dimanche 23 septembre 2007

GoogleNET vise une infrastructure globale

Le 3 mars 2006, Eric Schmidt, président et directeur de Google, admettait au cours d'une conférence de presse qu'il voulait faire de Google "une entreprise de 100 milliards de dollars [...], à vous de juger si c'est 100 milliards en capitalisation boursière ou en chiffre d'affaire", disait-il en plaisantant. Sachant que le géant américain estime qu'il fera un chiffre d'affaire supérieur à 30 milliards de dollars à la fin de cette décennie (il était de 3.87 milliards de dollars en 2007), cette annonce était audacieuse, mais ne devait pas être prise à la légère.
Google investit dans le câble transocéanique
Pour monter son entreprise léviathan, Google devra non seulement investir beaucoup d'argent dans ses systèmes informatiques mais également contrôler l'apport en oxygène de sa nouvelle société : la bande passante, sans laquelle il n'est même concevable de commencer.
En effet, dans un réseau global et d'autant plus de nos jours où les services multimédias sont légions et les clients de plus en plus demandeurs, les entreprises comme les particuliers ne peuvent plus se contenter du faible débit des modems ou des connexions ordinaires sur paires torsadées en cuivre.
Prenons un simple exemple. Si aujourd'hui 100 utilisateurs utilisent chacun une bande passante de 10 kbps, un câble de 1 Mbps suffit. Mais compte tenu de la croissance et des nouveaux services multimédias, à terme la capacité de ce câble déjà toute juste aujourd'hui, sera insuffisante.
Aux dernières nouvelles, le monde des télécom devra bientôt compter sur Google qui compte bien investir dans le business du cablage transocéanique, utilisant une technologie lui permettant de relier les différents pays du monde à des vitesses de l'ordre du terabits par seconde (Tbps).
Selon des rumeurs rapportées notamment par CommsDay, Google va tirer un nouveau câble sous-marin transpacifique appelée Unity. Selon CommsDay, le système de cablage multi-terabit sera géré conjoitement par Google et un autre opérateur. Google aura accès à un câble de fibre optique à prix coûtant, lui offrant un avantage financier très important sur ses rivaux tels que MSN et Yahoo, un système lui assurant potentiellement de pouvoir travailler à égal avec les fournisseurs d'accès d'Asie derrière leur gateways internationaux, améliorant considérablement le confort des services Internet à travers toute Asie Pacifique.
Les routes transpacifiques
Alan Mauldin, expert de ce secteur auprès de la société de recherche et de métrologie TeleGeography, pense que ces discussions et contrats préliminaires sont le présage de quelque chose de tangible. Mais quel que soit l'objectif de Google, il note que les discussions elles-mêmes tournent autour de la bande passante. Cable de fibre optique.
La fibre optique qui fut iventée par le Dr Charles Kao de ITT, est très performante. Le premier câble de cuivre transpacifique tiré dans les années 1960 était capable de supporter 91 communications téléphoniques simultanées. Aujourd'hui, un câble équivalent en fibre optique est capable de supporter 200 000 communications ! Les opérateurs ont déjà tiré plus de 160 millions de kilomètres de câbles en fibre optique dans le monde !
Les routes numériques transpacifiques sont parmi les plus fréquentées et les plus cher au monde. La différence de prix entre les routes transpacifiques et transatlantiques sont les mêmes que la différence entre une liaison sur fibre optique et sur une paire de fils en cuivre.
Grâce à l'activité en pleine croissance de l'Asie et l'augmentation du commerce entre l'Asie et les Etats-Unis, la demande de routes transpacifiques a explosé : entre mi-2006 et mi-2007, le trafic Internet sur ces routes a augmenté de 41%, selon TeleGeography.
Actuellement, ces routes ont une capacité de 3.3 Tbps, mais elles sont très cher. Comme n'importe quel client, Google doit payer beaucoup d'argent pour acheter de la bande passante. Si d'autres câbles sont en train d'être installés, s'il existe également un câble transpacifique Crossing-1 ainsi qu'un câble entre le Japon et les Etats-Unis, cela ne résoud pas le problème de Google qui a un appétit insatiable pour la bande passante.
La compagnie de Mountain View compte beaucoup sur ses ressources implantées en Inde, en Chine et en Corée du Sud dans son expansion globale. Elle a également parié beaucoup d'argent dans la vidéo et envisage de grands projets pour offrir encore plus de services Internet aux utilisateurs, Google Earth, Maps, Blogger et autre Finance n'étant que quelques exemples des produits proposés. Toutes ces applications requièrent de la bande passante, et beaucoup de bande passante. A terme, des bruits courent selon lesquels Google proposerait même un système de paiment concurrent de Paypal et de celui des banques.

Carte des câbles sous-marins opérationnels en 2007. Document TeleGeography.

En adhérant au consortium, Google vise deux objectifs : des prix de gros pour ses besoins en bande passante, peut-être également un traitement préférentiel, et la possibilité de partager les coûts et les risques associés à la possession d'un câble sous-marin.
En effet, comme cela s'est produit dernièrement au Bangladesh chez un opérateur local, Google n'est pas à l'abri d'un acte de malveillance et de vandalisme, même à plusieurs centaines de mètres sous l'océan. Actuellement, la coupure de ce câble indien qui supporte une bande passante de 577 Mbps a occasionné une perte sèche de 70000$ par heure à l'opérateur, celui-ci ayant dû temporairement basculer son système sur un backup beaucoup plus lent. Quelques jours de coupure représentent des millions de dollars de manque à gagner.
Mais quand bien même Google aurait tiré son câble, il lui faudra encore patienter quelques années pour exploiter toute sa capacité. En attendant, si vous êtes ingénieur télécom avec une spécialité dans l'optique, Google engage !
Et pourquoi pas un opérateur Google ?
Avec le recul, on constate que Google suit la même stratégie que Dee Hock développa avec VISA. Google a de l'ambition et semble se rendre compte qu'il doit travailler comme des petites entités unies dans un consortium, avec des responsabilités et des propriétés équitablement partagées. De ces petites entités, au final il ne restera à Google que des ressources partagées, des "bonnes pratiques" et par dessus tout un ensemble de principes de guidance, exactement ce qu'a fait VISA. L'organisation sera parfaite lorsqu'il y aura une synergie entre Google.org, l'antenne philantropique, et Google.com.
A terme, on peut supposer qu'avec toute sa fortune, Google deviendra synonyme d'une certaine organisation économique et d'activités sociales où il n'y aura plus de concurrence et des biens en quantités illimitées, l'avantage d'être milliardaire et de contrôler l'essentiel des activités sur Internet.
Antenne USB 2.0 Wi-Fi 54G Linksys WUSB54GP (30 €). Un réseau sans fil
Alternativement, un réseau mondial sans fil est envisageable et nous savons par l'actualité que Google travaille également sur le Wi-Fi, proposant une liaison sans fil sur tout le territoire des Etats-Unis, les chanceux ! Le WiMAX, ce Wi-Fi haut débit fait également de plus en plus parler de lui.
A terme, "backhaul" et "backbone" seront simplement ajoutés au coeur de l'organisation GoogleNET. Et tant qu'à faire, en exploitant une telle infrastructure, Google est en bonne voie de devenir un opérateur mondial de téléphonie.
Comme par hasard, en Europe également, la France envisage de tendre un câble transpacifique, selon CommsDay.
Toute cette activité est propice aux spéculations sur le rôle des uns et des autres dans la mesure où le partenaire de Google n'a pas encore été identifié. Celui-là en tous cas doit avoir les reins solides pour assumer les premières factures, mais c'est certainement pour mieux gagner le pactol d'ici quelques années.
Il ne fait aucun doute qu'investir dans Google (GOOG) et son partenaire sont une très bonne affaire sur le long terme.
Pour plus d'information sur Google, consultez également l'article Google entrait en bourse il y a 3 ans.

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