La série noire d'évènements naturels catastrophiques et d'accidents que subit actuellement le Japon depuis le 11 mars 2011 est inédite et invraisemblable.
Il est intéressant de se pencher sur ces relations car elles mettent en évidence la réalité de la "loi des séries" ainsi que l'influence du facteur humain dans une suite de prises de décisions qui ont vraisemblablement participé à alourdir le bilan de ces catastrophes.
Fréquence des séismes et des tsunamis
En soi un séisme de magnitude comprise entre 8.0 et 8.9 se produit une fois par an. En revanche, un séisme de magnitude 9 et supérieure se produit une fois tous les 20 ans.
Il se produit en moyenne 10 tsunamis par an dont 80% se manifestent dans l'Océan Pacifique qui est également la région présentant la plus longue "ligne de feu", de points chauds tectoniques.
Il se produit en moyenne 10 tsunamis par an dont 80% se manifestent dans l'Océan Pacifique qui est également la région présentant la plus longue "ligne de feu", de points chauds tectoniques.
Fréquence des accidents dans les centrales nuclaires
Depuis l'invention de l'énergie nucléaire en 1944, pour l'ensemble des centrales nucléaires (440 en 2001), on dénombre environ 60 évènements de Niveau 3 ou supérieur sur l'échelle INES, pour ainsi dire un par an, auxquels il faut ajouter plus de 9000 incidents mineurs (Niveaux 0 à 3) mais non moins préoccupants qui se produisent chaque année.
Pour rappel, il y eut un seul accident de Niveau 7 (Tchernobyl, 1986), 2 accidents de Niveau 6 (Mayak en 1957 et Fukushima en 2011), 4 accidents de Niveau 5 et 5 accidents de Niveau 4.
Effets conjugués
Ce qui est plus étonnant et nous interroge tous, est le fait qu'un violent séisme soit non seulement suivi d'un méga tsunami (cela reste concevable) mais que cela entraîne des accidents en cascade dans 4 réacteurs nucléaires; cela personne ne l'aurait imaginé, pas même dans un film de fiction ! Et pourtant c'est la réalité et elle risque peut-être d'être encore plus effrayante...
Depuis l'invention de l'énergie nucléaire en 1944, pour l'ensemble des centrales nucléaires (440 en 2001), on dénombre environ 60 évènements de Niveau 3 ou supérieur sur l'échelle INES, pour ainsi dire un par an, auxquels il faut ajouter plus de 9000 incidents mineurs (Niveaux 0 à 3) mais non moins préoccupants qui se produisent chaque année.
Pour rappel, il y eut un seul accident de Niveau 7 (Tchernobyl, 1986), 2 accidents de Niveau 6 (Mayak en 1957 et Fukushima en 2011), 4 accidents de Niveau 5 et 5 accidents de Niveau 4.
Effets conjugués
Ce qui est plus étonnant et nous interroge tous, est le fait qu'un violent séisme soit non seulement suivi d'un méga tsunami (cela reste concevable) mais que cela entraîne des accidents en cascade dans 4 réacteurs nucléaires; cela personne ne l'aurait imaginé, pas même dans un film de fiction ! Et pourtant c'est la réalité et elle risque peut-être d'être encore plus effrayante...
Bien que cette combinaison d'évènements paraisse a priori hautement improbable, quelques indices tendent à démontrer qu'elle n'est pas liée au hasard et un calcul de probabilité peut le démontrer.
Peut-on également apporter la preuve que de mauvaises décisions humaines seraient à l'origine de cette "loi des séries" que subit le Japon ? Autrement dit, le hasard ne serait-il finalement qu'un acteur de second-plan dans ce scénario catastrophe et les choix humains au coeur du débat ?
Les catastrophes humanitaires
Un rapport publié le 11 novembre 2010 par la Banque mondiale et l'ONU vient supporter cette hypothèse. Intitulé "Natural hazards, unnatural disasters", Apurva Sanghi, économiste principal à la Banque mondiale et auteur principal du rapport, explique que les catastrophes humanitaires provoquées par les tremblements de terre, les inondations et autres phénomènes naturels pourraient dans certains cas être évitées si les gouvernements collectaient et partageaient les données sur les risques au niveau international.
Pour Apurva Sanghi, si nous pouvions améliorer l’accessibilité des informations sur les dangers potentiels, comme les lignes de faille sismiques, les zones inondables, les conditions météorologiques et le régime climatique, ce serait une “mesure relativement simple et efficace” d’en réduire l’impact.
Pour Apurva Sanghi, si nous pouvions améliorer l’accessibilité des informations sur les dangers potentiels, comme les lignes de faille sismiques, les zones inondables, les conditions météorologiques et le régime climatique, ce serait une “mesure relativement simple et efficace” d’en réduire l’impact.
Cet ouvrage truffé de cas concrets et de leçons à tirer est une mine de renseignements que trop peu de responsables prennent en considération.
La loi des séries
Il est évident que chaque évènement en soi, chaque catastrophe, est un phénomène imprévisible et donc du ressort du hasard.
En revanche, toute la suite des évènements qui suivirent le séisme ne relèvent plus du hasard :
- le tsunami est bien le résultat du déplacement des plaques tectoniques
- la catastrophe humaine est bien le résultat des effets du tsunami dans un lieu surpeuplé
- les accidents dans la centrale nucléaire étaient du domaine du possible.
La seule coïncidence pourrait-on dire est le fait que la centrale ait été construite à cet endroit. Mais justement, ce n'est pas le fait du hasard !
En effet, si la succession des évènements catastrophiques n'était pas programmée, son occurrence n'était pas non plus imprévisible...
Que disent les probabilités ? La loi de Poisson nous est très précieuse. Considérant des évènements rares et indépendants, la probabilité qu'ils se produisent est d’autant plus grande que le temps mort entre les évènements est court.
Cette conclusion contre-intuitive a été vérifiée depuis un siècle de relevés d'accidents et de calculs statistiques.
Cette loi des séries s'applique aux accidents dans les centrales nucléaires comme aux crash d'avions notamment.
Ainsi, il s'avère qu'en moyenne plus de 50% des accidents d'avions surviennent dans les 5 jours qui suivent un premier crash tandis qu'on dénombre moins de 10% de crash après 50 jours. Evidemment, si les évènements sont liés, la probabilité qu'ils se produisent en chaîne sera certaine. C'est la situation qu'a connu le Japon.
Mais ce qu'il faut retenir est que le risque de subir un 2eme accident peut donc être évalué et pondéré en fonction de facteurs supplémentaires (corrélation, présence d'autre risques, etc).
Un risque (mal) calculé
Tous les opérateurs du secteur nucléaire diront toujours après un accident majeur : "nous apprenons de nos expériences", sous-entendant clairement qu'ils ne maîtrisent pas tous les paramètres de leur funeste expérience, notamment les erreurs humaines et les phénomènes naturels imprévisibles ! Oui, il y a de quoi être surpris en entendant ce genre de remarque !
Mais dans ce cas, faut-il prendre le risque de conduire "l'expérience" du nucléaire ? On peut sérieusement se poser la question !
Voilà une expression scandaleuse car les décisions qui se prennent au niveau politique mettent la vie de millions de personnes en jeu sans que nos ministres y opposent la moindre solution alternative alors qu'elles existent et ne présentent pas le moindre risque !
Dans ce cas-ci les autorités ont accepté de prendre le risque, et bien mal leur en prit.
Le Japon, victime de ses choix
Comme c'est toujours le cas - mais souvent non avoué - à propos du nucléaire, le risque potentiel existait bien : bâtir une centrale nucléaire sur une faille sismique face au Pacifique est un risque calculé qu'ont accepté de prendre les autorités japonaises. Ce risque a été sous-estimé.
Si c'est évidemment plus facile à dire après un accident et d'autant plus aisément qu'il est dramatique, le Japon a sciemment choisi l'option économique plutôt que la sécurité de ses centrales nucléaires.
Utiliser une centrale nucléaire durant plus de 40 ans tout en sachant qu'il y avait de nombreux incidents et ne pas les signaler à la population est autre une erreur que les autorités comme l'opérateur portent aujourd'hui à leur charge.
Au bout de 40 ans d'utilisation, sachant pertinemment bien que tous les éléments d'une centrale nucléaire peuvent être remplacés à l'exclusion du coeur c'est faire preuve d'irresponsabilité.
Bref, le Japon a dû faire des choix économiques et stratégiques notamment, et en matière de nucléaire leurs choix furent malheureux.
Dans ce cas ci, on pourrait invoquer le défaut de prévoyance. Avis aux avocats des parties civiles et aux assureurs.
Tirer les leçons du passé
Oui, on tire des leçons du passé, à force d'essais et d'erreurs on s'améliore et en principe on ne commet plus deux fois la même erreur. Encore faut-il avoir un regard critique et pouvoir se remettre en question et notamment de se demander si les modèles ne devraient pas être améliorés et inclure notamment de nouvelles variables, peut-être issues d'autres disciplines.
Cette façon de procéder est le propre de l'étudiant comme du scientifique; c'est la seule façon d'apprendre car personne n'a la science infuse et ainsi va la vie.
C'est valable pour n'importe quel apprentissage, n'importe quel accident et ce jusqu'à l'échelle planétaire. Malgré toute notre sagesse, notre expertise ou notre expérience, nous subissons les crises économiques, les crises financières, les crises sociales, le réchauffement climatique global, la pollution et bien d'autres catastrophes ou maux de civilisations.
A chaque fois les autorités parviennent à nous convaincre que le phénomène est sous contrôle, qu'on ne nous y reprendra plus. Et de fait après avoir pris quelques mesures correctives et patienter un peu - parfois des années - la crise passe et tout le monde redevient optimiste jusqu'à la prochaine vague d'Elliott et autre tsunami au sens propre ou figuré...
Aujourd'hui, nous sommes arrivés à un tournant de l'histoire du nucléaire. Si certains d'entre nous n'avaient pas encore assimilé la leçon de Tchernobyl, ils doivent se dire que ce qui est arrivé à Fukushima peut arriver près de chez nous et doit nous faire réfléchir.
Les autorités ne peuvent plus prendre la population en otage, laisser les lobbies gérer le marché et refuser les référendum sur une question aussi sensible que le nucléaire.
Tous les pays disposant de centrales nucléaires à l'uranium ou au MOX (uranium + plutonium) doivent remettre leur politique énergétique en question et certainement effectuer des "stress-test" plus sévères sur leurs centrales et le cas échéant prendre les mesures de sécurité qui s'imposent.
Suite à ces évènements, comme ce fut le cas aux Etats-Unis après Three Mile Island, la crise financière et la marée noire du Golfe du Mexique, on peut s'attendre à un durcissement des législations et des procédures de contrôles tant nationales qu'européennes et internationales. C'est en bonne voie par la force des choses. Leur mise à exécution pourra cependant prendre du temps (de quelques mois à un an selon le problème à résoudre).
Clairvoyants, la Belgique et l'Allemagne sont même sur le point de quitter le nucléaire (certes, pas avant 10 ou 15 ans). Triste constat qu'il faille attendre un accident majeur pour changer les mentalités et revenir à l'essentiel.
En première approximation, ce qui ressemble à une "loi des séries" et donc à une suite d'évènements enchaînés ne s'écarte pas de la moyenne statistique. Ce qui la rend exceptionnelle (mais non improbable) est le nombre d'évènements catastrophiques survenus sur une courte période de temps : en 4 jours le Japon a connu un violent séisme, un méga tsunami, une catastrophe humanitaire et quatre accidents majeurs dans une centrale nucléaire !
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