ouvert le 16 février 2009.

1 commentaire :

  1. bonjour je ne suis pas trop d'accord lorsque l'on lis que norodom sihanouk etait complice des khmers rouges mais cela n'engage que moi .. les vrais coupables sont bien les khmers rouges ..En esperant que justice soit faite un peu tard mais cela serait un grand geste pour les survivants et le peuple khmer en general
    Mi..

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