jeudi 12 février 2009

Collision entre deux satellites artificiels

Evénement sans précédent dans l'histoire de l'astronautique, deux satellites artificiels sont entrés en collision le 10 février 2009, créant de nombreux débris pouvant menacer d'autres engins spatiaux situés sur des orbites proches, ont annoncé jeudi des experts russes.Plus de 7000 débris sont représentés sur cette image. Ils se concentrent sur des orbites situés à 800 et 1500 km d'altitude. Document NASA/JSC.
La collision s'est produite à 780 km d'altitude au-dessus de la Sibérie entre le satellite russe de communication Kosmos 2251, hors d'usage depuis 1995, et le satellite de télécommunication Iridium 33 américain utilisé par des sociétés privées dont CNN ainsi que par le Département de la Défense américain (DoD).
Deux nuages de projectiles
Au moment de la collision, les deux satellites évoluaient dans le même sens sur deux trajectoires quasi perpendiculaires l'une par rapport à l'autre avec une vitesse propre de 32100 km/h, soit environ 9 km/s !
Le satellite Iridium pesant 560 kg et le Kosmos près d'une tonne, les deux satellites furent totalement détruits dans le crash, créant deux nuages de débris.
Selon le Major-Général Alexander Yakushin, responsable des Forces spatiales militaires russes, l'impact a éparpillé plus de 600 fragments sur différentes orbites se trouvant entre 500 et 1300 km d'altitude, c'est-à-dire dans la zone la plus fréquentée par les satellites (dont le HST qui orbite à 610 km d'altitude).
Le radar de l'USAF Space Surveillance installé au Texas a capté les échos des débris lorsque ceux-ci sont passés au-dessus du territoire US. Vous pouvez entendre le "ping" produit par un débris en vous connectant sur le site Spaceweather radio.
La société Iridium a nié sa responsabilité dans l'accident et annoncé qu'elle remplacera dans les 30 jours le satellite perdu par un autre actuellement sur une orbite de parking.
Igor Lisov, un expert russe en astronautique, a affirmé ce jeudi qu'il ne comprenait pas pourquoi les experts de la NASA et d'Iridium n'avaient pas réussi à éviter cette collision : le satellite américain étant toujours opérationnel, sa trajectoire pouvait être modifiée.
Et de fait, les agents du Space Surveillance Network de l'US Space Command (USSPACECOM) du NORAD (la fameuse base militaire installée à Cheyenne Mountain) ont pour mission de surveiller les orbites des quelque 700 satellites encore opérationnels et les trajectoires des millions de débris identifiés.
Igor Lisov a souligné que les débris pouvaient menacer un grand nombre de satellites situés sur des orbites proches, mais aussi une série de vieux engins spatiaux à propulsion nucléaire datant de l'ère soviétique, placés sur des orbites plus éloignées.
Si une collision se produit avec l'un de ces satellites inactifs, l'émission radioactive ne menacerait pas la Terre, a-t-il assuré, mais les débris en chute libre pourraient démultiplier les risques pour les autres satellites. Configuration de la station ISS début juin 2008, lors de la mission STS-124. Document NASA.
La NASA a expliqué qu'il faudrait des semaines pour mesurer l'ampleur de la collision, mais elle a affirmé, comme l'Agence spatiale fédérale russe RSA, qu'il y avait peu de risques pour la station ISS en orbite à 350 km d'altitude et qui abrite actuellement trois membres d'équipage. "Il n'y a pas de danger immédiat, mais nous allons suivre avec attention la situation", a déclaré aux journalistes de l'AP le porte-parole du centre de contrôle de mission russe, Valéri Lyndine, soulignant que l'orbite d'ISS avait justement été modifiée par le passé pour éviter les débris encombrant l'espace.
Rappelons que les navettes spatiales ont toujours évolué sur des orbites basses comprises entre 300 et 500 km d'altitude, également appelées orbite LEO, Low-Earth Orbit.
Selon les informations recueillies par le NORAD et les Forces spatiales militaires russes, les débris se déplaceraient à la vitesse d'environ 1 km/s (représenté par "delta-V" dans la simulation suivante, variable qui représente la variation de vitesse au sens large).



Des millions de débris potentiellement dangereux
Selon le dernier inventaire établi début 2009, près de 18000 débris manufacturés (pour la plupart des fragments de satellites) de plus de 10 cm orbitent autour de la Terre. Mais les petits débris (comme les éclats de peinture) qui ont une énergie cinétique suffisante pour percer une combinaison spatiale et blesser mortellement un astronaute ou fêler un hublot se comptent par millions...
Notons qu'il y a quelques années un anneau métallique passa à quelques centaines de mètres de la navette spatiale, ce qui surpris quelque peu les astronautes ! (une vidéo est disponible quelque part sur YouTube dans la rubrique "satellite collision" montrant la silhouette de l'anneau se profilant devant la Lune).
D'ailleurs depuis qu'elles volent les navettes spatiales ont enregistré des milliers d'impacts comme en témoigne le document suivant.


Il serait temps que les experts des Services du Département Environnement du Centre Goddard de la NASA (GSFC) envoyent un ferrailleur "dépolluer" l'espace qui, faut-il le rappeler, est une ressource pour toute l'humanité.
Pour plus d'information, consultez l'article sur Les retombées de satellites et d'ici quelques temps le bulletin Spacewarn émis par le NSSDC/GSFC.

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