vendredi 24 août 2007

Les hébergeurs de blogs chinois s'auto-censurent

Encore un peu plus de censure en Chine ! L'agence AFP annonce dans une dépêche que les principaux hébergeurs de blogs en Chine, comme Yahoo et Microsoft (MSN) ont signé cette semaine un code de bonne conduite visant à "protéger les intérêts de l'Etat chinois", a indiqué un organisme gouvernemental. Document Reporters Sans Frontières.
Les herbergeurs de blogs étrangers et nationaux se sont engagés à respecter les lois chinoises, à ne pas diffuser de "messages illégaux et erronés" et à "protéger les intérêts de l'Etat et du public chinois", selon le site de la Société Internet de Chine (ISC). "Afin de promouvoir un environnement médiatique favorable pour le 17e Congrès du Parti communiste chinois, la Société Internet de Chine a décidé de standardiser les services pour blogs", poursuit le communiqué de l'organe affilié au Ministère de l'Industrie de l'Information (MII). Le code de conduite "encourage" également les hébergeurs à identifier les blogueurs.
Lors de la signature du Pacte, Huang Chengqing, secrétaire général de l'ISC, a été très clair : "Les plate-formes de blogs qui permettent l’utilisation de pseudonymes peuvent être plus attractives pour les blogueurs, mais elles seront punies si elles n’effacent pas des informations illégales".
Yahoo.cn et MSN.cn ont confirmé ce vendredi qu'elles avaient signé le "pacte d'auto-discipline". Parmi les nombreuses sociétés concernées par ce "pacte avec le diable", citons Boke Tianxia, Bolianshe (la première communauté de blogueurs nominatifs), Hexun Wang, Huasheng Zaixian, MSN.cn, Qianlong Wang, Renmin Wang, Sohu, Tengxun, Tianji Wang, Tom, Xinlang, Yahoo.cn, Wangyi,...
Reporters Sans Frontières (RSF) a dénoncé la signature de ce code de conduite, estimant que les autorités ont désormais les moyens d'identifier les blogueurs subversifs. "C'est une décision qui aura des conséquences très graves sur la blogosphère chinoise et qui marque de fait la mort du blogging anonyme. Une nouvelle vague de censure et répression risque de s'ouvrir", estime RSF dans un communiqué, le 23 août 2007.
Les Occidentaux à la solde du régime chinois
Les hébergeurs n'ont pas souhaité faire de commentaire. Evidemment, comment pourraient-ils justifier vis-à-vis de l'Occident leur mépris des libertés en Chine ?
Rappelons que Yahoo.cn se vente d'avoir permis l'arrestation le 24 novembre 2004 du "dissident" chinois Shi Tao, employé d'un journal du Hunan. On lui reprochait d'avoir commenté l'anniversaire des événements de Tiananmen dans un e-mail adressé anonymement à un site internet en chinois hébergé à l'étranger. Pour ces faits, il a été condamné en avril 2005 à 10 ans de prison pour "divulgation illégale de secrets d'Etat à l'étranger" ! Un peu plus tard, Yahoo dénonça le cyber-dissident Wang Xiaoning.
Mais au fait, un dissident, c'est un opposant politique, non ? Pas un criminel ! En fait, Shi Tao était un poète et un journaliste. Comme Wang Xiaoning, son seul crime est de vouloir un monde meilleur ! Voilà comment Yahoo.cn considère la liberté d'expression !
Mais Yahoo réfute les arguments de la Ligue des Droits de l'Homme et ne veut pas être jugé aux Etats-Unis pour son action en Chine. En août 2007, le groupe américain a fait parvenir à un tribunal du district de Californie du nord un document de 51 pages où il écarte les attaques dont il est l'objet. "Il s'agit d'un problème politique et diplomatique, mais pas d'un problème légal", estime Yahoo.
De son côté "Windows Live Space" (alias MSN Spaces) de MSN.cn est devenu plus répressif depuis l'été 2005. MSN.cn a ainsi fermé le blog populaire écrit par le journaliste Zhao Jing, de son nom de plume Michael Anti, qui dénonçait les violations des Droits de l'Homme en Chine. Aujourd'hui son blog affiche un message d'erreur.

Mais vous avez bien lu, ce ne sont pas les autorités chinoises qui ont bloqué l'accès à son blog, mais les employés de MSN.cn ! Aujourd'hui Yahoo.cn entre dans le jeu !
Nous avons déjà relaté d'autre événements similaires, notamment le support d'entreprises américaines dans l'installation de systèmes de surveillance en Chine, sans oublier la répression tout azimut et en particulier des Tibétains.
S'auto-censurer pour mieux informer...
Pourtant on ne peut pas dire que les entreprises américaines ne soient pas sensibilisées au problème. Déjà en juin 2006, le Congrès américain avait convoqué Microsoft, Yahoo, Cisco Systems et Google pour qu'ils s'expliquent sur leur politique en Chine.
Google avait expliqué que conquérir le marché Internet chinois "a été un exercice difficile." Mais les sénateurs n'ont pas été dupes, considérant que ces entreprises "avaient apparemment très peu de responsabilité sociale." Le démocrate Tom Lantos fut encore plus scandalisé, leur disant : "Vos actions odieuses en Chine sont une disgrâce. Je ne comprends tout simplement pas comment la direction de votre entreprise dort la nuit."
Elliot Schrage de Google s'est défendu en disant que "les conditions pour faire des affaires en Chine comprennent l'auto-censure - quelque chose qui va à l'encontre des valeurs les plus fondamentales de Google et des engagements de la compagnie."
Comme Yahoo et Microsoft, Google est bien décidé a entrer en Chine parce qu'il pense qu'"il contribuera significativement, même si c'est encore imparfait, à l'expansion générale de l'accès à l'information en Chine".
Tous les professeurs de Droit reconnaissent que la situation d'Internet est très particulière en Chine et que les entreprises comme les blogueurs prennent des risques en utilisant ce média. Mais le potentiel économique est énorme, les autorités estimant qu'il y a actuellement plus de 110 millions d'internautes chinois.
La Chine modère la censure prétendant que ses actions sont bénignes et visent à protéger ses citoyens, et en particulier les jeunes, des "contenus immoraux et nuisibles" d'Internet. Dans ce cas, que font des journalistes et des activistes Tibétains en prison ? Bref, aucun dialogue n'est possible avec les Chinois ! Il faut accepter leurs règles, ou ne pas travailler avec eux. Sous leurs sourires et leurs gants de velours, se cache une dictature à la poigne de fer. C'est ça le communisme !
Mais le rôle de l'Occident doit aussi être dénoncé. Pour de l'argent et conquérir un marché de 100 millions de clients potentiels, les entreprises occidentales sont prêtes à se mettre à genoux devant les Chinois et à se plier à tous leur caprices, quitte à violer les droits fondamentaux, c'est scandaleux, et le mot est encore trop faible !
Comme nous le disions précédemment, ce ne sont pas les JO qui changeront l'image de la Chine ni même de la peinture blanche sur leurs avions crashés, mais l'attitude de l'Occident vis-à-vis du régime de Pékin !
Aussi, j'ai pris mon parti, je continuerai à supporter les blogueurs et les activistes installés en Chine qui osent parler et dénoncer les injustices dont ils font l'objet. Les blogs de certains d'entre eux sont toujours ouverts, y compris en langue anglaise, n'hésitez pas à y déposer vos commentaires et les coordonnées de votre blog ou à mettre votre ordinateur à leur disposition en installant le logiciel Psiphon ou JonDonym.
Vous pouvez également agir à un niveau plus général, par le biais des ONG comme Amnesty International et Reporters Sans Frontières.
Transmettez le message.

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