dimanche 13 mars 2011

Japon : le prix de la reconstruction et l'esprit Zen

Pour évaluer le prix de la reconstruction après les conséquences catastrophiques du séisme du 11 mars 2011 au Japon, nous pouvons essayer de comparer cette situation à deux précédents : Kobe et Katrina.
Le séisme de Kobe de 1995 fit 5373 victimes, il a fallut reconstruire 200000 logements. Les dégâts matériels furent évalués à plus de 1.2 milliards de dollars (100 milliards de yens).
Le cyclone Katrina qui frappa la Louisiane en 2005 fit 1337 morts et 500000 personnes furent évacuées. La reconstruction coûta 15 milliards de dollars répartis sur 3 ans.
Ici, nous sommes dans une situation encore plus complexe et dramatique combinant les deux types de catastrophes, à laquelle s'ajoute le risque nucléaire à la Three Miles Island. La facture risque d'être très élevée.
En fin de journée à Tokyo (13h30 GMT) le porte-parole du gouvernement japonais, Yukio Edano déclarait que la reconstruction aller "se chiffrer en dizaines de milliards de dollars".
Bilans économique et financier
Outre les milliers de victimes humaines (environ 19000 morts et disparus), les innombrables dégâts aux infrastuctures publiques, des milliers de moyens de transports ont été détruits : des voitures, des camions, des bâteaux de pêche, de plaisance, des navires militaires, des avions civils, des avions de chasse, des trains, y compris des lignes de communication (routes, réseau ferroviaire, réseau électrique), sans parler des pertes matérielles dans les boutiques de milliers de commerçants.


Si les assurances vont se tourner vers l'Etat, dans tous les cas les victimes ne seront jamais indemnisées en totalité et une bonne partie de la population devra soit attendre l'aide des ONG ou prendre à sa charge les réparations urgentes.
Crise ou croissance ?
Le Japon subit actuellement une crise économique sans précédent avec une dette monumentale qui atteint 200% du PIB (contre 102% en Belgique, 83% en France, à peine 14% au Luxembourg et 11% aux Etats-Unis en 2010). L'agence de cotation Standard and Poors a d'ailleurs récemment abaissé la cote de la dette japonaise, estimant que son déficit se maintiendra dans les années à venir.
Pour sa part l'agence Moddy est plus sereine et a déclaré le 11 mars que le séisme ne devrait pas engendrer une dégradation de la note qu'elle attribue à la dette japonaise.
Ceci dit, les destructions provoquées par le tsunami vont peser différemment sur l'économie d'une ville à l'autre. Ainsi la préfecture de Tohoku par exemple produit 8% du PIB nippon alors que celle de Kanto qui abrite Tokyo produit 40% de la richesse du pays.
La raffinerie Cosmo Oil à Ichihara située à l'est de Tokyo a cessé de fonctionner. Elle produisait jusqu'à 30% de la production électrique nationale. Ajoutée aux 11 centrales nucléaires qui ont été arrêtées, selon le ministre du Commerce le Japon se voit temporairement privé de 25% de sa production d'électricité.
Wolfgang Leim, économiste chez Commerzbank a déclaré à l'AFP que "le PIB pourrait baisser de nouveau légèrement au premier trimestre".
Néanmoins, à moyen terme, comme cela s'est produit après le séisme de Kobe, la reconstruction pourrait générer un surcroît d'activité du fait que la population aura tendance à renouveler les biens perdus ou endommagés, ce qui boostera l'économie nipponne, en particulier les secteurs du bâtiment, de la sidérurgie et des télécommunications.
Ainsi en 1995, l'indice Nikkei avait chuté de 21% dans les 5 mois suivant le séisme de Kobe mais s'était rétabli aussi vite. Le PIB du Japon avait augmenté de 1.9% puis de 2.6% en 1996 alors que la croissance moyenne du pays était de 1.5%. Entre 1995 et 1996, la consommation a progressé de 2.2% selon Takuji Okuba, économiste à la Société Générale.
En attendant, le pays va subir non seulement un important impact socio-économique mais également financier, la bourse de Tokyo accusant déjà un ralentissement sensible de ses activités, comme ce fut le cas à l'époque de Kobe.

Bourse de Tokyo le 2 mars 2011. La chute moyenne est de 2.43%.

Par effet domino, les titres de sociétés filiales ou de sous-traitants de l'opérateur Tepco côtés sur d'autres marchés pourraient également subir une baisse sensible de la valeur de leur titre.
De façon générale, tous les titres des sociétés installées au Japon vont subir un recul (par ex. les sociétés d'électronique, d'automobile, robotique, etc).
Enfin, face à ces incertitudes certains investisseurs vont momentanément se retirer du marché, ce qui peut accenter la chute.
Depuis le 11 mars 2011, on constate que des prises de bénéfices ont déjà eu lieu sur les marchés européens, notamment sur les valeurs de l'assurance et de reassurance (chute jusqu'à 2.7% sur le marché français, Wall Street est encore hésitant) ainsi que dans le secteur industriel nucléaire.
Mais paradoxalement, si le gouvernement nippon vote un budget d'urgence comme il le fit en 1995, l'effet peut être finalement positif : à l'époque il eut pour conséquence d'augmenter de 0.3 points la croissance du PIB au deuxième trimestre et de 0.5 points au troisième trimestre. Peter Westaway de Petercam anticipe une réponse similaire de la part des autorités.


Indice de performance de la bourse de Tokyo le 14/03/2011.
Dernières nouvelles
21 mars 2011 : La Banque mondiale estime le prix de la reconstruction du Japon entre 122 et 235 milliards de dollars !
Les derniers chiffres citent une perte de 210 milliards de dollars pour l'économie japonaise.
En une semaine les indices TOPIX et Nikkei ont repris plus de 9% suite aux décisions du G20.
Ayant des relations au Japon, je souhaite beaucoup de courage aux rescapés,
私は生存者に若干の勇気を望みます.

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